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Pr David Khayat, éminent cancérologue français et partenaire d’Artemis Curepipe Hospital : «La prévention reste l’un des maillons les plus faibles dans la lutte contre le cancer à Maurice»

«Je pense qu'il manque également à Maurice une forme de collaboration, qui aurait pu se concrétiser à travers la création d'un organisme de coordination et de régulation des activités liées au cancer»

Il veut apporter sa pierre au combat que livrent les Mauriciens pour faire reculer ce mal qui ne cesse de gagner du terrain ici comme ailleurs. Dans la cadre de la Journée mondiale de la lutte contre le cancer, observée en ce dimanche 4 février, l’ancien président de l’Institut National du Cancer en France et actuel partenaire d’Artemis Curepipe Hospital, membre du Falcon Healthcare Group, nous livre son analyse de la situation à Maurice et nous parle de son désir  «d’améliorer davantage, dans la mesure du possible bien évidemment, la façon dont les Mauriciens atteints du cancer seront traités à l’avenir».

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous nous dire, en résumé, qui est le Pr David Khayat ?

 

Je suis un cancérologue qui se bat depuis plus de 45 ans contre cette terrible maladie qu’est le cancer. J’ai été chef du service de cancérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris, France) pendant près de 30 ans. Pendant cette période, de 2002 à 2006 pour être plus précis, j’ai été le conseiller du président de la République française, Monsieur Jacques Chirac, pour mettre en place le plan national de lutte contre cette maladie en France et surtout créer l’Institut national du cancer. J’ai aussi été un des directeurs de l’ASCO (l’American Society of Clinical Oncology). J’ai également assuré un certain nombre de fonctions et de missions dans plusieurs pays pour améliorer, là où cela était possible, la prise en charge des malades atteints de cancer.

 

À Maurice comme ailleurs, le cancer continue de faire des ravages et les chiffres augmentent année après année. Avons-nous les moyens pour faire face à une telle situation ?

 

La prise en charge du cancer à l’île Maurice est relativement satisfaisante. Vous disposez d’un certain nombre de praticiens de grande qualité, qui sont très bien formés et qui maintiennent leur niveau de connaissances en suivant des formations post-universitaires. Ce qui manque, à mon avis, ce sont des infrastructures, à la fois performante et de qualité. Et ce, avec une évaluation régulière de la qualité de la prise en charge des patients, et notamment par la définition de bonnes pratiques. Je pense qu’il manque également à Maurice une forme de collaboration, qui aurait pu se concrétiser à travers la création d’un organisme de coordination et de régulation des activités liées au cancer. Je pense notamment à la prévention, qui reste l’un des maillons les plus faibles dans la lutte contre le cancer à Maurice.

 

Selon vos observations, quels sont les cancers les plus courants dans notre île et pourquoi ?

 

Les cancers les plus fréquents sont comme d’habitude, en nous basant sur l’épidémiologie de cette maladie dans les pays à revenus moyens, essentiellement le cancer du sein et du col de l’utérus chez la femme, et le cancer de la prostate et du poumon chez l’homme. Malheureusement, le diagnostic est relativement tardif, à la fois en raison de la ruralité de la population et du manque de structures pour le dépistage précoce.

 

Que peut-on faire pour réduire le nombre de ceux atteints de cancer ?

 

Le seul moyen pour réduire l’incidence, et donc la prévalence du cancer, à Maurice comme ailleurs, est de travailler sur l’éducation et la prévention. La plupart des cancers dans nos pays, que ce soit en France ou à Maurice, encore une fois, sont liés à nos modes de vie, avec des problématiques liées au tabagisme, à l’alimentation, au manque d’exercice, à l’obésité, à la pollution, entre autres.
Il est donc important d’éduquer très tôt les enfants pour essayer d’éviter la consommation de soda et de boissons sucrées, et les inciter à avoir davantage d’activités physiques. Et bien sûr, éviter toute forme de tabagisme ou, pour ceux qui fument, de transférer leur addiction vers des produits beaucoup moins dangereux, tels que la cigarette électronique ou le tabac chauffé.

 

Que pensez-vous de la manière dont les services de santé mauriciens gèrent la situation ?

 

Les services mauriciens se battent contre le cancer du mieux qu’ils peuvent, avec un engagement qui apparaît tout à fait clair et évident. Malheureusement, encore une fois, c’est le manque de structures, de diagnostic et de dépistage qui explique le fait que beaucoup de cas sont pris en charge tardivement, et sont donc extrêmement lourds en termes de pronostic et de traitement.

 

Vous êtes partenaire d’Artemis Curepipe Hospital, membre du Falcon Healthcare Group, dans la lutte contre le cancer. Qu’est-ce qui a poussé un éminent cancérologue comme vous à collaborer avec cette clinique mauricienne ?

 

Je me suis en effet engagé auprès d’Artemis Curepipe Hospital, établissement qui appartient au Falcon Healthcare Group. J’ai fait ce choix parce que j’ai pu m’intégrer à l’équipe dès le début, et ainsi optimiser les choix de matériels et de procédures, ce qui apportera, je le pense, la garantie pour chaque citoyen mauricien d’une prise en charge correspondant aux meilleurs standards mondiaux.

 

Et comment comptez-vous aider les Mauriciens à mieux lutter contre le cancer à travers cette collaboration ?

 

Ma présence régulière à Maurice me permettra tout d’abord de voir un certain nombre de patients. Mais au-delà de cette présence en tant que praticien, je pense que cela me permettra, en utilisant mon passé de professeur de cancérologie, de mieux former tous les médecins qui souhaiteront collaborer avec nous.

 

Il est certain que l’expérience dont je dispose, c’est-à-dire plus de 40 ans dans le domaine de la prise en charge des cancers, ainsi que mes réalisations en matière d’organisation des prises en charge dans le cadre de la mise en œuvre du Plan cancer en France, peut apporter quelque chose d’intéressant pour améliorer davantage, dans la mesure du possible bien évidemment, la façon dont les Mauriciens atteints du cancer seront traités à l’avenir.

 

Michaëlla Coosnapen