Pour combien de temps encore le Premier ministre essaiera-t-il de se cacher derrière son sourire de façade, en ignorant les questions légitimes des citoyens dans le sillage des dénonciations de Sherry Singh ? Pour combien de temps encore assisterons-nous aux koustik contradictoires de Jugnauth, qui tout en affirmant avoir la conscience claire, choisit d’esquiver la deuxième salve d’allégations graves faites par Sherry Singh lors de son passage sur le plateau de l’express ? L'affaire est trop sérieuse pour que cela ne se décante par une simple enquête d’une police à la solde de l’État !
D’ailleurs, à voir le fonctionnement des Casernes centrales, qui ont attendu que le Premier ministre fasse une déposition contre Sherry Singh pour enfin sortir de leur torpeur en investissant d’abord – douteusement – des salles de rédaction avant de convoquer l’ancien CEO de Mauritius Telecom, tout laisse croire que les hommes en bleus ne sont pas pressés de faire la lumière dans une enquête où l’enjeu semble dépasser un simple exercice de survey qu’on veut nous faire avaler.
Car si les révélations de Sherry Singh jettent le désarroi, c’est parce qu’au-delà des soupçons inquiétants de «sniffing» qui planent, les questions fondamentales sont désormais au niveau du positionnement de notre pays et des relations Maurice-Inde. À écouter les accusations de l’ex-homme fort de Mauritius Telecom, le Premier ministre aurait exigé l’accès à Baie de Jacotet pour les techniciens indiens car il ne pouvait dire non à son counterpart !
Au lieu de s’essayer à des jokes approximatifs qui ne font que rire sa galerie de béni-oui-oui, flanquée à ses côtés vendredi dernier, le Premier ministre aurait gagné à nous dire si la République de Maurice a des comptes à rendre à un autre État. Ces allégations sont trop graves pour qu’on les traite avec la légèreté qui caractérise les sorties de Pravind Jugnauth, plus occupé à faire des jeux de mots entre tsunami et vague alors que des questions d’ordre de sécurité nationale nous interpellent !
Et le Premier ministre – payé des fonds publics – a l’obligation de nous dire si l’Inde, devenu un partenaire privilégié (Agaléga, métro, huile, etc…), a plus d’influence qu’il n’en faut sur notre pays ! Est-ce que Maurice, de par son pouvoir sur Agaléga, est en marche pour devenir la tête de pont de la Grande Péninsule dans l’océan Indien ? Si nous poussons la réflexion plus loin, la question serait de savoir si notre indépendance est désormais menacée par les ambitions personnelles de pouvoiristes prêts à vendre nos intérêts !
Ce sont des réponses à ces interrogations que l’on attend de la part du Premier ministre qui, pour sa défense, laisse comprendre que Sherry Singh ment alors que celui-ci passe désormais à une autre phase : produire des preuves de l’intervention physique des Indiens à la police, tout en réaffirmant l’illégalité de cette activité, qualifiée de haute trahison. Pour l’heure, la stratégie du Premier ministre se résume-t-elle à gagner du temps, en attendant qu’une autre affaire vienne prendre le dessus sur celle-là ? A-t-il seulement compris à quel point ce scandale dépasse tous les autres et jette la honte sur lui et son gouvernement ?
Si Pravind Jugnauth se contente d’afficher un faux air serein, c’est parce qu’il sait pouvoir compter sur des soutiens partisans : le Speaker de l’Assemblée nationale devenu son bruyant bouclier, une police loin d’être indépendante, un président de la République dont le poste ne ressemble qu'à un faire-valoir du rôle du Premier ministre, des associations socio-culturelles toujours prêtes à faire un amalgame malsain entre politique et religion, un cabinet ministériel ainsi que des députés oranges qui ne demanderont jamais de comptes à leur intouchable chef par peur de perdre leur place privilégiée au soleil du MSM !
Pendant que ces élus font croire que tout va bien, alors qu’un vrai malaise a gagné le pays, pendant que l’aile féminine du MSM, menée par Kalpana Koonjoo-Shah, se ridiculise en trouvant une polémique là où il n’y en pas – alors que des accusations dangereuses sont émises à l’encontre de leur leader –, ce sont les citoyens révoltés qui continuent de cultiver une indignation collective après le lot de révélations choquantes. Pour combien de temps encore le Premier ministre se cachera derrière son sourire de façade ?
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