• Hippisme – Saison 2024 : entre doute et désintéressement
  • Inner Wheel Clubs : prendre soin de notre terre, un engagement écologique et citoyen
  • Eau secours ! : conseils de citoyens engagés pour mieux gérer les inondations
  • Underground Rock Festival : The Hill is Burning, l’atout métal réunionnais
  • Tatiana Toulet et Laura Rae : les rallyes automobiles pour passion
  • Do Aur Do Pyaar : je t’aime moi non plus
  • Une chanteuse et … Zendaya
  • Sortie de route meurtrière pour Shivam Bheekhy, 30 ans : sa famille «bouleversée»
  • Accident fatal à Bel-Étang : choc et tristesse après la mort de deux amis «passionnés de moto»
  • Moi, jeune, ce que le 1er Mai représente pour moi...

En France : la colère du monde agricole

Adam Ramsahye et son épouse Ameera ont été au Salon de l’Agriculture. Ils partagent avec nous quelques clichés de leur visite.

Le contexte de grande colère des agriculteurs français laissait présager une visite compliquée et sous haute tension du président Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture. Car la situation des paysans est au coeur des préoccupations...

Des images qui ont fait le tour des médias... Une haie de tracteurs bloquant la N118 – une route nationale française – à Fontainebleau, le 25 janvier, ou encore une vache qui mène au pas une file d’une cinquantaine de tracteurs et des centaines d’agriculteurs dans les rues, cette fois à Marseille. Les agriculteurs français grognent et ne décolèrent pas. Et ça fait plusieurs semaines que ça dure ! Ces derniers temps, ils ont été nombreux, à travers différentes actions, à crier leur mécontentement. La raison du conflit : la nouvelle Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne ou plutôt les limites de cette politique qui est appliquée depuis 2023 et court jusqu’en 2027 : normes écologiques complexes ou variantes selon les pays, inflation, épisodes climatiques, importations déloyales, baisse du revenu agricole, restriction de l’accès à l’eau, nouvelle épidémie, entre autres.

 

Les images des manifestations qui ont été relayées dans les médias internationaux traduisent bien ce grand malaise. «On vous nourrit mais nous on crève», «Pas de pays sans paysans» ou encore «On est sur la paille»... Ce sont les messages que des paysans s’attellent à faire passer et qui ont d’ailleurs été très visibles le 22 janvier dernier sur les tracteurs et autres engins agricoles mobilisés pour une action. L’autoroute entre Toulouse et Bayonne en a été témoin, entre autres routes qui ont été bloquées ces derniers jours.

 

Les revendications des agriculteurs sont multiples et il s’agit majoritairement de questions économiques. Il y a les accusations d’engraissement des industriels sur leur dos, mais ils pointent aussi du doigt plusieurs règlementations françaises ou européennes en matière d’écologie. Ces «restrictions», comme ils les appellent, sont considérées comme étant trop lourdes. D’où le fait que ces agriculteurs exaspérés manifestent leur grogne. Ils ont, disent-ils, le sentiment de ne pas être compris, écoutés et considérés. Et depuis l’intensification du mouvement de protestation à la mi-janvier, avec des actions coups de poing comme des blocages, des manifestations et des actes de vandalisme, ils ne lâchent pas prise.

 

Parmi les derniers mouvements contestataires : des empoignades – entre la sécurité et des manifestants –, le samedi 24 février, lors de l’ouverture de la 6e édition du Salon de l’Agriculture au Parc des Expos de Paris, Porte de Versailles, qui prend fin ce dimanche 3 mars. En effet, de longs moments de tension, des bousculades entre agriculteurs et CRS, et des coups de sifflet, ont ponctué la présence du président français Emmanuel Macron au salon. Et c’est entre les vaches et les huées que celui-ci a essayé de calmer les esprits et de rassurer les paysans. «Je suis en train de vous dire que le boulot est fait sur le terrain, on a repris les copies, on est en train de faire toute la simplification. Je préfère toujours le dialogue à la confrontation», a déclaré Emmanuel Macron. Le temps de sa présence au salon, il a essayé de prouver que les agriculteurs avaient été écoutés par l’exécutif et que les réformes ont été lancées. Les médias français relayent qu’il a accédé à deux revendications en particulier : la fixation future d’un prix minimum auquel les agriculteurs vendraient leur viande ou autre produit, et l’élévation de l’agriculture au rang d’intérêt général majeur.

 

«Sous tension»

 

Malgré les vives tensions, Emmanuel Macron a pu rencontrer de façon «improvisée» des agriculteurs et des représentants des différentes organisations syndicales en mettant en avant son envie de «dialogue». Plusieurs thèmes étaient au coeur des discussions comme l’agriculture bio, les revenus ou encore les suicides des agriculteurs. Si à la fin de la journée, le préfet de police a déploré huit blessés et six interpellations,  les 1 000 exposants et 4 000 animaux réunis au Salon de l’Agriculture, avec les éleveurs qui généralement présentent leurs vaches et moutons lors de cet événement, se souviendront pour longtemps de l’ambiance pour le moins particulière de l’événement cette année.

 

Des Mauriciens, Adam Ramsahye et son épouse Ameera, se sont retrouvés au coeur de cette chaude actualité en allant au salon durant la semaine écoulée. «Depuis 60 ans, la France montre sa reconnaissance envers la culture agricole en organisant, à Paris, un salon exclusivement dédié aux femmes et aux hommes qui y vouent leur vie. C’est un moment pour rencontrer celles et ceux qui travaillent la terre afin d’assurer un meilleur rendement sur tous les plans. On y retrouve généralement les plus belles vaches, chèvres et juments, les plus beaux taureaux et chevaux, sans oublier les chats et chiens qui défilent afin d’essayer de rafler les précieux titres du concours agricole. Cela démontre tout l’amour et toute la passion que les agriculteurs français ont pour leur métier. Les critères sont basés sur la taille, l’entretien, l’esthétisme et la réceptivité des bêtes et ces dernières peuvent souvent être sous tension vu l’affluence et le bruit au salon comparé à la campagne. D’ailleurs, cette année, des tensions et du bruit étaient particulièrement présents car l’agriculture française et européenne se portent mal», nous confie Adam Ramsahye qui, comme beaucoup de Français en ce moment, ne peut pas ne pas s’intéresser à ce problème qui est très visible et sonore depuis quelques semaines déjà.

 

«D’un côté, le gouvernement français veut à tout prix plaire à tout le monde en agréant aux demandes de l’Europe et des grosses firmes internationales au détriment des terrains agricoles et d’un équilibre financier. De l’autre, il y a la pression de l’Europe qui impose la liberté des échanges sans forcément considérer les coûts de production variables entre les pays de l’UE», poursuit notre compatriote en revenant sur les revendications qui ont ponctué le Salon de l’Agriculture. «Plusieurs manifestations se sont déroulées durant le salon pour réclamer une meilleure considération de l’État et l’implémentation de lois pour protéger l’agriculture française. À titre d’exemple, un kilo de mandarines made in France coûte 6 euros en moyenne alors que sur le même étal, on peut retrouver celles venues d'Espagne qui coûtent 3 euros. Le même sujet concerne le prix de la viande au kilo ou même le prix du litre de lait, sachant que les taxes ne cessent d’augmenter et que les agriculteurs sont, malheureusement, de plus en plus nombreux à vouloir cesser leurs activités, voire même dans les cas les plus extrêmes, à se donner la mort pour fuir la dure réalité», poursuit Adam Ramsahye, qui espère que les choses s’arrangeront très vite. «Cette 60e édition du Salon de L’Agriculture est rocambolesque. Nous espérons qu’un équilibre pourra être trouvé entre tous les partis concernés et c’est surtout important, parce que la France rurale ne serait jamais ainsi sans la grande contribution de la France urbaine.»