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Anne-Marie Casimir tuée à coups de pierres par son ex-compagnon

Anne-Marie Casimir était âgée de 16 ans lorsqu’elle a mis au monde son enfant.

Son assassin, qui n’est nul autre que son ex-concubin, s’est acharné sur elle avec une violence inouïe, ne lui laissant aucune chance de survie. Le coupable, lui, se trouve derrière les barreaux. Ce crime odieux a choqué toute une île, alors que le fils de la victime, âgé de huit ans, ne sait pas de quoi son avenir sera fait.

Elle n’osait pas raconter les misères que lui faisait subir l’homme dont elle est tombée amoureuse il y a des années de cela. Avait-elle peur de lui ? Pourquoi s’était-elle murée dans le silence ? Ce sont autant de questions que se pose Santana Jolicoeur depuis la mort de sa sœur Anne-Marie Casimir, âgée de 23 ans. Cette dernière est décédée dans des circonstances horribles (voir hors-texte), laissant derrière elle un fils de huit ans. Son assassin, Jean-Alex Ravina, âgé de 39 ans, n’est autre que le père de son enfant. Elle s’était séparée de lui il y a quelques mois.

L’irréparable s’est produit à Rodrigues, dans la soirée du samedi 30 août, alors même que le présumé meurtrier fêtait son anniversaire. «Comment peut-on commettre un crime le jour de son anniversaire ? C’est impensable ! Mais il l’a quand même fait», se révolte Santana. Ce n’est que le lendemain que le corps sans vie d’Anne-Marie Casimir a été découvert, gisant dans une mare de sang sur un terrain boisé à Dans Bébé, à quelques mètres seulement de la route principale menant vers Baladirou.

Aussitôt alertée, la police n’a pas tardé à saisir au collet Jean-Alex Ravina, l’ex-compagnon de la victime, qui est passé aux aveux. Dans sa déclaration, il a avoué avoir tué la mère de son enfant parce qu’il l’aurait surpris en compagnie d’un autre homme. Mais «mo pa ti ena lintansyon pou touy li», a-t-il dit. Cette déclaration n’a cependant pas convaincu les enquêteurs vu la violence avec laquelle Jean-Alex Ravina, connu sous le sobriquet de Marlin, s’est acharné sur la jeune femme. Ces derniers pencheraient pour la thèse de crime avec préméditation, car le suspect avait un couteau en sa possession au moment des faits.

Déclarations choquantes

L’autopsie pratiquée sur le corps de la victime témoigne également de la violence avec laquelle elle a été battue. Elle indique d’ailleurs qu’Anne-Marie Casimir est décédée d’une fracture du crâne et qu’elle a, en outre, reçu un coup de couteau dans le dos. Ce qu’a confirmé le suspect au moment de son interrogatoire. «J’ai couru après elle et je l’ai rattrapée. Je l’ai assené un coup de couteau dans le dos ; elle est tombée par terre. J’ai ensuite saisi une pierre avec laquelle je l’ai frappée à la tête. La pierre ensanglantée glissait entre mes mains. Je l’ai jetée et j’en ai pris une autre avec laquelle je l’ai cognée davantage», a-t-il déclaré. Ces propos sont jugés choquants par les enquêteurs. «Ses déclarations nous ont glacé le sang», confie une source de l’enquête.

Bouleversée par la tragédie, Santana Jolicoeur, elle, n’arrive pas à expliquer le geste de Jean-Alex Ravina. «Pourquoi lui a-t-il ôté la vie ? Tout était déjà fini entre eux. Mais je ne connais pas les raisons de leur séparation, car ma sœur n’était pas du genre à raconter ses soucis à qui que ce soit. Elle était plutôt de nature réservée», explique-t-elle, la voix remplie de chagrin.

C’est à l’âge de 15 ans, dit-elle, que sa soeur a fait la connaissance de Jean-Alex Ravina. Ce dernier résidait dans le même village qu’elle, à Montagne-Goyave. «À l’époque, elle n’allait plus à l’école. Elle avait échoué aux examens du CPE et ne faisait pratiquement rien de ses journées. Puis, elle a rencontré cet homme de qui elle est tombée amoureuse», raconte notre interlocutrice. Très vite, se souvient-elle, le couple a décidé de vivre son idylle au grand jour. C’est ainsi qu’Anne-Marie Casimir a quitté le domicile de ses parents pour s’installer chez son amoureux. «Elle est tombée enceinte peu de temps après et a mis son enfant au monde à l’âge de 16 ans.»

Battue et admise à l’hôpital

À ce moment-là, Anne-Marie Casimir et son concubin, laboureur de son état, vivaient dans des conditions modestes. Décidée à faire vivre sa petite famille, raconte Santana, Anne-Marie Casimir s’est mise à cultiver des légumes. «Son conjoint n’avait pas d’emploi fixe et ne gagnait pas assez d’argent pour que la petite famille puisse manger à sa faim. Ma sœur était, elle, très débrouillarde. Elle avait acheté des semences qu’elle faisait pousser sur un petit lopin de terre agricole. Mais à aucun moment, elle me m’a dit que cet homme était de nature violente. Peut-être qu’elle ne voulait pas nous embêter avec ses problèmes personnels.»

Ce n’est que récemment, avoue-t-elle, qu’elle a entendu dire que sa sœur était victime de maltraitance depuis de longues années. «J’ai su qu’elle avait toujours eu des problèmes dans son couple après sa séparation. Lorsque je lui ai demandé des explications, elle a simplement dit qu’elle n’en pouvait plus de cette vie. Le jour de la fête de l’Assomption, elle a été battue par Jean-Alex Ravina. Elle avait été admise pendant deux jours à l’hôpital et avait même porté plainte contre lui», souligne notre interlocutrice qui a du mal à contenir ses émotions.

Pourtant, travailleuse dans l’âme, Anne-Marie Casimir avait décidé de prendre sa vie en main, ainsi que celle de son fils, depuis sa séparation. Pour ce faire, elle avait réuni ses maigres économies avec lesquelles elle avait acheté quelques feuilles de tôle pour construire une maisonnette. «Il ne restait plus qu’à fixer les feuilles de tôle. Mon père lui avait cédé une petite portion de terre sur laquelle elle construisait sa modeste demeure. Depuis quelques mois, elle économisait sou par sou pour améliorer ses conditions de vie et celles de son fils. Elle cultivait des légumes et les vendaient à ses clients chaque dimanche. Puis, les jours de semaine, elle faisait également du jardinage chez des habitants de la localité, pour se faire un peu plus d’argent et terminer la construction de sa maison au plus vite», explique Santana.

Hélas, alors même qu’elle avançait petit à petit dans ses projets, elle a perdu la vie dans des circonstances qui dépassent l’entendement, laissant un enfant de huit ans derrière elle. «Qu’adviendra-t-il de cet enfant ? Le père est en prison et la mère est décédée. Le petit n’a que huit ans et doit faire sa première Communion en novembre. Anne-Marie s’était déjà lancée dans la préparation de cet événement. Jamais je n’aurais cru que Jean-Alex était capable de commettre un crime», s’insurge Santana.

Pourtant, il a bel et bien commis l’irréparable, en tuant une mère de famille et en laissant son propre enfant dans une tristesse sans égale.

 

La jeune femme construisait une petite maison en tôle dans laquelle elle espérait mener une vie paisible en compagnie de son fils.

 


Les circonstances du drame

Il n’aurait pas supporté le fait que son ex-concubine ne soit pas à ses côtés le jour de son 39e anniversaire. Lors de son interrogatoire, Jean-Alex Ravina a dit s’être caché non loin du domicile du compagnon d’Anne-Marie Casimir, un dénommé Jean-Baptiste Perrine, dans la soirée du samedi 30 août. Aux environs de 22 heures, il aurait aperçu Anne-Marie Casimir aux bras de Jean-Baptiste Perrine. Après quoi il lui aurait demandé des explications. Mais la situation aurait vite dégénéré. «Linn rod sove me monn trap li», raconte Jean-Alex Ravina.

Il a alors assené un coup de couteau à Anne-Marie Casimir et lui a fracassé le crâne avec des pierres. Arrêté par la police, il a été présenté en cour de Port-Mathurin sous une charge de meurtre. Le 2 septembre, Jean-Alex Ravina a également participé à une reconstitution des faits sur le lieu du crime. Sollicité pour une réaction, ses proches n’ont pas souhaité faire de commentaires à ce sujet. La police a ouvert une enquête.

Des curieux s’étaient massés pour suivre les premières étapes de l’enquête.