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Centres d’éveil de Caritas : Un cri du cœur

Pour Mary Legallant, l’une des solutions serait que les Mauriciens parrainent les petits.

Les 16 centres d’éveil à travers le pays sont en danger. Face à la menace de fermeture, l’équipe de Caritas lance un appel à l’aide aux Mauriciens en les appelant à venir parrainer leurs bénéficiaires.

L’inquiétude. L’incertitude. La peur. Depuis le début de l’année, l’équipe de Caritas, et plus particulièrement celle des centres d’éveil, fait face à des épreuves difficiles. En cause ? Les nouveaux règlements de la Corporate Social Responsibility (CSR) qui stipulent désormais que 75 % de la somme CSR venant des entreprises doivent aller directement à la National CSR Foundation qui décidera par la suite à qui allouer ces fonds. Du coup, trouver du financement pour les ONG est devenu une tâche encore plus ardue et compliquée. À l’instar des centres d’éveil de Caritas qui se retrouvent aujourd’hui dans le flou face à l’avenir.

 

Une incertitude qui pèse lourd sur le moral de ceux qui, au quotidien, éduquent, accompagnent, guident, soutiennent et aiment les enfants issus de milieux vulnérables. «Nous avons besoin de Rs 13 millions par an pour soutenir nos 16 centres d’éveil. Nous n’avons reçu à ce jour que Rs 3 millions. Comment combler un trou de Rs 10 millions ? Avec tous ces changements au niveau du CSR, trouver des fonds est devenu très difficile. Aujourd’hui, la menace qui pèse sur ces centres d’éveil est réelle», lance d’emblée Mary Legallant, coordinatrice des centres d’éveil de Caritas.

 

Jusqu’à l’année dernière, souligne-t-elle, les centres étaient entièrement financés par la Fondation Joseph Lagesse qui a finalement décidé de revoir sa contribution à la baisse afin de se concentrer sur ses propres projets. «Ils nous soutiennent depuis toujours et leur aide a été précieuse. L’année dernière, ils ont décidé de réduire leur financement de moitié en nous annonçant qu’ils allaient se retirer peu à peu pour s’occuper de leurs propres projets. Nous avons alors soumis notre projet à la National Corporate Social Responsability (NCSR) mais aujourd’hui, avec ce qu’ils nous donnent, nous ne pourrons pas nous en sortir.»

 

Cette éventualité, les responsables veulent à tout prix l’éloigner le plus possible car mettre un terme à l’existence de ces centres d’éveil serait, estime Mary Legallant, une grosse perte pour de nombreuses familles qui ont besoin de cette main tendue pour avancer. Les centres d’éveil existent depuis maintenant 13 ans. Le tout premier voit le jour en 2005 à Cité Ste-Claire à Goodlands lorsqu’un groupe de paroissiens, interpellés par le nombre grandissant de jeunes qui traînent les rues, décident de faire quelque chose pour leur communauté. «Il y avait beaucoup d’enfants qui, par manque de moyens, n’allaient pas à l’école. L’idée, c’était d’avoir un endroit sain et en toute sécurité où les enfants pourraient être sous la responsabilité d’adultes qui s’occuperaient d’eux», se souvient Mary Legallant, qui était elle-même l’une des premières encadrantes dans ce premier centre.

 

Cependant, après un an, faute de financement, celui-ci ferme ses portes. Ce n’est que trois ans plus tard que le projet sera remis sur pied. En 2008, celui de Goodlands rouvre ses portes et un autre centre d’éveil voit le jour à Roche-Bois avec pour objectif d’accueillir les enfants de 3 ans venant de régions difficiles et de familles vulnérables. «Au fur et à mesure, les gens autour de nous ont commencé à croire en ce projet. Nous nous sommes professionnalisés pour accompagner et soutenir au mieux nos bénéficiaires.» Au fil des années, l’aide se précise.

 

Autonomie des petits

 

Pailles, Cassis, Tranquebar, Batimarais, Bambous, St-Pierre, Souillac, Solitude, Pamplemousses, Mangalkhan, Bambous, Richelieu, Grand-Gaube, Bois-Marchand, les centres d’éveil se multiplient accueillant toujours et encore plus de bénéficiaires. Tout est pris en charge par le centre : le matériel scolaire, les uniformes, le transport, le petit-déjeuner, le déjeuner et autres. «Il faut savoir que ce service a été imaginé pour les familles vivant dans des conditions difficiles. Souvent, les mamans ne peuvent pas aller travailler parce qu’elles n’ont pas d’argent pour payer une garderie. Beaucoup peuvent ensuite trouver du travail. Les enfants reçoivent des repas chauds parce que malheureusement, encore en 2019, des enfants ne mangent pas à leur faim», lance Mary Legallant. 

 

Les puéricultrices et assistantes suivent des formations pédagogiques. Avec Odile Merven, responsable pédagogique, ils mettent en place une méthodologie d’apprentissage qui permet l’autonomie et l’épanouissement des petits. Grâce à la méthode Montessori, ils développent des exercices et des activités visant à développer leur motricité, leur imagination, leur langage, à favoriser leur socialisation et leur épanouissement. Cindy Zemira, puéricultrice au centre de Bois-Marchand depuis neuf ans, ne pouvait rêver d’un meilleur travail. D’ailleurs, c’est pour elle bien plus qu’un métier. «C’est ma vocation. C’est un privilège d’accompagner les enfants et les parents de mon endroit.»

 

Habitante de la localité, elle a toujours voulu s’engager pour sa communauté. Le manque d’encadrement, dit-elle, s’est toujours fait ressentir. On pouvait le voir au nombre d’enfants qui ne se rendaient pas à l’école ou alors qui étaient en échec scolaire. Livrés à eux-mêmes, ils étaient à la merci des dangers. «Nous sommes là pour que, dès le début, ils puissent avoir les bonnes bases, pour les pousser dans la bonne direction. Nous créons un lien de confiance avec les enfants mais aussi les parents car le travail doit se faire avec les deux parties.» Si les puéricultrices se consacrent aux enfants, deux visiteuses s’occupent du suivi avec la famille, élément indispensable dans cet accompagnement. À travers elles, les parents sont invités à être parties prenantes de cette mouvance grâce, notamment, à des formations et des ateliers auxquels ils peuvent participer.

 

Depuis leur création, les centres d’éveil ont vu défiler plus de 5 525 bénéficiaires issus de toutes les communautés du pays. La demande est toujours aussi importante mais cette année, tout pourrait être remis en question. Sylvana Moutalnankin, responsable du centre de Bambous, a rejoint l’équipe en 2009. Si l’inquiétude d’un demain incertain plane, elle ne doute pas une minute de l’importance des centres d’éveil et de leur rôle auprès des familles. «Nous ne sommes pas une garderie ni une maternelle. Ici, tout est différent. L’enfant est plus libre, nous l’aimons, l’encourageons, l’accompagnons. Il a droit à toutes sortes d’activités ludiques pour qu’il puisse se développer et s’épanouir. Les centres d’éveil ont aidé de nombreuses familles. Beaucoup d'enfants s’en sont sortis grâce à cet encadrement. Ce serait dommage d’en priver les autres.»

 

Avec ces nouvelles règlementations, Caritas a pu constater la baisse drastique au niveau de l’allocation des fonds. Depuis, les responsables de l’association se démènent pour trouver des solutions et éviter le pire. Tout le monde est impliqué dans ce combat. «Nous sommes en train d’identifier d’autres entreprises qui pourraient nous aider. Nous allons également lancer un appel aux paroissiens pour qu’ils nous soutiennent. Nous devons à tout prix réunir la somme qui manque. Aujourd’hui, nous demandons à tous les Mauriciens de nous aider à poursuivre notre mission», lance Mary Legallant. En effet, Caritas est à la recherche de personnes qui pourraient parrainer les enfants. Un bénéficiaire coûte Rs 2 723 par mois. Ce n’est que comme ça que les centres d’éveil auront une chance de s’en sortir. C’est, dit-elle, l’avenir de plusieurs enfants qui est en jeu.