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Chantage affectif : les «proches» qui ne vous veulent pas du bien

Il est insidieux. Et souvent, on ne le voit pas venir, ce vilain chantage affectif, hein ! Mais il fait des dégâts (baisse d’estime de soi, perte de repères, dépression) : «C’est extrêmement violent sur le plan affectif et psychologique. La personne n’est plus libre, elle ne peut pas choisir sa façon de vivre. Les victimes de chantage ont peur que la menace soit effective. Il faut beaucoup de courage pour dire ‘‘tu fais ce que tu veux’’. C’est une forme d’emprise et résister à l’emprise, c’est très difficile», explique la psychothérapeute Sylvie Tenenbaum, au magazine Au Féminin. Même si on a tous/toutes plus ou moins joué sur les sentiments de l’autre pour obtenir quelque chose un jour, c’est quand cette manipulation devient un style de vie qu’elle est dangereuse. Quand une personne tente d’utiliser l’affection que vous avez pour elle afin d’exercer son emprise, vous êtes déjà dans une relation toxique. Et il s’agit de maltraitance. Pour faire le point et apprendre à reconnaître le chantage émotionnel, lisez ce qui suit.

 

Mais c’est quoi cette horreur ? «Le chantage affectif, c’est d’abord et avant tout une menace, puisqu’on promet à la personne quelque chose de désagréable à vivre si elle ne fait pas ce qu’on lui demande. Et en particulier, on la menace de moins l’aimer, de moins s’en occuper, voire pire de l’abandonner ou la quitter dans une relation amoureuse», explique Sylvie Tenenbaum, psychothérapeute et autrice de nombreux ouvrages. Et non, cela ne concerne pas uniquement l’homme/la femme avec qui vous partagez votre vie ; vous pouvez être victime de chantage affectif de la part de vos parents, collègues, bosses, amis/es. La psychiatre Christiane Barois le dit au magazine Cosmo ; ce ne sont pas des good feelings du tout : «C’est le fonds de commerce d’une relation qui n’est pas harmonieuse. Il se manifeste sous forme de "si tu ne fais pas ça, alors ça veut dire que tu ne m’aimes pas/ou je ne t’aime plus".»

 

Les scénarios du manipulateur/de la manipulatrice. Il y en a plusieurs mais voici les principaux qui vous permettront de mettre à nu les ficelles que tire cette personne qui vous est proche : «Le maître chanteur peut aller du petit manipulateur ordinaire jusqu’au grand pervers narcissique», précise Sylvie Tenenbaum.

 

Le punisseur/La punisseuse. Il/Elle fait du chantage sans détour. Et c’est la forme la plus courante et la plus facile à repérer : «Le punisseur menace de blesser directement la personne qu’il fait chanter. Cela inclut le retrait d’affection physique, l’abandon, voire la violence physique. «Si tu ne fais pas ce que je veux, je te quitterai», peut-on lire dans le magazine Cosmo.

 

Celui/Celle qui menace. Cette personne vous connaît bien et elle sait comment jouer sur votre empathie, votre sentiment de culpabilité. Par exemple, «les auto-punisseurs menacent de se blesser : «Si tu me quittes, je me suicide».»

 

La victime. C’est vous le/la responsable de son état. C’est de votre faute qu’il/qu’elle se sent mal, au bord de la dépression, blessé/e, dans un trou noir. Mais ce n’est pas tout, «à la différence de l’auto-punisseur, il menace de conséquences basées sur des facteurs externes» : «Par exemple, imaginez que vous croisiez un ami en train de flirter avec une personne qui n’est pas son ou sa partenaire. Cet ami vous dit ensuite : "Si tu le répètes à X, cela ruinera notre relation"».

 

Le/La tentateur/tentatrice. Attention pour le/la repérer, ce n’est pas facile du tout : «C’est le plus subtil de tous les maîtres chanteurs émotionnels. Plutôt que d’utiliser la menace de sentiments négatifs tels que la peur ou la culpabilité, le tentateur fait miroiter des récompenses futures. Il peut sembler promettre une relation parfaite, une gratification émotionnelle... Sauf qu’il ne tient pas ses promesses.»

 

Le chantage affectif, quand ceux que nous aimons nous manipulent (InterEditions, 1998). Il s’agit d’un ouvrage de Susan Forward dans lequel elle fait la différence entre quatre types de manipulateurs. Ces descriptions rejoignent celles données plus haut. Au Féminin résume son propos en ces quelques lignes : «Le bourreau, qui menace de vous punir et qui fait exactement savoir ce qu'il veut (‘‘Si tu me quittes, tu ne verras plus les enfants’’, ‘‘Si tu n'acceptes pas de faire des horaires supplémentaires, tu peux faire une croix sur ta promotion’’) – Le flagellant, qui retourne la menace contre lui-même et insiste sur la souffrance qu’il éprouvera si on ne lui cède pas (‘‘Si tu me quittes, je me suicide’’) – Le martyr ou l’éternelle victime, qui brandit sa souffrance et fait culpabiliser sa victime (‘‘Comment peux-tu faire cela à ta pauvre mère ?’’) Le marchand de faux espoirs, qui vous fait miroiter un bonheur futur en échange des concessions exigées (‘‘Je t’aiderai si...’’).»

 

Les signes qui ne mentent pas. Dans son livre, Susan Forward fait la liste des situations qui devraient vous mettre la puce à l’oreille : «Les individus qui comptent dans votre vie menacent-ils de vous créer des difficultés si vous ne satisfaites pas leurs exigences ? – Menacent-ils constamment de mettre fin à votre relation si vous ne cédez pas ? – Donnent-ils à entendre, explicitement ou non, qu’ils se laisseront aller, qu’ils sombreront dans la déprime ou qu’ils se feront quelque chose de grave si vous ne vous conformez pas à leur volonté ? – Demandent-ils toujours plus, en dépit de tous vos efforts ? – Se comportent-ils systématiquement comme si votre soumission à leurs exigences ne faisait aucun doute ? – Montrent-ils régulièrement le peu de cas qu’ils font de vos sentiments et de vos désirs ? – Font-ils de grandes promesses que, à leurs dires, ils ne tiendront que si vous avez le comportement souhaité mais qu’ils respectent rarement ? – Vous traitent-ils d’égoïste, d’individu avide ou insensible quand vous n’obtempérez pas ? – Vous comblent-ils de louanges quand vous les satisfaites, alors qu’ils retirent leur estime dans le cas contraire ? – Se servent-ils de l’argent comme moyen de pression ?»

 

Pour Christine Barois, il faut être attentif/ve: «Si vous faites plus de choses pour son bien-être et que, malgré tout, la personne vous fait des reproches, c’est une alerte. Les personnes qui font du chantage affectif accusent souvent les victimes d’être égoïstes, alors que ce sont elles qui le sont. Elles mettent leur plaisir avant les besoins des autres.»

 

What next ? Vous avez fait le point, vous avez décidé que vous êtes victime de chantage affectif et ce n’était pas facile : «Reconnaître que la relation est déséquilibrée n’est pas facile car les personnes dans ces situations sont souvent vulnérables et profondément attachées à la personne qui leur inflige ça.» Maintenant, il faut prendre les décisions qui s’imposent : «Dès que vous avez des soupçons, parlez-en à un interlocuteur neutre. Mettre en mots les choses permet de les faire vivre et permet une prise de conscience», conseille la psychiatre. Vous pouvez, ensuite, engager la conversation avec la personne concernée, qui n'est peut-être pas consciente de ce qu’elle fait. Mais attention, elle pourrait retourner cela contre vous : «Dans ce cas, vous risquez à nouveau d’être accusé et attaqué.» Vous pouvez prendre vos distances, poser des limites, apprendre des techniques de contre manipulation ou même encourager la personne à se faire aider par un professionnel. «Si elle tient vraiment à vous, elle sera ouverte à la création d’un environnement plus sain dans la relation. N’oubliez pas qu’aucune relation ne vaut votre santé mentale et émotionnelle», peut-on lire dans le magazine Cosmo.

 

Le plus important reste vous, alors, parlez à un/e thérapeute : si vous êtes victime, vous avez tout un travail de reconstruction à entreprendre.