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L’amour plus fort que le handicap

Ils inspirent les plus belles émotions. Au cœur de l’Association des Parents pour la Réhabilitation d’Infirmes Moteurs (APRIM), une vingtaine d’enfants et de jeunes adultes atteints de graves infirmités moteurs apprennent chaque jour à mieux vivre avec leur handicap.

Dans leurs yeux, de l’amour, de la fierté aussi. Chaque pas en avant, même le plus petit, leur donne le sourire et la foi en l’avenir car même en sachant que leurs enfants ne pourront jamais mener une vie comme les autres, leur bien-être et leur épanouissement est tout ce qui leur importe. Toute la semaine, l’ambiance était à la fête. Les encadrants ainsi que les élèves ont préparé la fête et la journée portes ouvertes qui ont eu lieu le samedi 19 novembre, dans le cadre du dévoilement du nouveau logo de l’association. Dans l’une des deux salles de classe de l’Association des Parents pour la Réhabilitation d’Infirmes Moteurs (APRIM), dont l’école se trouve à Mont-Roches, un joyeux vacarme se fait entendre. Sur les visages, les sourires ne mentent pas. Alors que la célèbre chanson Libérée Délivrée, tirée du film La Reine des Neiges, tourne en boucle, tout le monde vaque à sa petite occupation. Si certains semblent impassibles et dans leur monde, beaucoup essaient de communiquer entre eux dans un langage qu’eux seuls peuvent comprendre.

 

Aujourd’hui, comme tous les jours, Philippe est venu chercher sa fille Christelle, 33 ans, un peu avant l’heure. Alors que celle-ci est en pleine séance de physiothérapie, il n’hésite pas à assister le thérapeute dans les exercices. C’est l’un de ceux que Christelle préfère. Sur cet appareil qui ressemble à une balançoire, elle prend plaisir à aller et venir dans les airs, poussée par son papa et sa nounou Mam qui l’encourage à lever la tête pour les regarder. Atteinte de paralysie cérébrale comme la majorité des bénéficiaires, elle est, selon Avnish, le physiothérapeute, celle qui a connu la meilleure marge de progression. Comme beaucoup d’autres, elle souffre de paralysie cérébrale depuis la naissance. Une pathologie responsable de divers troubles permanents du développement, de la posture et de la mobilité. Christelle ne contrôle aucun de ses mouvements, ne se déplace pas et ne parle pas. «Christelle est quadriplégique, c’est-à-dire qu’elle est atteinte d’une paralysie des quatre membres. C’est une paralysie totalement invalidante. Pourtant, grâce aux thérapies, nous avons constaté des progrès au fil des années. Elle qui ne pouvait pas tenir sa tête droite arrive à le faire aujourd’hui.»

 

Son père est témoin de cette évolution et bien que les progrès soient lents, l’épanouissement de sa fille est indéniable. «Cet endroit est tellement important pour elle et les autres enfants qui sont dans la même situation.»À chaque fois qu’il parle de l’APRIM, Philippe n’est jamais à court de mots. Il y a 29 ans, il a vu naître sous ses yeux cette association devenue aujourd’hui une école spécialisée pour les polyhandicapés, une déficience mentale sévère et une déficience motrice associées à la même cause, entraînant une restriction extrême de l’autonomie. À cette époque, un groupe de parents d’enfants atteints de paralysie sévère décide de se former en association afin de leur fournir un accompagnement paramédical, un soutien psychologique et un lieu propice à leur développement. Tout commence avec six enfants dont les parents louent une petite salle à Rose-Hill. Les années passant, le petit groupe se professionnalise et commence à accueillir de plus en plus d’enfants jusqu’à devenir officiellement une association.

 

Thérapies adaptées

 

Josiane Ah Siong est l’une des pionnières de l’APRIM, dont elle est aujourd’hui la directrice. C’est sa fille Axelle, 35 ans, atteinte de paralysie cérébrale, qui l’a inspirée et poussée à s’engager dans cette voie. Pendant longtemps, celle-ci était complètement dépendante de sa famille, elle ne marchait pas, ni ne parlait. Après une intervention chirurgicale et des années de thérapie, Axelle respire aujourd’hui la joie de vivre. Bien sûr, le handicap fait toujours partie de sa vie mais elle a gagné en autonomie au fil des années. «Elle est la plus bavarde de tous», souligne sa mère. C’est cela même, explique cette dernière, l’objectif de ce centre dont le doyen des bénéficiaires est âgé de 40 ans. «Notre mission est de réhabiliter ces enfants avec des thérapies adaptées à leurs besoins et favorisant leur développement, de permettre leur socialisation afin qu’ils ne se sentent pas exclus mais aussi de soutenir les parents qui sont souvent dépourvus devant une telle situation.»

 

Aujourd’hui, comme souvent, de nombreuses mamans sont venues passer la journée avec leurs enfants. Ici, tout le monde se sent un peu comme à la maison. À l’heure du déjeuner, c’est Josiane Sandapa qui donne à manger à sa fille Joelle et quand les autres ont besoin d’aide, cette maman n’hésite pas à mettre la main à la pâte. Christelle, la mère d’Anaïs, 14 ans, ne pouvait imaginer un meilleur environnement pour sa fille. Voilà cinq ans qu’elle vient quotidiennement au centre. L’amélioration, confie cette maman, est incontestable. «Elle arrive à attraper sa cuillère, à utiliser un peu ses mains, chose qu’elle ne pouvait pas faire avant. Elle arrive même à faire quelques phrases. Bien sûr, c’est à sa façon mais au moins on arrive à la comprendre un peu mieux.»

 

D’humeur joyeuse, Anaïs est toujours heureuse de venir à l’école. Elle y rencontre chaque jour ses amis avec qui elle partage de bons moments. Parmi, il y a Mushira, atteinte d’athétose. Attachée à son fauteuil roulant, elle souffre de mouvements involontaires, incontrôlables, incoordonnés. Son état physique n’endommage toutefois pas ses capacités intellectuelles. «Elle est très intelligente et comprend tout ce qui se passe autour»,souligne Avnish, le physiothérapeute. Il y a aussi Manou, atteint de microcéphalie, une anomalie au niveau de la croissance de la boîte crânienne, qui ne perd jamais son beau sourire qui fait chavirer le cœur de sa maman Mala Tulsidas, la présidente de l’association. «Ils sont tellement contents de venir à l’école. Ça les rend heureux. Nous leur offrons de l’amour, de l’attention et de la sécurité. C’est tout ce dont ils ont besoin. Nous avons une équipe totalement dévouée à leur développement et à leur bien-être.»

 

C’est entourés de cette équipe de professionnels que les bénéficiaires avancent un peu plus chaque jour. Tout se fait ensemble, main dans la main. Pour Josiane, l’APRIM est beaucoup plus qu’une association caritative. «Nous sommes une famille», lance-t-elle avec insistance. Ici, dit-elle, tout le monde se connaît et les parents font partie intégrante de la vie du centre. Au fil du temps, des liens très forts se sont créés entre eux et c’est cet amour qu’ils transmettent aux enfants.

 


 

Nouveau look et nouveau site Web pour l’APRIM

 

«Nous voulons affirmer notre identité et notre présence auprès des Mauriciens», explique Josiane Ah Siong. Le samedi 19 novembre, lors de la journée portes ouvertes de l’association, il était prévu que le nouveau logo ainsi que le nouveau site Web de l’association soient dévoilés. Cette journée a été sponsorisée par Meridienne Concept. Sensible à la cause des bénéficiaires, cette entreprise spécialisée dans le Digital Marketinga proposé volontairement ses services pour monter le nouveau logo, le site Web et l’organisation de la journée portes ouvertes. Aujourd’hui, c’est forte de ses 27 dernières années d’expérience que l’APRIM écrit un nouveau pan de son histoire. Selon la présidente de l’association, Mala Tulsidas, le travail fourni par l’APRIM porte ses fruits. Malgré son handicap, l’enfant a conscience du monde qui l’entoure et même s’il vit dans son propre monde, il peut se développer émotionnellement et intellectuellement. «Il y a certainement des parents d’enfants avec cet handicap qui ont peur et qui ne savent pas quoi faire. Nous voulons leur dire que nous sommes là et que nous pouvons accueillir d’autres enfants.»

 

L’équipe de l’APRIM se compose de plusieurs professionnels d’orthopédie, de thérapie, d’ergothérapie ou encore de physiothérapie. C’est entourés de ces spécialistes que les bénéficiaires du centre arrivent à avancer et à évoluer. Pour Josiane Ah Siong, le chemin parcouru depuis toutes ces années est significatif. Toutefois, tout n’est pas rose. Comme pour beaucoup d’autres associations, le financement est souvent un problème. «Nous avons la chance d’avoir des sponsors qui nous soutiennent mais quelques fois, nous sommes vraiment dans l’incertitude. Quant au gouvernement, il donnait Rs 17,50 par enfant par jour. Cette somme va passer à Rs 40 par enfant mais ce n’est pas suffisant», explique la directrice. Dans leur centre à Mont-Roches, bâti grâce au sponsorshipdu Rotary Club, ils essaient aussi de composer avec le manque d’espace. «Nous avions une grande salle à notre disposition mais les membres du Rotary l’ont repris pour y faire leurs activités. Depuis, nous n’avons plus d’espace pour nous retrouver tous pour des thérapies de groupe ou simplement déjeuner ensemble.»

 

Toutefois, malgré ces petits couacs, Josiane Ah Siong et son équipe sont bien décidées à continuer le travail qu’elles accomplissent depuis 27 ans maintenant.