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Victoire d’ABAIM en Cour : «Sega Bello» entre dans le patrimoine oral

Marousia Bouvéry fait ressortir que sur des documents maintenant publics, il est précisé qu’Alain Permal n’a fait que les arrangements de la chanson Sega Bello.

Une affaire qui dure depuis 2009. Le 2 février, la Cour suprême a radié la plainte des héritiers de feu Alain Permal contre ABAIM et la Rights Management Society. Le litige : la chanson Sega Bello. ABAIM a fourni moult preuves et témoignages pour démontrer que feu Alain Permal n’a fait que des arrangements mineurs sur ce titre dont il s’est attribué la paternité mais qu’il n’a ni composé ni écrit. Finalement, les héritiers du défunt chanteur ont retiré leur plainte. Marousia Bouvéry, porte-parole d’ABAIM, nous conte le combat du groupe pour une «restitution du patrimoine culturel mauricien».

Parlez-nous du début de toute cette affaire… 

 

En 2009, ABAIM sort un album de collectage, Rekreasyon, 31 ti parfin nou memwar, reprenant 31 morceaux issus du patrimoine local. Parmi, Sega Bello que nous déclarons comme étant du domaine public. En 2011, feu Alain Permal nous poursuit pour usurpation de droit d’auteur après nous avoir affirmé de sa bouche et dans un entretien à Week-end Scope qu’il entendait sa grand-mère fredonner cette chanson. Ses héritiers maintiennent la poursuite à sa mort. Nous avons toujours maintenu que ce morceau provient d’un air traditionnel et du patrimoine oral, surtout avec comme ajout Mon mari pêcheur, un morceau réunionnais datant des années 30. Par ailleurs, la version de Permal était tronquée dans la mesure qu’il y manquait une importante partie («tou piti ki li fer papa Goulou diab la manze») qui donne à cette chanson du patrimoine une signification profonde que la médecine moderne appelle la psychose puerpérale (puerperal psychosis). 

 

Quelles leçons peut-on tirer de toute cette histoire ? 

 

Deux leçons. (1) Tout cela met en lumière le fait que certaines personnes se sont appropriées le contenu de notre patrimoine oral commun consciemment ou inconsciemment. (2) Il faut à tout prix mettre sur pied un mécanisme pour recenser ce domaine afin d’éviter des ennuis inutiles aux personnes de bonne foi. 

 

Vous avez mis à la disposition du public plusieurs documents (pochettes de vinyl, documents de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique – SACEM) comme preuves que la chanson n’est pas d’Alain Permal. Où les trouver ? 

 

ABAIM a déjà fourni ces documents, fruit d’un âpre travail de recherche et de documentation à Maurice et à La Réunion, à la presse. Ce sera à vous de les relayer. 

 

Quel est l’impact d’une telle décision de la Cour sur l’œuvre Sega Bello elle-même ? 

 

La chanson est maintenant solidement ancrée dans le domaine public comme défendu par ABAIM et d’autres personnes comme Marclaine Antoine.

 

Au final, qui a composé cette chanson ? 

 

Personne ne le sait. Ce qui fait qu’il appartient au patrimoine oral.

 

Le groupe ABAIM se penchera-t-il sur d’autres dossiers du même genre ? 

 

C’est un travail continu. Il est urgent que le National Heritage Fund, de concert avec d’autres autorités, se penche sérieusement sur ce dossier et dresse une liste de notre patrimoine oral. Ceux qui ont collecté des morceaux dans le passé peuvent alors bénéficier de statut de grand collectionneur. Nos gran dimounn s’en vont et avec eux, les connaissances. Marclaine Antoine, Fanfan, par exemple, sont des mémoires qu’il est urgent de consulter.