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Syndrome d’Alcoolisation Fœtale : L’art, une arme pour la sensibilisation

Ces créations sont disponibles sur ARTZIL/clay sur Facebook  et via mail : artzil@outlook.com

Les effets de l’alcool sur le développement de l’enfant à naître sont souvent irréversibles. Pour mieux faire connaître ce mal, Marie-Laure Ziss-Phokeer crée des pendentifs qui illustrent la maternité. Une partie des fonds est reversée à l’association Étoile d’Espérance, qui vient en aide et soutient les femmes alcooliques.

Nous sommes peu nombreux à connaître et à comprendre ce trouble. Pourtant, le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) est une réalité qui touche plusieurs familles. Ne pas boire pendant la grossesse est une consigne connue mais à quel point les femmes la respectent-elles ? Consommer de l’alcool pendant la grossesse a des effets dévastateurs sur le fœtus et sur l’enfant. Les conséquences sont graves : malformation physique, retard du développement physique et mental, trouble psychique, trouble du comportement, déficience intellectuelle, entre autres.

 

Marie-Laure Ziss-Phokeer a toujours été interpellée par le SAF et les dommages que cela entraîne sur la vie des enfants. Longtemps active socialement, c’est lors d’un séjour en Afrique du Sud qu’elle a décidé de dédier son engagement à cette cause. «Pendant un an, j’ai vécu en Afrique du Sud où mon époux complétait son PHD. Comme je ne travaillais pas, j’ai commencé à suivre des cours de poterie et de sculpture. J’en suis fan depuis longtemps. J’ai été formée chez John Bauer’s studio – Montebello Design et Centre Guy Walters’s School of Ceramics de Cape Town.» Les mois défilent et la jeune femme enchaîne les créations tout en continuant à se former auprès de son professeur.

 

C’est d’ailleurs ce dernier qui lui donnera l’idée de faire des pendentifs. Et elle tombe peu après sur l’association Home of Hope, une ONG spécialisée dans le combat contre le SAF. Poussée par son envie de contribuer à cette cause, Marie-Laure Ziss-Phokeer décide de créer une première collection au profit de l’association. «Souvent, on voyait  des enfants au comportement différent. Certains sont agressifs, d’autres turbulents. Les gens se disent tout de suite qu’ils sont mal élevés alors qu’ils présentent simplement des symptômes du SAF.»

 

Lorsqu’elle rentre à Maurice il y a quelques mois avec sa famille, c’était pour elle évident de poursuivre dans cette voie. Avec ARTZIL, elle crée des pendentifs qui représentent la maternité et la féminité. C’est donc tout naturellement qu’elle prend contact avec la seule association qui parle encore et encore du SAF, Étoile d’Espérance, l’ONG qui vient en aide aux femmes alcooliques. Son idée ? Utiliser son art pour lever des fonds pour l’association mais aussi pour sensibiliser les Mauriciens au SAF. Ainsi, sur chaque collier vendu à Rs 500, Rs 100 sont reversées à l’association. «Aujourd’hui, le SAF n’est connu que par une minorité. La majorité des Mauriciens ne savent pas de quoi il s’agit vraiment. Nous devons changer cela.»

 

Micaëlla Clément, directrice associée chez Étoile d’Espérance, a tout de suite été séduite par l’idée. Du soutien, l’association en a grandement besoin pour que le message puisse être transmis. «Marie-Laure est très sensible à la cause du SAF. Nous avons reçu un premier don qui nous aidera à poursuivre notre mission.» Et l’une des missions d’Étoile d’Espérance est justement de faire la prévention pour que de plus en plus de Mauriciens soient conscients du danger qu’entraîne la consommation d’alcool durant la grossesse.

 

Si c’est encore un mal méconnu des Mauriciens, la situation n’est pas pour autant totalement désespérée. «Ça fait son chemin. Les gens commencent à comprendre ce qu’on raconte. Mais il reste tellement à faire. Aujourd’hui, nous avons besoin d’aide et de soutien. Le ministère de la Santé, tout d’abord, devrait s’impliquer davantage. Nous faisons notre maximum mais nous avons besoin de plus de moyens», explique Micaëlla Clément.

 

Récemment, 20 femmes leaders ont pu participer à une formation d’Étoile d’Espérance sur le SAF. L’association nourrit encore de nombreux projets. «Nous espérons pouvoir aller sur le terrain, dans les hôpitaux et les dispensaires pour rencontrer les femmes et animer des causeries.» Pour l’heure, affirme Micaëlla Clément, les manquements sont nombreux. Une rencontre a déjà eu lieu avec les représentants du ministère de la Santé pendant laquelle plusieurs points ont été abordés. «Il nous manque des statistiques. Avec des chiffres plus précis, nous pourrons mieux cibler notre action. Nous avons aussi besoin d’un centre de diagnostic qui n’existe pas à Maurice mais le plus important c’est d’avoir un lieu où on peut aborder le sujet facilement, en parler ouvertement et où les femmes et les enfants peuvent recevoir un encadrement psychologique et médical. On y croit. On veut le faire.»

 

En attendant, des actions comme celles de Marie-Laure Ziss-Phokeer sont les bienvenues et contribuent à faire bouger les choses. C’était justement l’intention de cette dernière. Qu’on parle du SAF et qu’on sache ce que c’est. À travers ses pendentifs, la sensibilisation fonctionne. «Je pense que petit à petit, on y arrive. Lorsque j’ai présenté mes créations à un marché de Noël dernièrement, de nombreuses personnes sont venues vers moi pour me poser des questions sur le SAF. Le fait de pouvoir les intéresser est déjà un pas en avant.»

 

Alors qu’elle a lancé une deuxième collection, Marie-Laure Ziss-Phokeer nourrit encore de nombreux projets avec toujours cette envie de placer le social au cœur de chacun d’entre eux. Si elle compte développer d’autres produits, elle a surtout l’intention de former les éducateurs des ONG et d’organiser des team building autour de l’argile pour le personnel et les volontaires des ONG.