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Adieu à la mémoire de Diego

La vice-présidente du Groupe Réfugiés Chagos a inspiré plus d’un par sa force et sa détermination.

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Elle était sur tous les fronts et répondait toujours présente pour défendre la cause chagossienne.

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Ses funérailles ont eu lieu jeudi dans une grande émotion.

La fervente militante de la lutte des Chagossiens pour un retour dans leurs îles natales est décédée, mercredi, et tous ceux qui l’ont côtoyée soulignent sa grande force intérieure qui ne l’a pas quittée
jusqu’à son dernier souffle…

Elle était petite par la taille. Mais sa capacité, sa ténacité et sa persévérance étaient immenses. Lisette Talate était un monument à elle toute seule. Malgré son air timide, son aspect menu, ses frêles épaules sur un corps tout maigre, elle symbolisait le combat de tout un peuple déraciné de ses îles, forcé à s’exiler ailleurs. Elle n’a cessé de se battre, de faire entendre sa voix pour que justice soit rendue à ses frères et sœurs qui ont souffert de devoir abandonner leurs terres du jour au lendemain.

Comme le dit Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos, à travers elle se contaient l’histoire et le douloureux itinéraire de ces fils et filles des Chagos qui, aujourd’hui encore, n’aspirent qu’à une seule chose : rentrer chez eux. Hélas, celle que beaucoup considéraient comme la mémoire de Diego et qui voulait à tout prix revoir sa terre natale, s’est éteinte, le mercredi 4 janvier, à l’âge de 70 ans.

«C’est elle qui m’a inspiré. Elle n’avait pas fait de grandes classes, mais elle avait la connaissance de la souffrance», confie Olivier Bancoult. Lisette a ainsi motivé et inspiré un grand nombre de personnes, à l’instar d’Eileen Talate, sa fille, ou encore Rita Bancoult et Charlézia Alexis, d’autres femmes qui mènent la lutte. La combattante ne ratait jamais une occasion de raconter son douloureux récit de femme meurtrie, déracinée, arrachée brutalement de Diego Garcia, île qu’elle qualifiait de paradis perdu.

«Une grande dame»

Comme le souligne Cassam Uteem, ancien président de la République, qui connaissait bien la défunte, c’est une grande dame qui s’en est allée : «Elle a été et continuera à être une source d’inspiration pour tous les Chagossiens. On devra se souvenir d’elle comme la femme courage, celle qui n’a pas hésité à se mesurer aux plus puissants, celle qui n’a pas hésité à aller défendre la cause de son peuple à la Haute Cour de Londres, celle qui n’a jamais baissé les bras. On a définitivement perdu une grande dame.»

Ce n’est pas Fernand Mandarin, dirigeant du Comité Social des Chagossiens, qui dira le contraire : «Elle était sincère dans son combat. Elle doit être un exemple pour toutes les femmes.» Un exemple, Lisette Talate l’est définitivement pour Sabrina Jean, présidente du Groupe Réfugiés Chagos en Angleterre, qui pleure sa disparition et qui lui rend hommage : «C’était une combattante qui a lutté pendant 30 ans pour son peuple.»

Quand elle déroulait le tapis de sa vie, Lisette Talate, cette Dame de fer que rien n’ébranlait, aimait remonter au temps du bonheur : son enfance insouciante, quand elle s’élançait agile dans les cocotiers et badamiers comme «ene ti garson». Elle évoquait, avec des étoiles dans les yeux, sa «jeunesse ensoleillée», son mariage à «16 ou 17 ans», la naissance de ses cinq enfants à Diego Garcia, l’île qui a vu naître les siens : son arrière-grand-mère, ses grands-parents, ses parents, ses frères et sœurs et ses enfants.

Elle ne se lassait pas de décrire les Chagos comme un endroit paradisiaque, paisible, où il faisait bon vivre, entre son travail à «decoque coco» et les après-midi quand elle cuisait le riz ou allait pêcher. Mais son récit était aussi émaillé d’images d’horreur, «comme dans un cauchemar», comme celles du jour où elle avait appris que «zile fine vender» ou quand elle avait embarqué sur le Norveder «comme une esclave» pour une traversée de cinq jours jusqu’aux Seychelles avant de rallier Maurice trois jours après.

Si une bonne partie de sa vie avait été souffrance et tragédie, une autre partie, et cela jusqu’à son dernier souffle, n’avait été que combat entre les diverses manifestations, les grèves de la faim et même l’emprisonnement. Lisette, la vice-présidente du Groupe Refugiés Chagos, était toujours au front pour que la justice triomphe.

Jeudi, la communauté chagossienne de Maurice et celle d’Angleterre étaient en communion pour dire un émouvant adieu à celle qui était la mémoire de Diego…

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