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Tremblement de terre Maurice menacée ?

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Les glissements de terrain de la Montagne des Signaux avaient suscité des inquiétudes dans le quartier de La Butte

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Le géo-physicien Prem Saddul et Sok Appadu, le directeur de la station météorologique de Vacoas

Quelques secousses lundi soir et c’est la panique. Une catastrophe naturelle se prépare-t-elle ? Non ! Des spécialistes de Maurice et de la Réunion sont catégoriques. Ils rassurent...

Oubliez les images de désastre tirées des superproductions hollywoodiennes ! Notre petite île ne connaîtra pas l’hécatombe. La terre qui tremble avec violence, des immeubles et des maisons qui s’effondrent faisant des milliers de morts… Nous n’en sommes pas encore là ! Nos quelques petites secousses ne risquent pas de se transformer en catastrophe naturelle…

Trop éloignée des zones tectoniques où les activités sismiques – autre terme pour dire tremblements de terre – sont fréquentes et puissantes, Maurice ne craint rien. En plus, les îles faisant partie des Mascareignes – Réunion, Rodrigues et Maurice - se trouvent sur la plaque somalienne qui ne cesse de se déplacer. C’est ce qui provoque des petites secousses, sans danger.

Rien d’anormal, donc, que certains habitants de Beau-Bassin, Plaine-Verte et Sainte-Croix aient ressenti, lundi vers 20h45, de faibles vibrations qui n’ont pas duré plus de quarante secondes. Des casseroles qui s’entrechoquent, la porte du réfrigérateur qui s’ouvre toute seule… les secousses ont fait beaucoup plus de peur que de mal(voir hors-texte). À cause de sa faible intensité : force 4 sur l’échelle de Richter qui en compte neuf (appareil servant à mesurer la magnitude d’un séisme), ce tremblement de terre n’a pas été pris en compte par le réseau mondial qui suit les séismes, selon l’observatoire volcanique de l’île de la Réunion.

Pour Valérie Ferrazzini, sismologue – spécialiste en étude des séismes et divers mouvements du sol –, qui travaille à cet observatoire, les Mauriciens n’ont pas à s’inquiéter ou à développer une «psychose» quant à l’éventualité d’un tremblement de terre puissant, capable de causer des dégâts. Selon cette experte, Maurice «est géologiquement éloignée» des zones tectoniques situées dans des régions telles que les Philippines, l’Arabie et l’Amérique où les tremblements de terre sont réputés pour être très violents. Pas de risque, donc, que notre île développe, du jour au lendemain, les caractéristiques de ces régions instables.

Sok Appadu, directeur du centre météorologique de Vacoas, et Prem Saddul, géophysicien, abondent dans le même sens. Pour eux, la responsable des récentes secousses est la plaque somalienne qui fait partie de la croûte terrestre des Mascareignes et de Madagascar.

Ses mouvements – «elle bouge à une vitesse de 3 cm par an vers le nord-nord-ouest» selon le géophysicien – seraient la cause des vibrations ressenties lundi soir: «Les activités sismiques de faible magnitude ne sont donc pas anormales dans la région car, quand la plaque somalienne se déplace beaucoup, elle provoque ces petites secousses», explique le spécialiste de la météo.

Ce n’est ni la première ni la dernière fois que Maurice vibrera ! Tout en douceur, bien sûr. Inutile d’imaginer des scénarios catastrophe… Dame Nature se charge de tout.

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Tsunami et éruption volcanique, une autre paire de manches

Et si on parlait tremblement de terre sous l’océan ? Le fameux tsunami ! Sur cette question, nos experts expriment des doutes : il y a bien danger. Infime, dans le cas d’un tsunami aux alentours de Maurice : «Si un pan du volcan de la Fournaise s’effondre dans l’océan, un tsunami pourrait se produire et atteindre les côtes de Maurice, mais tout cela est très hypothétique», explique Valérie Ferrazzini, sismologue à l’observatoire volcanique de la Réunion.

Soobaraj Sok Appadu, météorologue, émet également des réserves : «Le risque qu’un tsunami atteigne nos côtes existe, mais qu’une secousse sismique sous-marine provoque ce genre de raz-de-marée dans notre région est très faible».

Pourtant, le risque est bien réel si le raz-de-marée devait se produire aux alentours de Java, explique Prem Saddul. Mais selon le géophysicien, nous avons quelques avantages de notre côté : «Nous sommes loin de Java et nous avons donc 6 à 7 heures pour nous préparer et évacuer les régions à risque. En plus, nous sommes protégés par le plateau des Mascareignes. Nous sommes à l’extrême sud de ce plateau et il a la capacité de détourner et/ou diminuer l’impact du tsunami».

Mais sur la question de tremblement de terre, Prem Saddul redoute une reprise de l’activité volcanique dans notre île. Ces petites secousses sont des indicateurs : «Avant que La Fournaise ne reprenne ses activités, il y a toujours des secousses.»

Il est catégorique : «On ne peut pas écarter un regain d’éruptions volcaniques à Maurice car il y a des choses qui se passent sous la terre. L’île Maurice a été construite en cinq étapes. Entre les accalmies se sont écoulées entre 500 000 et 700 000 années. Après chaque étape il y a eu un regain d’activité La dernière remonte à 20 000 ans. Je n’écarte pas que ces secousses soient prémonitoires à une reprise des activités».

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Témoignages…

«Je regardais la télévision. Mon fauteuil a commencé à vibrer, le mur en bois derrière moi s’est mis à trembler et j’ai entendu les casseroles s’entrechoquer dans la cuisine. Zot ti p fer calang calang», confie Marie-Thérèse Castel, 72 ans. Cette habitante de Cité Chebel a eu la peur de sa vie, lundi soir : «Je croyais que c’était un rat dans la cuisine, mais je n’arrivais pas à expliquer les autres phénomènes.»

Cette mère de quatre enfants ne raconte alors à personne sa mésaventure. Mais, le lendemain matin en écoutant la radio, elle apprend la nouvelle du léger tremblement de terre. Pas du tout rassurée, elle parle de ses craintes : «J’ai eu un choc. Maintenant, je regarde ma maison et j’ai peur qu’elle ne s’effondre. Imaginez, s’il y a un tremblement de terre plus puissant, on pourrait tous mourir en un clin d’œil.»

La porte du réfrigérateur de Hafez, 69 ans, s’est ouverte toute seule. Elle était alors dans sa chambre à coucher à regarder la télévision : «J’ai senti une légere vibration.» Quelques secondes plus tard, sa belle-fille l’appelle : «Elle m’a dit que son lit avait bougé.» Cette habitante de Beau-Bassin, qui n’en est pas à sa première expérience-, «il s’était passé la même chose en décembre»-, voudrait qu’on puisse prévenir ce genre d’évènement : «Pour les cyclones, la météo nous tient au courant. Il faut que Maurice s’équipe d’appareils pour anticiper ces tremblements.» Maurice devrait se munir d’un séismographe d’ici la fin de l’année.

Kevin, de la rue Dr Reid à Beau-Bassin, n’a pas vécu l’événement en direct, mais en a constaté les conséquences : «J’avais collé des étoiles et des lunes fluorescentes au plafond. Je m’étais endormi et je n’ai rien ressenti. Le lendemain quand je me suis réveillé, j’ai vu que les étoiles et les lunes étaient toutes décollées. Quand j’ai entendu la nouvelle à la radio, j’ai su ce qui s’était passé.»

Par Yvonne Stephen

et Christophe Karghoo

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