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Marclaine Antoine : Hommage d’artistes à un grand artiste

Ici avec son pote Serge Lebrasse lors du lancement de L'Asosiason Pratikan Sega Typik en juillet..

Le monde musical local et régional est en deuil. Car l’un de ses plus grands représentants s’en est allé. Hommages…

Sa maison de Camp-Levieux semble vide sans lui. Comme un musée qui aurait perdu son propriétaire. Le grand Marclaine Antoine nous a quittés dans la nuit du mardi 31 octobre au mercredi 1er novembre, à 72 ans. Un décès qui fait suite à des complications dues au diabète. Une veillée mortuaire spéciale devait avoir lieu le vendredi 3 novembre, suivie des funérailles le lendemain, en l’église Ste Odile, dans sa localité. 

 

Marclaine Antoine, musicien, poète, homme pétri d’anciennes connaissances. Un incontournable de notre paysage, à la carrière et à la vie foisonnante (voir hors-texte). Il n’y a qu’à voir les innombrables messages qui lui rendent hommage sur les réseaux sociaux, les articles dans les médias d’ici et d’ailleurs – l’artiste connaissait bien les Seychelles et Madagascar –, pour se rendre compte de la grandeur de l’homme. 

 

Si son fils Patrick Antoine, tout aussi connu dans le milieu musical, n’a pas souhaité témoigner dans nos colonnes, pris autant par l’émotion que les démarches pour la veillée mortuaire et les funérailles de son père, d’autres qui le côtoyaient de près ont bien voulu lui rendre un dernier hommage. De leur première rencontre, de leurs moments passés avec celui que beaucoup appelaient «le dernier griot» – un artiste dépositaire de la vieille tradition.  

 

«Enn kamarad»

 

À commencer par son bon ami Serge Lebrasse, 87 ans. La voix remplie d’émotion, l’un des derniers vétérans de la musique locale évoque de «nombreuses années d’amitié». «Je connaissais Marclaine comme musicien depuis un moment mais on s’est côtoyés encore plus quand on a tous les deux travaillé au ministère des Arts. C’était enn kamarad, avec tout ce que ça implique de bon et de beau.» Autre personnalité qui, depuis ses débuts, a côtoyé Marclaine Antoine : Bruno Raya. «On est un peu voisins et c’est en toute logique qu’on se côtoyait dans le quartier. C’est quelqu’un qui a beaucoup aidé les OSB à se retrouver artistiquement. D’ailleurs, notre premier album a été enregistré chez lui à Camp-Levieux. C’est aussi celui qui nous a vivement conseillé à nous exprimer en kreol morisien, à donner cette touche mauricienne unique dans le monde, à notre musique.»

 

Des conseils, Daniella Bastien en a aussi eus. Ancienne Lecturer en kreol morisien à l’Université de Maurice, elle a rencontré Marclaine Antoine lorsqu’elle faisait des études sur le patrimoine immatériel. Elle l’a même inclus dans son premier court-métrage, Pran Nesans,présenté au dernier Festival Ile Courts en octobre. Un documentaire qui parle de rituels d’antan, entourés de mystère.  «C’est quelqu’un qui a toujours été accueillant, avec un franc-parler rare, auquel on ne peut que s’attacher. En plus d’être une source d’informations pas possible sur la culture et les traditions d’antan. Un dépositaire extraordinaire de savoir. Il m’a fait découvrir des cultures et des artistes»,confie Daniella Bastien. 

 

Le dernier projet en date que l’homme avait à cœur était L’Asosiason Pratikan Sega Typik, lancé en juillet. Un gros achievement pour l’équipe et lui. Marousia Bouvéry, membre du groupe ABAIM, l’une des chevilles ouvrières de ce projet, se souvient de lui comme d’un homme «déterminé, n’hésitant pas à entrer dans des combats comme la reconnaissance de Sega Belo comme étant du domaine public. Il était un vrai humain, ne connaissait pas l’hypocrisie. Déjà avec ABAIM, il apportait beaucoup car il maîtrisait tellement d’instruments de musique, souvent méconnus, en plus de son savoir encyclopédique». 

 

Espérons alors que tout ce savoir ne se perdra pas. Entre-temps, sa maison-musée de Camp-Levieux, avec masques et instruments de musique d’un autre temps, n’aura plus l’honneur de sa présence. 

 

Un homme au service du patrimoine et de l’art

 

Difficile d’évoquer un seul instant dans la vie de Marclaine Antoine. Les épisodes y sont tellement nombreux. Incluant la prison. Ancien employé du ministère des Arts et de la culture, où il était conseiller, un des premiers à voir fonctionner la Société des Droits d’Auteurs ou le Centre Nelson Mandela, il avait sa main partout. Jusqu’à La Réunion, les Seychelles, Madagascar. Fin collectionneur d’objets anciens, Marclaine Antoine avait une maison fascinante, avec masques, instruments de musique souvent méconnus, studio aménagé. N’oublions pas sa fameuse chanson Bel Bato,qu’il sort dans les années 80, ou son amitié avec Serge Lebrasse car les deux jouaient dans le même orchestre dans les années 50. En 2004, il est emprisonné parce qu’il possédait des fusils de collection. À sa sortie, sept mois plus tard (5-Plus dimanche était présent à sa libération), Marclaine Antoine, père de Patrick Antoine et Marclaine Antoine Jr, évoquera ces prisonniers «qui ont besoin de beaucoup de soutien».

 

Poème écrit par Alain Muneean du groupe ABAIM, quelques heures après avoir appris le décès de Marclaine Antoine

 

Marclaine inn ale 

Enn lafontenn leritaz kiltirel finn aret koule 

Nou larm pe pran rele pou montre regre li finn ale 

Amer kouma nou amer ar laraz lamor leritaz vivan

Nou dey pe rekoste nou ar so rezervwar lavi

Kan lekor leve lam respire dan dernie ris leker 

Nou pou ouver robine pou nou gout ankor 

Sa dilo lasours pou manz ar sa gou amer

Lao laba dan so pli gran sourir geri depi tou maladi

Li pou kontinie fer nou salam