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Lizie dan la main | Chloé, Bryan et Bharat : leur vie en couleur

Cette association a récemment lancé l’Académie des Aveugles. Celle-ci a la mission d’offrir une éducation spécialisée aux aveugles et malvoyants afin qu’ils puissent devenir des professionnels et mener une vie comme les autres.

Elle a trouvé son bonheur. Dans le studio de musique du centre Lizie dans la main, Chloé Armand, 18 ans, s’est calée derrière la batterie et prend un malin plaisir à faire un petit buffsur un zouk qu’elle affectionne particulièrement. Sourire aux lèvres, yeux fermés, elle manie les baguettes, trouve le rythme de la chanson et donne du son. C’est derrière son instrument de musique qu’elle se sent le mieux. Là, elle est le seul maître à bord, celle qui donne le tempo et qui mène la cadence. Plus tard, elle se voit bien Djette, animatrice ou encore musicienne et peut-être même les trois à la fois. «Je suis déjà DJ à temps partiel. J’espère pouvoir en vivre bientôt.»

 

À 18 ans, elle a des rêves plein la tête et des étoiles dans les yeux. Et ce n’est pas sa cécité qui l’empêchera de les réaliser. Malvoyante depuis l’âge de 7 ans, la jeune fille n’a jamais considéré son handicap comme un frein. Pour elle, rien n’est impossible quand on a la passion et l’envie. «J’ai réussi mes examens du CPE l’année dernière. Avant, je n’avais pas pu le faire parce que je n’arrivais pas à m’adapter à mon problème de vision.» Si elle a confiance en elle, c’est certainement grâce à l’amour de sa famille et à l’encadrement dont elle a pu bénéficier au cours de ces dernières années au centre qui est récemment devenu l’Académie des Aveugles (voir hors-texte). Aujourd’hui, Chloé est plus épanouie que jamais. «Avant, je ne savais pas que les aveugles pouvaient faire du sport, de la musique, du théâtre. C’est incroyable !»

 

Chez Lizie dans la main, Chloé se sent comme à la maison. Ici, ils sont un peu comme sa deuxième famille. Depuis qu’elle est arrivée, des amitiés sont nées et des liens se sont créés. Avec ses amis, ils ont créé un groupe de musique. «On fait du séga typique et moi, je joue de la ravane. On participe parfois à des spectacles. J’adore ça.»Dans la bande, c’est un peu elle la meneuse. Il faut dire qu’elle a la personnalité qui va avec.

 

Dans le groupe de musique de Lizie dans la main, il y a aussi Rosario, le chanteur principal, les musiciens Jonathan, Paul, Ayu, Kesaven, Corinne mais aussi Bryan, le «meter choula»du groupe. «Ale mama. Donn li mama. Ayo»,lance-t-il avec entrain tout au long de la chanson. Si on lui avait dit auparavant de se mettre devant une audience et de faire ce qu’il fait aujourd’hui, Bryan se serait certainement sauvé. Mais aujourd’hui, il n’a plus rien à voir avec l’ado timide qu’il était.

 

À 20 ans, ce jeune homme a un sourire et un optimisme presque contagieux. Malvoyant depuis sa naissance, il est arrivé au centre il y a quatre ans. Avec une scolarité chamboulée par son handicap, il a trouvé chez Lizie dans la main tout ce qui lui avait auparavant manqué : du soutien, de l’accompagnement et un encadrement pédagogique adapté à ses besoins. En quelques années, Bryan Sophie est passé d’un ado replié sur lui-même à un jeune homme confiant et ouvert sur le monde qui l’entoure. Un changement possible grâce à l’école spécialisée de Lizie dans la main, avec laquelle il a pu, malgré son handicap, s’adonner à sa plus grande passion : l’informatique.

 

Avec les équipements adaptés dont dispose l’association, il a pu manier de nouveau un ordinateur. Celui qui rêve d’exercer le métier d’architecte a même voulu élargir ses connaissances en allant suivre une formation de pyrogravure. «Après ce cours, j’ai voulu lancer un projet au centre. J’ai fait plusieurs tableaux que j’ai donnés à mon professeur. On pense peutêtre faire une exposition et ensuite les vendre.»

 

Accompagnement, encadrement et bien-être

 

Dépasser son handicap et vivre une vie comme les autres, c’est la philosophie de l’association Lizie dans la main qui a pour mission l’accompagnement, l’encadrement et le bien-être des aveugles et des malvoyants. Bharat Maulloo, 35 ans, a poussé la porte de cette école spécialisée il y a un peu plus d’un an. Avant, Bharat était un homme comme les autres. Marié, il a travaillé dans un centre d’appels à Ébène, avant de s’envoler pour l’Irlande.«J’ai commencé à voir de moins en moins bien. Je souffrais de tension dans les yeux. J’ai perdu la vue complètement.»Pour lui, cette nouvelle condition physique a été dure à accepter. «Je me suis renfermé sur moi-même. Je ne voulais plus sortir, plus rien faire.»

 

Le changement, dit-il, a été immédiat lorsqu’il a rejoint le centre de Forest-Side. Ici, il a rencontré des gens comme lui, qui voyaient très bien avant et qui ont dû faire face à une nouvelle vie avec ce handicap. Il n’était plus seul et pour la première fois depuis sa perte de vue, il se sentait compris par les autres. Ce qui lui a permis de reprendre confiance en lui. Grâce au programme de réhabilitation et d’éducation de cette école spécialisée, il a pu reprendre quelques activités comme apprendre le braaien anglais et en français. Il fait aussi partie de la troupe de théâtre de l’association. Les cours de mobilité et d’orientation lui ont permis de marcher avec la canne blanche, d’utiliser ses sens pour se faire des repères dans le monde qui l’entoure. À la maison, il essaie d’aider son épouse avec le ménage et lorsqu’ils sortent faire les courses, il y met aussi du sien. Ne pas baisser les bras malgré le handicap, voilà ce qui motive Bharat.

 

Récemment, il a de nouveau appris à manier un ordinateur. «C’est un outil spécial qui possède des logiciels taillés sur mesure pour les non-voyants et malvoyants.»Bientôt, il pourra peut-être reprendre un travail. Bharat y pense de plus en plus. Avec ce handicap, c’est une nouvelle vie qui s’est imposée à lui mais il ne compte pas baisser les bras pour autant. «C’est comme une deuxième naissance»et il compte profiter de chaque instant qui lui sera donné.

 


 

Académie des Aveugles : former pour la vie

 

Le handicap n’est pas une barrière. Reynolds Permal en a toujours été convaincu. Son objectif ? Que les personnes vivant avec une déficience visuelle puissent mener une vie comme les autres en jouissant des mêmes chances et des mêmes opportunités. Ce combat, il le mène depuis une trentaine d’années à travers l’association Lizie dan la main qui célèbre cette année ses 35 ans d’existence.

 

Pour aller encore plus loin dans l’avancement et le bien-être des personnes vivant avec un handicap visuel, l’association a récemment lancé l’Académie des Aveugles qui a pour objectif d’accueillir des personnes non-voyantes et malvoyantes, et de leur donner les outils nécessaires pour qu’elles deviennent des professionnelles et puissent être autonomes et indépendantes. Après avoir lancé, en janvier dernier, l’Académie de Braai, Lizie dan la main écrit donc une nouvelle page de son histoire.

 

Pour le président de l’association, cette Académie des Aveugles se veut être une école de formation allant du préscolaire à la formation professionnelle en passant par l’éducation secondaire. «Nous allons les encadrer à travers une éducation spécialisée et adaptée à leurs besoins. Ils vont apprendre à développer leurs sens. Ils pourront apprendre, se développer, s’épanouir. Nous allons les guider et les accompagner à chaque étape afin qu’ils puissent vivre leur vie normalement», explique Reynolds Permal.

 

Pour les aider à se développer, de nombreuses activités sont mises en place au centre Lizie dan la main. Sport, musique, vannerie, bijouterie, musique : tout est réuni pour assurer le développement des bénéficiaires. Outre le volet académique, les formateurs ont aussi pour mission de les accompagner dans chaque étape de la vie courante, comme apprendre à se brosser les dents, à prendre sa douche seule, à se préparer un thé et quelque chose à manger, à faire la vaisselle ou préparer son lit. L’important, souligne Reynolds Permal, c’est que celui ou celle qui souffre de ce handicap puisse mener une vie comme les autres.