Cible : Bérenger. Tireur : Jugnauth fils. Message : le MSM n’a pas besoin des Mauves ! Ainsi donc, après une concentration de rafales permanentes sur le rival Ramgoolam et vice-versa, après des critiques envers l’ancien partenaire PMSD, Pravind Jugnauth attaque frontalement le MMM, s’en prenant directement à son leader, quitte à confondre le Parlement avec une plateforme politique : «Paul Bérenger et son parti se présentent comme un rempart contre la corruption et, de temps en temps, tentent de faire la leçon aux autres (…) Il était le premier à qualifier le Super Cash Back Gold de la BAI de Ponzi Scheme. Mais la moralité version mauve a voulu que le MMM empoche Rs 10 millions de la BAI pour les élections de 2014. (…) Ce même MMM ne s’était pas embarrassé de présenter Ashok Jugnauth comme candidat. Alors qu’il fut trouvé coupable par la Cour suprême et le Privy Council de corruption électorale (…)»
Et, y ajoutant une couche sur la défunte alliance MMM-PTr : «Dans quelle démocratie a-t-on vu un leader de l’opposition comploter avec un Premier ministre pour fermer le Parlement pendant neuf mois afin d’accoucher d’une alliance pour leurs intérêts personnels ? (...) À l’époque et aujourd’hui encore, on me dit qu’il y a une alchimie spéciale entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam.» Le MMM, dira également Pravind Jugnauth, est devenu un fan club. La tâche est revenue à Ajay Gunness qui, en guise de réponse du berger à la bergère, affirme que le Premier ministre «pe divage», en appelant au souvenir du chef du gouvernement qui «bizin rapel ki MSM osi finn gagn kontribision depi BAI».
Mais ce qu’il faut retenir, au-delà de ces coups échangés, c’est la déclaration de Gunness qui affirme que Pravind Jugnauth a une telle réaction parce qu’il y aurait eu des tentatives de la part de certains pour négocier une alliance mauve-orange. «Indirekman ti ena bann pourparle me zot finn bat ar born», fustige-t-il après avoir souligné que le MMM a fait une croix sur le MSM depuis trois ans. Est-ce vrai que ce sont les Mauves qui ont dit non au MSM ? Ou sont-ce les conditions d’une éventuelle alliance qui ont refroidi ces deux partenaires ?
Qu’importe les réponses, voilà donc Ajay Gunness qui confirme ce qui se dit à voix basse : les koz-koze en coulisse vont bon train ! Les sherpas travaillent à fond et les leaders, qui officiellement démentent tout contact, font mine de ne pas savoir, pour pouvoir affirmer ensuite que toute approche est faite à l’insu de leur plein gré. Toujours est-il que ces décharges envoyées sur le MMM sont calculées, font partie de la stratégie du Premier ministre qui veut se montrer fort psychologiquement. Du coup, plusieurs lectures sont permises : (i) le MSM envisage d’aller seul, voire de continuer la route avec son partenaire-ML ; (ii) le parti orange, en écartant le MMM, pourrait rouvrir sa porte à un PMSD qui, depuis longtemps, déclare sans mystère son intention de contracter une alliance, tant sa raclée au no 18 lui a fait prendre conscience de son poids plume sur l’échiquier politique ; (iii) Pravind Jugnauth n’a pas pardonné à Paul Bérenger la trahison de 2014 et le fait sentir dans la perspective d’une éventuelle ré-option d’alliance.
Mais le ton du Premier ministre avait aussi un objectif, et il est envers ses troupes : asseoir son autorité, montrer que c’est lui le seul maître à bord. En clair : non seulement, il choisira les éventuels partenaires pour les législatives, mais c’est devant lui qu’il va falloir s’incliner pour obtenir le sésame des prochaines élections. Message reçu cinq sur cinq, à voir avec quelle indécence les courbettes se sont faites à l’Assemblée nationale. De Showkutally Soodhun (“The only one for the future of this country is Pravind Kumar Jugnauth”), à Ravi Rutnah (“Whenever I go, people tell me that Pravind is doing well…”), en passant par Sandhya Boygah («Pravind Kumar Jugnauth a été à la hauteur de ce Budget et, avec tout le respect à sir Anerood Jugnauth, il était beaucoup mieux…»).
La liste électorale nous révélera si les courtisans de Pravind Jugnauth ont atteint leur cible…
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