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Allan, le miraculé, raconte le drame

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Cindy Stanley et Bruno Augustin

Allan, l’un des occupants de la Honda Civic blanche impliquée dans l’accident de la route à Chemin Vingt Pieds, Grand-Baie, dans la nuit de samedi à dimanche dernier qui a fait deux morts et trois blessés, raconte le fil des événements qui ont précédé le drame qui a coûté la vie à Cindy Stanley, une jeune mère âgée de 23 ans, et à son frère, Bruno Augustin, 21 ans, médaillé d’argent aux derniers JIOI.

Allan était quelque peu soulagé mardi dernier. L’esquisse d’un sourire se voyait sur son visage. Alors qu’il était dans les couloirs de l’Intensive Care Unit (ICU) de l’hôpital SSR de Pamplemousses, ce jeune homme de 23 ans apprit que son frère aîné, Ludovic Ettia âgé de 27 ans, n’était plus sous respiration artificielle. Ce dernier est l’un des rescapés de l’accident de Grand-Baie. Allan et ses proches étaient venus lui rendre visite. Allan nous raconte la tragique soirée.


Selon Allan, Cindy Stanley, 23 ans, femme au foyer a débarqué chez lui, à Vacoas, aux alentours de 16 heures ce samedi-là en compagnie de Stacy, sa fillette âgée de deux ans. Elle y était invitée à dîner en compagnie de son époux Jean-Marc Stanley. Ce dernier et les frères Ettia, Allan et Ludovic, sont amis depuis leur enfance. Jean-Marc, pris par son travail, a débarqué chez les Ettia aux alentours de 19h50. Le dîner en question était prévu une semaine plus tôt mais avait dû être renvoyé pour plusieurs raisons, entre autres, le mauvais temps qui prévalait le samedi d’avant. Allan explique que le dîner s’est déroulé dans une ambiance joyeuse vu que les deux familles sont très proches. Ses parents étaient aussi présents lors du dîner. Natacha, sa belle-soeur, l’épouse de Ludovic, était cependant absente car elle s’était rendue chez ses parents en compagnie de sa fille Anais, âgée de trois ans, et de son fils Loïc, âgé d’un an et demi.


Le dîner terminé, la conversation tourna autour d’une tournée en discothèque. L’un des proches des Ettia est propriétaire d’une discothèque très connue à Grand-Baie. Allan explique qu’il y eut, dans un premier temps, un flottement dans les opinions dans les deux camps. “Je leur avait dit qu’il fallait éviter de prendre une voiture pour se rendre à la discothèque car mon frère et moi, nous avions fait un accident de la route à Bain Boeuf quelques mois plus tôt en revenant d’une discothèque. Je m’en étais sorti sans une seule égratignure alors que mon frère avait eu une blessure à la cheville”, explique Allan. Et de poursuivre : “Je leur ai alors proposé de louer un bungalow à proximité de la discothèque pour éviter un long trajet en voiture”. Mais aux alentours de 22 heures, le couple Stanley et les frères Ettia décidèrent finalement de se rendre par autobus de Vacoas à Port-Louis et de là, ils prendraient un taxi pour Grand-Baie. “Cindy avait déjà téléphoné à sa mère à Baie du Tombeau pour lui dire qu’elle allait venir déposer sa fille”, raconte Allan.
 
C’est toutefois en taxi que les Ettia et les Stanley débarquèrent à la gare Victoria à Port-Louis : “Le chauffeur du taxi, dont on ne connaissait pas l’identité, était très amical. J’ai  eu l’impression qu’il avait le pressentiment d’un malheur car il refusait de nous laisser partir et continuait à nous tenir la conversation même après nous avoir déposés”, se souvient Allan. C’est finalement dans une Honda Civic de couleur blanche que les Ettia et les Stanley se rendirent à Baie du Tombeau. La voiture était conduite par un dénommé Kersley Sainte-Marie, un ami des Ettia qui habite Riche-Terre et qui allait, lui aussi, en boîte. De plus, il se rendait dans la même discothèque que les Ettia et les Stanley. Il a accepté de passer les prendre à Port-Louis pour ensuite les conduire à Grand-Baie en passant par Baie du Tombeau où Cindy devait déposer sa fillette chez ses parents.


Le drame
À Baie du Tombeau, le nombre d’occupants de la voiture augmenta car Bruno Augustin, frère cadet de Cindy Stanley, décida, lui aussi, de se joindre au groupe. Dans la voiture, l’atmosphère était rigolote car c’était la première fois que Cindy sortait la nuit pour aller en boîte. Allan explique qu’il était assis à côté du chauffeur. Sur le siège arrière, dit-il, se trouvaient, de gauche à droite, Jean-Marc, Ludovic, Bruno et Cindy. En sortant de Baie du Tombeau, le chauffeur évita l’autoroute et emprunta la route royale menant à Triolet pour ensuite emprunter Chemin Vingt Pieds qui mène directement à Grand-Baie.


Allan explique qu’il pleuvait à verse ce jour-là et que la climatisation de la voiture ne marchait pas : “Il était aux alentours de 00h50. Kersley conduisait à  une vitesse raisonnable car il pleuvait beaucoup. De plus, le pare-brise était couvert de buées”. Allan ajoute que le drame s’est produit en quelques secondes. Selon lui, sur la route dite Chemin Vingt Pieds, la voiture dans laquelle ils se trouvaient a soudainement dérapé vers la gauche en voulant éviter une voiture qui arrivait en sens inverse et qui n’avait pas gardé son couloir; de plus elle roulait à pleins feux. “Lorsque Kersley a essayé de redresser la voiture en donnant un coup de voulant à droite, il a perdu le contrôle du véhicule qui est entré en collision avec un arbre se trouvant en bordure de  la route”. Allan continue son récit : “C’est du côté de Cindy que la voiture a percuté l’arbre”. Allan explique que la lunette arrière de la voiture vola en éclats de même que plusieurs vitres du véhicule.


Le jeune homme ne croyait pas ce qu’il venait de vivre à nouveau : “Eski ti bisin faire accident enkor”, se demanda-t-il alors qu’il était toujours assis sur le siège avant. Allan explique qu’il a essayé d’ouvrir la portière avant qui était de son côté, mais en vain : “J’étais retenu pas la ceinture de sécurité. J’ai voulu ouvrir la portière mais je n’ai pas pu le faire. C’est alors que je me suis tourné vers ceux qui étaient à l’arrière. Je voulais crier et pleurer. Cindy était coincée et inconsciente. Son frère saignait beaucoup de même que mon frère. Ils étaient aussi inconscients”. Et d’ajouter : “J’ai dû briser la vitre de la portière où se trouvait Jean-Marc pour pouvoir sortir de la voiture. Jean-Marc  était blessé au bras droit mais il était conscient et m’a aidé à sortir de la voiture”. Jean-Marc lui est, par la suite, sorti du véhicule.  L’accident n’a pas laissé insensibles les usagers de la route qui passaient par là. Les volontaires ont afflué pour leur venir en aide.


Les policiers, le personnel médical du SAMU et les pompiers ne tardèrent pas à arriver sur les lieux. Selon les dires d’Allan, c’est le corps de Ludovic que les policiers ont retiré en premier. Celui de Bruno a été retiré après. “Les policiers n’ont pas pu retiré le corps de Cindy dans un premier temps. Ce sont les pompiers qui ont pu le faire après avoir découpé la partie de la voiture où été assise Cindy”, explique Allan. Le Dr Aulear, du SAMU, présent sur les lieux, constata que Cindy était déjà décédée. Le rapport de l’autopsie a révélé, par la suite, qu’elle est décédée d’une fracture au bas du crâne avec des lacérations au cerveau. Les autres blessés ont été conduits séparément à  l’hôpital SSR de Pamplemousses. Bruno Augustin et Ludovic Ettia ont été admis à l’ICU alors que Jean-Marc Stanley et Kersley Sainte-Marie ont reçu les premiers soins dans une autre unité de l’hôpital SSR de Pamplemousses. Allan explique qu’il s’en est sorti sans une seule égratignure. Il n’a, d’ailleurs, pas été admis en salle.


Troublé par ce qu’il a vu et vécu, Allan explique qu’il est parti chez un de ses proches dans le Nord pour se reposer. Ce n’est que le lendemain, dit-il, qu’il a appris que son frère aîné et Bruno Augustin étaient à l’ICU : “Bruno était dans le coma alors que mon frère était sous respiration artificielle”. Mais dans la soirée de dimanche dernier, Bruno succomba à ses blessures aux alentours de 20h30.


Les funérailles
La désolation était à son comble chez la famille Augustin lundi dernier. Les funérailles de Cindy et de Bruno ont eu lieu ce jour-là; celles de Cindy à 11h30 et celles de Bruno à 15h30. Ceux présents cachaient mal leur désarroi devant cette loude perte endurée par la famille Augustin. Marie-Lise, la mère de Bruno et de Cindy était inconsable : “Mone perdi tou avek la mort mo tifi ek mo bel zom. Lavi pena sens pu mwa aster”. Et d’ajouter : “Bruno ti mo la main droite. Couma mo pu faire aster. Mille fois so la main ek so lipié ti cassé ou soit ki li ti lor chaise roulante ki li mort. Ena ene douleur immense lor mo leker aster”. Rachel Augustin, épouse de Bruno, fait peine à voir. Cette jeune femme de 20 ans se retrouve veuve du jour au lendemain avec un fils de deux ans à sa charge. De plus, elle est enceinte de trois mois. Les larmes n’arrêtaient pas de perler sur son visage. Une phrase revenait comme un leitmotiv : “Je lui avais demandé de ne pas partir en discothèque. Il ne m’a pas écoutée”. La jeune femme à l’allure maigrelette n’en croyait toujours pas ses yeux lorsqu’elle arriva devant le corps inerte de son époux qui reposait sur un canapé. À sa mère, présente à ses côtés, elle n’arrêtait pas de dire :“Ma, pas li sa, tone get so figire. Blanco (Ndlr : sobriquet de Bruno) pa coume sa li, li pa pé lé lévé ma”.


Jean-Marc, absent aux funérailles de sa défunte épouse - il était toujours hospitalisé - a quand même tenu à être présent à celles de son beau-frère. Il a dû signer un ‘Discharge Against Medical Advice’ (DAMA) pour pouvoir être aux côtés des siens alors qu’il devait subir une opération chirurgicale. À son arrivée, sa belle-mère Marie-Lise,  ne put contenir ses larmes. Elle commença une phrase avant de s’évanouir dans les bras de son fils cadet qui retenait lui aussi, difficilement ses larmes. Jean-Marc n’arrêtait pas de répéter à ceux qui l’interrogeaient sur les circonstances de l’accident : “Je n’ai rien pu faire pour sauver mon épouse alors qu’elle me demandait de l’aider avant de perdre connaissance”. Pour cet habitant de Petite-Rivière, la vie n’a plus aucun sens depuis le décès de son épouse : “Mo envi crié, mo envi ploré, douleur la énorme”. Jean-Marc, malgré son immense chagrin, ne put s’empêcher de nous confier : “Mon épouse a arrêté d’allaiter ma  fille, il y a deux semaines de cela, sous prétexte de  la déshabituer d’elle”. Aujourd’hui, sa fille, dit-il, n’est que le seul souvenir qui lui reste de son épouse.


À mercredi dernier, l’état de santé de Ludovic Ettia s’était quelque peu amélioré, selon ses proches. Il a même parlé à Ginette, sa mère et a pu se nourrir.

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