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Bienvenue au pays de l’inhumanité !

Et voici donc l’histoire de Léa Ratna qui mérite d’être connue. Après les tribulations du pilote belge Hofman, autorisé à se marier sur le sol mauricien mais devant quitter le territoire par la suite, nous assistons à un autre drame touchant cette fois une Malgache, mariée à un compatriote. L’époux étant décédé tragiquement dans un accident de la route, en novembre dernier, la mère de famille est soudainement priée de quitter le pays par le Passport and Immigration Office.

 

Ainsi donc, six mois après avoir perdu son époux, Léa, 44 ans, mère de deux enfants âgés de 9 et 12 ans, nés et scolarisés à Maurice, reçoit une lettre dont le ton donne une idée de l’inhumanité dans laquelle nous nous enlisons avec la nouvelle loi sur l’immigration. «I have to inform you that following the death of your late husband Mr Mario Louis Ratna, a citizen of Mauritius, you will cease to be a resident under section 6(2) of the Immigration Act as from 24 May 2019. You are also informed that following the loss of your status of resident, you cannot live and work in Mauritius without a resident/work permit after 24 May 2019. You are therefore kindly requested to make necessary arrangements to leave Mauritius on or before that date.»

 

Imaginons la réaction de n’importe qui, habitant dans un pays depuis presque 20 ans, recevant pareil courrier. Sans compter que la lettre est datée du 14 mai (la famille dit l’avoir réceptionnée le 21), pour l’informer qu’elle doit quitter Maurice avant ou le 24 mai. Dix jours donc pour tout laisser derrière et sceller un avenir. On a beau chercher, on peine à comprendre la logique, le bon sens, l’urgence. Comment ne pas deviner le choc, les interrogations, les inquiétudes : intimer de tout quitter, sa maison, son entourage, sa belle-famille, bref sa vie… On soupçonne les questions de cette Mauricienne car il faut le souligner, Léa détient sa carte d’identité. Ce qui fait dire à l’avocat Erickson Mooneeapillay, responsable de l’association Dis-Moi, que «c’est une maladresse magistrale du PIO». Voilà comment on fait subir inutilement une douloureuse épreuve à une maman, déjà fragilisée et affectée par la perte brutale de son époux, et qui doit désormais livrer combat pour rester dans ce pays où elle a trouvé l’amour, où elle a construit une famille et qu’elle considère désormais comme le sien.

 

Si l’histoire de Léa doit être sous le feu des projecteurs, c’est parce que tout comme dans le cas de Hofman, il nous faut condamner cette manière indigne de faire des autorités. Dénonçons ces indécentes tracasseries que nous faisons subir aux étrangers/ères, partenaires de nos compatriotes, ceux-là qui, bien souvent, ont aussi contribué à notre économie et envers qui nous manquons d’égards, de respect et de bienveillance.

 

Ici, la jeune Malgache, venue à Maurice à 21 ans, s’est échinée comme machiniste avant la fermeture de l’entreprise où elle travaillait. Mais qui s’en rend compte ? Qui va se soucier de sa contribution ? Parce que pour les autorités, Léa n’est qu’une référence de dossier qu’on expulse comme ça d’un trait de plume du jour au lendemain, avec une facilité déconcertante. Sans aucune vérification de sa situation. Détient-elle la nationalité mauricienne, a-t-elle des enfants ?

 

L’administration ne fait pas dans les sentiments. C’est connu ! C’est dire à quel point cette loi sur l’immigration est terriblement dangereuse, hautement contestable et représente une dérive. Parce que hier, c’était un pilote, aujourd’hui, c’est une mère de famille, et demain, ce sera d’autres cas, d’autres histoires, qui s’ajouteront à la liste des expulsés voire des indésirables du gouvernement du jour de notre pays. Est-ce ce regard cruel que nous portons sur l’autre qui n’est pas né sur le même sol que nous ? Est-ce ainsi que les autorités veulent que nous vivions dans une démocratie ? Quelle désespérante inhumanité !