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Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir

Durant ces 26 dernières années, Véronique d'Unienvillse s'est entourée de professionnels dévoués et passionnés par cette cause.

Cela fait 26 ans que l’association Étoile d’Espérance existe. Au cours de toutes ces années, elle a vu défiler dans son centre des centaines de femmes qui menaient un combat pour sortir de l’enfer de l’alcool. Véronique d’Unienville nous parle du parcours de l’ONG et de son engagement…

Un si long chemin parcouru avec tant de rencontres inoubliables, d’obstacles à franchir et de belles réussites. 26 ans d’aventure et de combat en tenant par la main la femme qui se bat contre une dépendance à l’alcool. Lorsqu’elle jette un regard en arrière, le cœur de Véronique d’Unienville, présidente et fondatrice d’Étoile d’Espérance, ONG qui vient en aide aux femmes dépendantes à l’alcool en offrant un programme qui allie traitement et réhabilitation, se gonfle de fierté, d’amour et de reconnaissance. Ce sont les sentiments qui l’animent au plus profond de son cœur. «Je suis très fière de tout ce que nous avons réalisé. L’engagement de notre association est resté le même, c’est-à-dire d’aider les femmes malades de l’alcool, de leur tenir la main et de leur redonner espoir. Nous avons grandi au fil des années et nous avons connu des moments difficiles, mais nous avons toujours réussi à rebondir et aller plus loin.»

 

Les souvenirs des débuts d’Étoile d’Espérance sont encore vivaces dans la mémoire de Véronique d’Unienville. «La création de l’association fait suite à ma rencontre avec Laure Charpentier à Paris en France, qui elle-même était une alcoolique, écrivaine et fondatrice de SOS Alcool Femmes, France. Elle a écrit de nombreux livres sur l’alcoolisme au féminin et j’ai été vraiment touchée par son approche. Pour moi, ça a été le déclic qui m’a fait prendre conscience du besoin de faire quelque chose pour les femmes malades de l’alcool à Maurice», relate notre interlocutrice. C’est ainsi qu’en 1997, l’aventure débute avec un petit groupe de parole qui porte alors le nom Les Amies du Lundi. «Nous avons ensuite eu une maison de jour où nous accueillions des femmes malades de l’alcool et des familles qui rentraient chez elles les après-midis. Nous avons ensuite ouvert, il y a plus de 15 ans, un centre résidentiel, ce qui fait qu’aujourd’hui les femmes qui sont dans cette souffrance de l’alcool peuvent résider chez nous trois mois ou plus si nécessaire.»

 

26 ans plus tard, la mission d’Étoile d’Espérance est toujours aussi vivante. «Notre but est avant tout de redonner aux femmes leur dignité de femme, de mère et d’épouse. Notre philosophie depuis le début, c’est qu’aucun médicament, aucune cure ne peut remplacer une once d’amour. Nous avons réalisé de belles choses au cours de toutes ces années.» Au cours de ces dernières années, plusieurs femmes sont passées par le centre d’Étoile d’Espérance et nombreuses d’entre elles ont pu sortir de l’enfer de l’alcoolisme pour recommencer une nouvelle vie. Plusieurs d’entre elles étaient d’ailleurs présentes lors de la cérémonie d’anniversaire de l’association le 15 avril dernier, témoignant de l’impact qu’a eu le centre sur leur vie. «Après 26 ans, nous avons vu des centaines de femmes défiler chez nous. J’étais heureuse de voir des anciennes qui sont venues vers moi pour me dire merci. J’ai vu une véritable renaissance chez plusieurs d’entre elles. Beaucoup ont repris leur vie en main, travaillent, ont retrouvé une vie de couple et familiale. Certaines sont devenues des grand-mères.»

 

Briser les tabous

 

Sur ce chemin vers l’abstinence, ces femmes prisonnières de l’alcool, ont pu compter sur un encadrement, un soutien, un accompagnement taillé sur mesure. Une prise en charge et une réhabilitation rendues possibles grâce à une équipe d’encadrants professionnels dédiés et dévoués à cette cause, tout cela dans une structure thérapeutique taillée sur mesure. «J’ai une équipe magnifique composée d’éducatrice thérapeutique, de monitrice de nuit, de responsable d’atelier, de la directrice Micaëlla Clément, de la psychologue clinicienne Christiane Fong Sin, du Dr Ramkoosalsing, qui est psychiatre et alcoologue et qui nous aide depuis le début. Pour cela, je suis très reconnaissante.» L’ONG, accréditée et reconnue par le National CSR qui finance en grande partie son mode de fonctionnement, peut aussi compter sur le soutien des membres bienfaiteurs et du secteur privé.

 

Tout cela, souligne Véronique d’Unienville, fait que l’association est aujourd’hui un lieu de renaissance où l’espérance guide l’équipe chaque jour. «C’est une grande chaîne de solidarité. Nous sommes là non pas pour dire quoi faire, mais pour aider ces femmes à retrouver leur dignité. Quand on est malade de l’alcool, on devient un objet. Nous sommes là pour les aider à retrouver leur dignité, leur redonner espoir et les aider à redevenir un sujet.» En plus du volet thérapeutique, Étoile d’Espérance abat aussi un gros travail de sensibilisation et de conscientisation auprès du public afin de mieux l'informer et l'éduquer sur cette maladie qu’est l’alcoolisme. Le but étant de démystifier la maladie et de lutter contre la stigmatisation qui l’entoure. «Déjà en 1997, nous étions tout petit et nous avons osé parler de l’alcoolisme au féminin, c’était du jamais vu à l’île Maurice. C’était une grande première.» L’association est d’ailleurs très engagée contre le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) pour prévenir les conséquences de l’alcool pendant la grossesse. «Une femme qui est enceinte et qui boit pendant sa grossesse a des risques de mettre au monde un enfant avec ce syndrome. Nous avons fait beaucoup de prévention à travers des campagnes. Plus nous serons soutenus par les médias, plus nous arriverons à casser tous ces tabous autour de l’alcoolisme au féminin.»

 

Aujourd’hui, plus que jamais, ajoute Véronique d’Unienville, Étoile d’Espérance continue de consolider ses bases tout en allant plus loin dans son engagement. «Nous souhaitons mieux travailler avec les hôpitaux, car avant d’arriver chez nous, la femme qui boit passe par une période de désintoxication à l’hôpital. Il nous manque des fois cette communication et nous espérons créer avec eux un lien plus fort.» C’est, dit-elle, leur vœu le plus cher.