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La peine de mort : ce sujet qui divise encore et encore

«Cela me touche beaucoup car, ayant grandi dans un pays où il n’y a pas de peine de mort, je ressens de la tristesse pour ces familles qui ont un être cher dans le couloir de la mort», nous confie notre compatriote Ryan Pynam.

Si le monde s'oriente de plus en plus vers l'abolition de la peine de mort, plusieurs pays asiatiques – notamment la Chine, le Singapour, le Vietnam, le Myanmar et la Corée du Nord – continuent d’y recourir. Parmi les derniers pays où le sujet a été au coeur de l'actualité ces derniers jours : la Malaisie. La peine de mort n'y sera plus automatique pour 11 catégories de crimes. Ce qui est considéré comme une avancée dans ce pays qui, depuis 2018, applique un moratoire sur la peine capitale...

Il s’agit de trois mots qui font frémir : peine de mort ! Ils suscitent de vives réactions, déchaînent les passions et continuent à alimenter des débats, encore et encore. À travers les âges, de nombreuses cultures dans le monde ont appliqué la peine de mort pour des crimes allant du vol au meurtre. Ces dernières années toutefois, de nombreux pays et territoires ont tourné le dos à la tendance capitale, cette pratique qui, de tout temps, a fait couler beaucoup d'encre.

 

Il y a, par exemple, cette histoire qui a fait grand bruit au début de cette année. Amber McLaughlin, 49 ans, condamnée en 2006 pour le meurtre de son ex-compagne, en Amérique, est tristement devenue la première personne transgenre à être exécutée dans le pays. Jusqu’au dernier moment, les militants anti-peine de mort ont fait attendre leurs voix, tout en dénonçant cette façon de faire «barbare» de nos jours pour faire justice. Amber McLaughlin a été exécutée le mardi 3 janvier au pénitencier de Bonne Terre, dans l’État du Missouri.

 

L’absence de réponses et de considérations face à leur prise de positions, les engagés contre la peine de mort l’ont vécue comme un échec. Ils ont espéré jusqu’au dernier moment la clémence du gouverneur de l’État. Selon le rapport annuel du Centre d’information sur la peine de mort (DPIC), l’organisme de référence sur la question, 18 personnes ont été exécutées en 2022, le nombre le plus bas depuis 1991, en excluant les deux années de pandémie.

 

Avec 18 exécutions qui ont eu lieu en 2022 dans une poignée d’États conservateurs, les statistiques démontrent un recul de la peine de mort aux USA. Mais deux ans après la promesse de campagne de Joe Biden de l’abolir au niveau fédéral, la décision d’en finir avec cette pratique stagne, ralentit, voire est bloquée par une opinion publique toujours partagée et de nombreux obstacles légaux. Depuis toujours, le sort des personnes condamnées à mort a interpellé, même si les opinions sont partagées sur la question.

 

Et il y a ces histoires qui ont touché, marqué... Le 3 octobre 1930, le corps de Vida Robare, responsable blanche d’un centre de détention pour jeunes délinquants, avait été retrouvé par son mari. Elle avait été «brutalement assassinée» dans son chalet, dans l’enceinte de l’établissement. À ce moment-là, Alexander McClay Williams, 16 ans, qui purgeait une peine dans ce centre, avait vite été accusé. Selon des récits d'archives, lors de son procès, «l’accusé a fait face à un jury entièrement blanc, qui l’a reconnu coupable en moins de quatre heures», alors que son avocat, nommé ultérieurement, n’avait disposé d’aucune ressource pour préparer sa défense.

 

La justice

 

Au fil du temps, l’histoire de l’adolescent s'est fait connaître car, pendant des années, sa sœur et l’arrière-petit-fils de l’avocat qui s’était occupé de son dossier n’ont cessé de se battre, tout en pointant du doigt les «incohérences» dans le dossier, notamment des éléments qui auraient pu jouer en faveur de l’accusé et qui auraient pu faire changer les choses. Mais ces faits ont été ignorés, notamment cette «empreinte de main sanglante d’un homme adulte trouvée près de la porte de la scène de crime, photographiée par la police» mais «jamais mentionnée au procès». Plus de 90 ans après les faits, l’innocence d’Alexander McClay Williams a pu être prouvée l’année dernière, après une longue bataille menée par sa petite soeur de 92 ans, qui n’a jamais arrêté de croire en l’innocence de son frère.

 

C’est dans le tribunal de Pennsylvanie que l’innocence du jeune William, qui à 16 ans, était devenu le plus jeune garçon de cet État à avoir subi la peine capitale, a été prononcé, des années après son exécution.  «Nous ne pouvons pas réécrire l’Histoire (…) Mais quand la justice peut être rendue en reconnaissant publiquement une telle erreur, nous devons saisir l’opportunité», a déclaré Jack Stollsteimer, le procureur du comté de Delaware. Après des années de procédures, «cette décision est la reconnaissance que les accusations portées contre lui n’auraient jamais dû l’être», a-t-il ajouté. Des exemples comme ça, d’innocents exécutés, il y en a beaucoup dans les pays concernés.

 

Aujourd’hui, moins d’une centaine de pays et de territoires dans le monde  maintiennent la peine de mort et selon  Amnesty International, plus d’une centaine de pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, soit un peu plus de la moitié des nations du globe (56%).

 

Parmi les derniers pays qu’il reste à convaincre se trouvent les pays qui se situent  en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. En France, par exemple, la peine de mort a été abolie il y a plus de 40 ans, le 17 septembre 1981. Et parmi les derniers pays qui se penchent sur cette éventualité, il y a la Malaisie. Ces derniers jours, ce sujet a occupé l’actualité dans cet État d’Asie du Sud-Est. L’abolition de la peine de mort obligatoire est ainsi passée par des étapes importantes pour son alignement sur les normes internationales relatives aux droits humains, et sur l’opposition mondiale croissante à la peine capitale.

 

Le 11 avril, la Chambre haute du Parlement («Dewan Negara») a donc adopté deux projets de loi réformant le recours à la peine de mort, après leur adoption par la Chambre basse («Dewan Rakyat»), le 3 avril. Selon les médias, les parlementaires malaisiens devraient poursuivre sur cette lancée en prenant de nouvelles mesures vers l’abolition totale de ce châtiment cruel.

 

La Malaisie maintenait auparavant la peine de mort pour 33 infractions. Le projet de loi de 2023 sur l’abolition de la peine de mort obligatoire supprime la peine de mort obligatoire pour 12 infractions, y compris le trafic de drogue, le meurtre, la trahison et le terrorisme. Le projet de loi supprime également la peine de mort en tant qu’option pour sept infractions dont la tentative de meurtre et l’enlèvement. Ce petit pas dans la bonne direction est considéré comme une avancée dans ce pays qui, depuis 2018, applique un moratoire sur la peine capitale... Désormais, les juges pourront opter pour d’autres types de condamnations et appliquer un principe de proportionnalité mais la bataille finale reste, pour les ONG, militantes des droits de l’homme, l’abolition complète de cette pratique.

 

Installé en Malaisie, le Mauricien Ryan Pynam nous donne son avis sur cette actualité. «J’ai vu tout récemment que le Parlement a mis en avant le sujet d’abolir la peine de mort en Malaisie. Mais quand on regarde de plus près, on constate que la peine de mort est toujours là, c’est juste que ça a été revu et aboli pour 12 différents délits. Il y a toujours 33 autres délits qui sont passibles de la peine capitale», nous confie le jeune homme. Pour lui, c’est un sujet qui ne doit pas laisser insensible : «Après avoir lu et vu les différents interviews et articles de diverses ONG contre la peine de mort ici, j’ai appris qu’il y avait toujours plus de 1 000 personnes qui sont dans le couloir de la mort. Cela me touche beaucoup car ayant grandi dans un pays où il n’y a pas de peine de mort, je ressens de la tristesse pour ces familles qui ont un être cher dans le couloir de la mort et qui attendent juste le jour où la sentence sera prononcée.»

 

Il ne souhaite qu’une chose : que son pays d’adoption continue sur cette lancée car, pour lui, la Malaisie est un pays qui a beaucoup d’atouts. «Je vois que beaucoup accueillent cette initiative positivement. Vivre en Malaisie, jusqu’à présent, est un grand plaisir pour moi car je me suis fait de très bons amis qui m’aident à découvrir ce pays riche en histoire et en culture. La multi-culturalité que nous avons à Maurice, je la vois aussi ici et j’apprécie beaucoup ce respect qui existe envers l’autre et ce mélange de cultures. Par exemple, la Malaisie fêtera, très bientôt, le Hari Raya et on voit que cela n’est pas juste réservé à une culture particulièrement mais que tout le monde est en effervescence pour cette célébration de joie», conclut notre compatriote qui commente l’actualité autour de la peine de mort dans son pays d’adoption. Un sujet qui, de tout temps, n’a cessé de passionner le monde...