• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Saisie de Rs 10 millions de cannabis à Pointe-aux-Sables - Incriminé par son oncle, le policier Brian Beauger nie toute implication
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression

Mafubo Mauritius : Un engagement au nom de la femme mauricienne

Huit jeunes femmes pour une cause importante à leurs yeux. Afin d’améliorer les conditions des femmes à Maurice et leur donner toutes les chances de réussir et de s’épanouir, elles ont décidé d’unir leurs forces avec un objectif : rendre la femme mauricienne un peu plus libre qu’avant.

Bien dans ses talons, professionnelle, indépendante… À elles huit, Diksha et Yajna Beeharry, Prisca Vieillesse, Javeshni Marimootoo, Jenna Chung, Zaynah Hosenie, Sneha Lutchmun et Kirtee Joggesser représentent la femme mauricienne d’aujourd’hui. Une femme qui se veut moderne, pour qui l’épanouissement personnel est aussi important que la réussite professionnelle, et qui peut changer un pneu crevé toute seule ou presque. Bref, une femme émancipée, autonome et, plus que tout, libre. C’est comme ça que ces huit jeunes femmes voient la Mauricienne d’aujourd’hui ou plutôt aimeraient la voir. Car Diksha Beeharry et ses amies sont bien conscientes qu’aujourd’hui encore de nombreuses femmes souffrent de discrimination, de préjugés, de n’avoir pas des chances et opportunités égales à celles des hommes, de conditions de vie difficiles qui limitent leur réussite. 

 

Conscientes d’un besoin de changement non seulement au niveau de la société mais surtout s’agissant de la mentalité des Mauriciens, toutes ont décidé de s’associer pour s’engager ensemble au nom de l’avancement de la femme. Et cet engagement se conjugue au quotidien à travers Mafubo Mauritius, une ONG mise en place récemment par ce groupe de jeunes femmes afin de faire bouger les choses. 

 

Tout a commencé en 2014, raconte Diksha Beeharry, présidente de l’association. Alors étudiante en droit en Angleterre, elle se rend pour quatre mois à Cape Town en Afrique du Sud pour un programme d’échange de volontariat. «J’assistais à un dîner de lever de fonds et j’ai eu la chance de rencontrer Monique Mujawamariya, la fondatrice de Mafubo Internationale, dont l’objectif est de faciliter l’intégration des femmes dans la société et de les accompagner dans leur épanouissement. Sa passion et son engagement à défendre l’intérêt des femmes m’ont tout de suite inspirée», raconte cette jeune avocate qui veut faire de Maurice «une nation où toutes les femmes sont les architectes de leur propre vie». 

 

Une fois de retour à Maurice, convaincue de l’importance d’une telle association à Maurice, Diksha Beeharry en parle à sa sœur, puis à quelques amies, et ensemble elles lancent Mafubo Mauritius avec l’intime conviction de militer pour l’intérêt des femmes et l’égalité du genre. Et comme l’union fait la force, elles épousent toutes la mission de l’association qui est non seulement d’agir pour l’autonomisation et l’émancipation mais aussi l’intégration des femmes dans le développement. 

 

Rêver ensemble

 

Elles s’engagent aussi à trouver des solutions pour un meilleur environnement et des meilleures conditions de vie et d’éducation pour les jeunes filles en difficulté, à lutter contre toutes formes de violence à l’égard de la femme, à les pourvoir en conseils légaux, à améliorer l’accès aux soins médicaux, notamment concernant la santé reproductive.«Comme on le dit souvent, “Quand on rêve seul, cela reste un rêve, mais lorsque l’on rêve ensemble, c’est le début de la réalité”. J’ai la chance et le privilège d’avoir le soutien inlassable d’un groupe de filles dynamiques, toutes avec des personnalités différentes mais qui ont la même conviction et la même passion d’œuvrer pour ce rêve et de le faire devenir une réalité.» 

 

La première à se joindre à Diksha a été sa sœur Yajna, Junior Auditor dans la vie et Fund-raising Manager au sein de Mafubo Mauritius. À la maison, dit-elle, l’environnement familial n’a jamais été patriarcal. «Nous sommes à trois filles et notre père ne nous a jamais imposé des limites sur ce qu’on pouvait faire ou pas. Par exemple, ce n’est pas parce que nous sommes des filles que nous ne pouvons pas changer un robinet cassé. Pour moi, c’est important de partager ces valeurs avec les autres.» Si l’égalité entre homme et femme est une condition importante, Yajna rêve cependant d’une femme beaucoup plus libre dans sa manière d’être et dans ses choix. 

 

Prisca Vieillesse, Marketing Executive dans la vie et vice-présidente de l’association, a, elle, toujours voulu s’engager et devenir une citoyenne active de la société. «J’ai été volontaire pour plusieurs projets sociaux auparavant. M’engager auprès de Mafubo Mauritius allait complètement dans ma lignée de pensée sur la situation actuelle des femmes à Maurice. Étant entourée de femmes fortes, et d’un père qui soutient la cause féminine, je me devais de faire en sorte de construire un projet et de l’emmener jusqu’au bout avec des résultats concrets.» Ainsi, depuis la création de l’ONG, les filles enchaînent les activités, allant à la rencontre de femmes en difficulté, comme en décembre dernier où elles ont offert des vivres à des mères célibataires. 

 

Invitées par la Junior Chamber International (JCI), elles ont aussi participé à une causerie sur la violence domestique organisée par le club Rotary de Vacoas avant de lancer «Ediker pou Eradiker – Dibout pu to drwa», une campagne de sensibilisation qui vise à se rendre dans les quatre coins de l’île pour sensibiliser la population à la violence domestique. Les premières séances ont eu lieu à St Catherine, St-Pierre, et à Roche-Bois. «Nous entendons quotidiennement des cas de violence et d’injustice sur la femme. C’est un fléau social contre lequel j’ai décidé de me battre car ça ne peut plus durer. Nous devons apporter du soutien à la Mauricienne pour qu’elle puisse s’épanouir et être une femme debout», souligne Jenna Chung, Senior Auditor, ACCA, et trésorière de Mafubo. 

 

Ensemble, Diksha et Yajna Beeharry, Prisca Vieillesse, Javeshni Marimootoo, Jenna Chung, Zaynah Hosenie, Sneha Lutchmun et Kirtee Joggesser espèrent faire la différence. «Je crois sincèrement qu’ensemble, nous pouvons amener du changement, faire que la femme soit encore plus respectée au sein des familles et de la société en général afin qu’elle soit encore plus dynamique et indépendante», confie Zaynah Hosenie, qui travaille comme estimateur et assume les fonctions de vice-trésorière au sein de l’association. 

 

Leur vision de la femme est, elle, plurielle. «Je vois une femme mauricienne qui n’aura plus honte. Plus honte de dire qu’elle est une femme battue, plus peur de ce que les autres peuvent dire. Je vois une femme mauricienne qui aura un homme à ses côtés ; chacun soutiendra l’autre, ils avanceront ensemble dans une société où ils seront sur le même pied d’égalité. Et surtout, je vois une femme mauricienne qui reconnaît ses forces, ses valeurs et ce qu’elle apporte à notre société», confie Prisca Vieillesse. 

 

Kirtee Joggesser, Assistant Compliance Officer dans une entreprise de management et Community Manager de Mafubo Mauritius, rêve, elle, d’une société où la femme est respectée et non traitée comme un objet. Certes, dit-elle, de nombreux progrès ont été faits au fil des années mais il reste encore, du chemin à faire pour améliorer les conditions de la femme. «Elle s’est bien émancipée. Cependant, il y en a beaucoup qui ne connaissent toujours pas leurs droits, et les services qui sont déjà en place pour les aider. On vit dans une société où la sécurité de la femme est souvent remise en question. Il est temps que ça change.» Dans ce combat, chaque petite pierre compte et ces huit jeunes femmes ont bien l’intention d’apporter la leur.