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Edito

Entre dissolution et dernière course aux promesses

Alors que nous entamons une semaine décisive, le compte à rebours est bien lancé. Tous les regards se tournent vers le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dont chaque parole est scrutée à la loupe, à l’exemple de ce dimanche 29 septembre où il s'adressera à un auditoire composé principalement de personnes âgées, un segment électoral crucial. Une question est sur toutes les lèvres : annoncera-t-il de nouvelles mesures – notamment pour répondre à l’Alliance du Changement, qui a fait une série de promesses aux seniors – ou dévoilera-t-il des indices sur ses prochaines manœuvres politiques ? 

C’est à Triolet, lieu choisi pour contrer une opposition qui y a récemment réussi un meeting d’envergure, que Jugnauth a presque confirmé l'annulation de la partielle dans la circonscription n°10. Interrogé par un journaliste sur la tenue d'une partielle ou d'une possible dissolution du Parlement, le chef du gouvernement a répondu de manière énigmatique : «Attendons voir, patians pou bien tigit…» Une réponse qui contraste nettement avec ses affirmations passées, où il déclarait sans équivoque qu'une partielle aurait bien lieu.

 

Toujours à Triolet, Jugnauth a également tenu à mettre fin aux rumeurs l'envoyant dans la circonscription Piton/Rivière du Rempart, réaffirmant son ancrage dans la n°8, sa circonscription historique. Il en a profité pour lancer une pique à Ramgoolam, son adversaire principal, qui tarde toujours à annoncer où il sera candidat, invoquant la période de «marenwar» : «Dimounn qui pe dir sa-la, li mem pa kone kot li pe poze… Ki li dans n°5 ou dan n°10, li pou dan karo kann», a ironisé le chef du gouvernement, en visant clairement le leader des Rouges, toujours flou sur ses intentions électorales.

 

À quelques jours du 9 octobre, date initialement prévue pour la partielle au n°10, Jugnauth n'aura d'autre choix que de dissoudre le Parlement – dans l’éventualité de l’abandon de cette partielle – et de fixer la date des prochaines législatives. Est-ce une tactique du gouvernement qui veut faire croire que les élections pourraient avoir lieu entre le 17 et le 21 novembre, alors qu’il a également l’option d'organiser l'appel aux urnes le plus tard possible, à une période proche de la fin de l’année ? En attendant, d'autres annonces pourraient être faites : baisse du prix des carburants, livraison de maisons sociales ou encore augmentation des pensions, autant de gestes destinés à renforcer le soutien populaire à l’approche des législatives.

 

Une question reste toutefois en suspens : quand le Premier ministre officialisera-t-il son alliance avec le PMSD ? Jusqu'ici, c’est à d’autres qu’il laisse le soin de lancer la bande-annonce. Si Alan Ganoo avait créé la surprise en évoquant l’alliance MSM-PMSD, c'est désormais Sooroojdev Phokeer, l’ancien Speaker du Parlement, qui a confirmé la future coalition lors d'une réunion de la régionale n°10, la qualifiant de «canon» et de «jamais vue». Un retour en force pour un personnage que beaucoup pensaient relégué à l'ombre après plusieurs polémiques et qui revient fièrement au-devant de la scène pour vanter ce qu’il considère comme des exploits : «Mon nom sera inscrit dans l'histoire parlementaire de ce pays. C'est moi qui ai remis de l'ordre face aux voyous et vagabonds au sein du Parlement.»

 

Pendant que le Premier ministre laisse planer le mystère sur cette alliance avec le PMSD, sa stratégie de séduction électorale se poursuit sur plusieurs fronts. Ce samedi à Côte-d'Or, il a fait une série de promesses aux pêcheurs, tandis que dans le bras de fer l’opposant à Business Mauritius au sujet de la relativité salariale, il s'efforce de projeter l'image d'un gouvernement combattant aux côtés des travailleurs. Ce dimanche, ce sera son discours devant les personnes âgées qui retiendra l’attention. Face à l’opposition, qui en conférence de presse ce samedi 28 septembre a multiplié les promesses (médicaments gratuits, le double des pensions pour les veuves et invalides du troisième âge, abolition de la taxe sur les pensions…), comment réagira le Premier ministre ?

 

Le compte à rebours est bel et bien enclenché et les jours à venir seront déterminants. Entre dissolution potentielle du Parlement, promesses électorales et futures alliances, la campagne prend un grand coup d’accélérateur alors que la date du 9 octobre, fixée pour la partielle au n°10, approche à grands pas…