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Eddy Armelle : adieu au père, à l’artiste, à l’ami

En plus des mauvaises nouvelles dues au coronavirus, Maurice s’est mal réveillée le mardi 30 mars, avec l’annonce de la mort d’Eddy Armelle, l’homme derrière le fameux Jouni Jouna de Cassiya, disque de l’année en 1994. Ses proches et ses amis dressent son portrait... 

Vous connaissez les paroles du tube. Et pourquoi ne pas aller réécouter ce bon vieux Jouni Jouna, comme au temps où ce morceau du groupe Cassiya nous faisait tellement danser, comme lorsqu’il a été sacré disque de l’année en 1994 ? Hélas, la musique mauricienne est en deuil avec le décès, le mardi 30 mars, de son compositeur et interprète Eddy Armelle, parti à l’âge de 60 ans des suites de complications de santé.

 

60 ans d’une vie personnelle et musicale bien remplie ; avant de faire partie du line-up original de Cassiya en 92-93, Eddy Armelle faisait résonner notre sega tipik dans les hôtels. Avec le groupe Cassiya, il faisait les percussions, avant d’aller aussi vers le chant, ce qui lui a valu son titre-phare en 1994. Et puis, c’est l’ascension avec Cassiya, avec bon nombre de concerts à La Réunion et en Europe, des albums aussi.

 

En 2003, l’habitant de Cassis, puis de La Tour Koenig, quitte le groupe et va, dans un sens, préparer la relève : son fils Donovan sortira un album avec lui en 2017, intitulé Soulier Tip Top, avec une reprise de Jouni Jouna. Autre belle relève : la carrière bien populaire de son neveu Clarel Armelle, fils de feu George Armelle, l’homme derrière Angui la korde.

 

Donovan Armelle parle avec émotion du père et du musicien : «C’est un papa qui m’a toujours encouragé dans mes décisions et qui, en plus, avec les autres membres de la famille, arrivait à toujours me transmettre cette passion de la musique, qui a d’ailleurs touché mon cousin également (rires). À la maison, la musique était souvent le principal sujet de conversation.» Le départ du père est triste, évidemment : «La dernière fois qu’il est venu me voir (NdlR : Donovan habite à Tranquebar), il voulait à tout prix passer du temps avec mon fils d’un an. Il avait des soucis de santé dus à un cancer du côlon mais il s’est plus plaint de douleurs au ventre avant qu’on aille à l’hôpital et qu’il décède par la suite.»

 

Un père… et un ami aussi, comme nous le dit Désiré François, qu’on ne présente plus : «C’est quelqu’un avec qui j’ai grandi, c’était une relation très fraternelle, d’autant qu’il m’a aussi appris à jouer de la guitare. Je retiens de lui qu’il était un bon vivant, enn mari traser, en plus d’être un sacré artiste.» L’autre ami, c’est Alain Ramanisum, claviériste de Cassiya à l’époque : «On a grandi ensemble, pris l’avion pour la première fois ensemble, découvert tellement de pays ensemble ! Mais c’était avant tout un bon ami, il y a tellement à dire sur lui, tellement d’anecdotes.» 

   

Justement, des anecdotes, Gérard Louis, actuel président de la Mauritius Society of Authors et ancien guitariste du groupe Cassiya, en a plusieurs. Il nous en raconte une : «Je me souviens d’Eddy comme quelqu’un de plutôt “craintif”. Pas dans le sens négatif du tout mais dans le bon sens ; ça faisait plutôt son charme. On aimait le taquiner autant qu’on l’appréciait. Je me rappelle qu’il était toujours stressé quand il fallait prendre l’avion. Au beau milieu du vol, on n’arrêtait pas de lui demander si ça allait juste pour l’embêter (rires). Il hésitait aussi des fois pour ses arrangements avec les percussions mais on lui disait : “Vas-y, c’est bon.” Le talent était là en tout cas, vu le succès de Jouni Jouna.»

 

L’un des derniers à avoir bossé avec lui est Jimmy Veerapen, directeur de la boîte d’événementiel Culture Events and Productions. Rappelez-vous, en 2012, Eddy Armelle faisait partie des musiciens sur scène pour un grand concert de Cassiya qui avait réuni plusieurs du line-up original au J&J Auditorium. Depuis, Jimmy Veerapen a côtoyé plusieurs fois Eddy Armelle : «C’était une force tranquille, qui connaissait bien toute sa partie percussion au sein de Cassiya. Il venait aux répétitions, il s’installait, il savait quoi faire, la discipline des grands musiciens. J’espère que son fils et son neveu porteront bien haut son héritage.» 

 

Des temps tristes actuellement, en attendant des jours plus heureux et surtout plus musicaux, avec la relève assurée par Donovan et son cousin Clarel. En attendant, chantons ensemble : «So kaba lor so zepol…»