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Une publication de CARES - En eaux troubles : pour une réflexion sur l’économie bleue

Carsten Pedersen a entrepis un travail de terrain de trois semaines dans l'île.

Quand le bleu prend des teintes plus sombres… Quand l’océan est au menu des investisseurs et des enjeux capitalistes et économiques, tout le monde ne se régalera pas. Au contraire, les restes risquent de passer de travers pour les populations. C’est l’opinion affichée du Centre for Alternative Research and Studies (CARES) depuis de nombreuses années. Et c’est avec le Transnational Institute (TNI) du Danemark que le centre publie un ouvrage de recherche signé par le chercheur et activiste Carsten Pedersen : En eaux troubles : comment l’«économie bleue» perpétue les injustices historiques à l’île Maurice.

Comment la lire ? Cette publication est disponible en téléchargement gratuit en français et anglais sur le site de TNI (www.tni.org). CARES travaille actuellement sur une version en kreol morisien qui sera mise en ligne.

 

Mais c’est quoi l’économie bleue ? Le chercheur et activiste Carsten Pedersen la décrit en ces mots dans son ouvrage : «Les termes "économie bleue" et "croissance bleue" sont souvent utilisés de manière interchangeable et, bien qu’aucune définition officielle n’ait été adoptée pour ces termes, il existe un large consensus sur le fait qu’il s’agit d’articuler croissance économique, développement social et durabilité environnementale. Afin de mieux comprendre ce que recoupent ces termes, il faut déconstruire la rhétorique qui sous-tend le concept d’économie bleue et qui la considère capable d’une triple performance (bénéfique pour les gens, la planète et l’économie).» Au sein de l’introduction de cette publication, on peut glaner ça et là des informations pour situer : «Largement promotrice du concept d’économie bleue, l’île Maurice laisse toutefois entrevoir le fossé qui existe entre les promesses gouvernementales concernant les bénéfices de cette stratégie et ses conséquences réelles pour les populations et l’environnement.»

 

«Une publication cruciale». Pour CARES, il s’agit d’une «publication cruciale et à point pour mieux comprendre les enjeux qui se cachent derrière l'économie bleue et la folie gouvernementale pour l'exploration et l'exploitation des réserves d'hydrocarbure et de gaz naturel dans les eaux mauriciennes». Avec la loi concernant l’Offshore Petroleum Hub, voté fin 2021, le sujet est encore plus d’actualité. Au nom de l’argent et du développement, les dirigeants oublient souvent l’essentiel, estime CARES : «Si les revenus que représente cette croisade demeurent leurs seules motivations, la destruction des écosystèmes marins et côtiers ; la perte de la biodiversité ; la contribution importante dans le dérèglement climatique ; le démantèlement des structures socio-économiques ; la privatisation de l'océan ; et la concentration des capitaux dans les mains d'une petite poignée en sont les cruelles réalités. C'est de ces réalités dont il est question dans cette publication.»

 

Un travail de terrain. Carsten Pedersen a participé à des ateliers et s’est entretenu avec les pêcheurs de plusieurs régions pendant trois semaines. Il a également mené des entretiens avec «des travailleurs portuaires, des représentants du secteur privé, des responsables syndicaux, des politiciens, des universitaires et d'autres Mauriciens activement impliqués dans des organisations non gouvernementales (ONG).» Il s’est appesanti sur «les réalités de terrain» qui contrastent avec «la présentation de l’économie bleue mauricienne» sur le plan international. Pour CARES, les discours bien ficelés ne prennent pas en considération la vie des Mauriciens et le respect de l’environnement : «La Banque mondiale fait en effet de Maurice son champion de l’économie océanique. Un modèle qui ne favorise en aucune façon une pêche locale pour s’assurer de la souveraineté alimentaire du pays et de la région, et encore moins des pratiques respectueuses des écosystèmes marins ; mais qui au contraire pousse vers la privatisation de l’océan.»

 

Pour avancer autrement. Cette publication ne fait pas simplement un état des lieux. Elle met en lumière ceux et celles qui vivent de la pêche artisanale et qui sont les oubliés/es des grandes théories de développement de cet autre pilier de l’économie en teintes bleues. Elle pousse à la réflexion en expliquant les tenants et les aboutissants des débats sur l’économie bleue. Avec une meilleure compréhension de la situation, il est plus facile d’imaginer «un avenir alternatif» plus inclusif et soucieux de l’environnement.