• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Saisie de Rs 10 millions de cannabis à Pointe-aux-Sables - Incriminé par son oncle, le policier Brian Beauger nie toute implication
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression

Vidya Charan : «Une éducation sexuelle aidera l’enfant à développer son caractère»

Le sujet revient à nouveau sur le tapis. Avec l’introduction du Nine-Year Schooling, la Mauritius Family Planning and Welfare Association plaide plus que jamais pour l’introduction d’une éducation sexuelle dans les écoles. «On a enregistré une hausse dans le nombre de cas de grossesse juvénile à la MFPWA», souligne Vidya Charan, Executive Director de l’organisme. Entretien.  

Cette année encore, vous demandez l’introduction de l’éducation sexuelle à l’école. Ne vous lassez-vous pas devant l’absence de réaction face à vos différents plaidoyers ?

 

Je ne pense pas qu’il n’y a pas eu de réaction au niveau des autorités à la suite du plaidoyer concernant l’éducation sexuelle. Les différents ministres de l’éducation qui se sont succédé ont dit qu’ils y étaient favorables, malheureusement, ce n’était qu’en termes de paroles. Concrètement, rien n’a été fait de façon structurée pour l’introduction du sujet. 

 

Toutefois, il y a eu des efforts pour introduire le Health Education dans les écoles. Nous demandons l’introduction d’une éducation sexuelle compréhensive. Le plaidoyer en matière de santé sexuelle et reproductive fait partie de mon travail et je n’abandonnerai pas. Aujourd’hui, la Government Teachers’ Union a compris l’enjeu et nous prête main forte. Et son président, Vinod Seegum, a d’ailleurs délégué une équipe pour aider nos éducateurs.

 

Pourquoi cette insistance ?

 

J’insiste parce qu’avec autant de cas d’agressions sexuelles envers les enfants, avec le nombre de grossesses précoces qui augmente chez les jeunes filles – devant ainsi interrompre leurs études – et avec le taux d’indiscipline parmi certains jeunes, les valeurs familiales s’effritent. Les enfants ne savent pas vers qui se tourner pour exprimer leurs inquiétudes par rapport à leur comportement sexuel. Des adolescents sont également exposés au danger sur les réseaux sociaux car certains adultes n’hésitent pas à les y exploiter. Ce sont-là autant de raisons pour appuyer notre demande. 

 

L’enfant a besoin d’un encadrement propice et de sécurité pour s’épanouir et avoir un comportement responsable. L’information, l’éducation et les conseils aideront les jeunes à développer une résilience pour qu’ils puissent distinguer s’ils sont la proie des abuseurs. Et ils sauront comment éviter les pièges tendus.

 

Est-ce vraiment une nécessité et pourquoi ?

 

ça l’est car beaucoup de pays ont un système d’éducation qui aide non seulement l’enfant académique mais aussi à développer sa personnalité. Nous sommes à un moment opportun avec l’implémentation du Nine-Year Schooling. Les enseignants qui travaillent avec les enfants ont constaté qu’il y a beaucoup de changement au niveau du comportement des enfants. Le curriculum est également très chargé, donc ils n’ont pas vraiment le temps outre de s’occuper des textes et de la partie académique. Les sessions d’éducation sur la sexualité aideront l’enfant à développer son caractère, à être prudent et aussi à être capable de prendre une décision dans des circonstances difficiles, surtout s’il est entouré de personnes qui peuvent l’exploiter.

 

Vous le voyez comment le programme d’éducation sexuelle ?

 

Le programme d’éducation sexuelle doit être bien défini. Il doit être implémenté par des éducateurs expérimentés. Ces personnes devront avoir une certaine base de formation en la matière. On ne doit pas traiter ce sujet au petit bonheur. Il doit y avoir des modules d’après l’âge et la maturité de l’enfant, ayant trait au développement de l’enfant, à la puberté, l’amour, l’affection, aux liens d’amitié, à la famille, la grossesse précoce, la sexualité des jeunes, au refus et aux méthodes de précaution, entre autres. 

 

En quoi cela aidera-t-il à renverser la tendance concernant les cas d’abus sexuel et la hausse du nombre de grossesses précoces ? 

 

L’enfant connaîtra le fonctionnement de son corps et les risques qui entourent une activité sexuelle, notamment une grossesse ou une infection sexuelle. Il sera aussi préparé à dire non ou à dénoncer l’abuseur en cas d’abus. Les adolescents ayant la maturité voulue sauront quelle précaution prendre dans des cas d’abus sexuel.

 

Pourquoi est-ce urgent que l’éducation sexuelle devienne une réalité ?

 

De nos jours, nos enfants atteignent l’âge de la puberté assez tôt. Ces enfants sont exposés à toutes sortes d’informations. Ils sont connectés sur les réseaux sociaux et sont libres de sortir et de rencontrer des gens. On a enregistré une hausse dans le nombre de cas de grossesses juvéniles à la MFPWA. Jetez un coup d’œil dans les bus après les heures d’école ou tôt le matin avant l’école. Vous allez voir le comportement de certains de nos jeunes, leur langage, leur façon de communiquer et leur comportement. Vous comprendrez pourquoi je suis en train d’insister sur le sujet.

 

Bio express

 

Vidya Charan, Executive Director à Mauritius Family Planning & Welfare Association (MFPWA), est détendrice d’un MSc en gérontologie, d’un master en sciences sociales, d’un MBC Honors en Social Studies, d’un diplôme en Development Studies, d’un certificat en Advocacy Skills, entre autres. Elle a rejoint la MFPWA en 1996 et est Executive Director depuis 2007.

 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

L’actualité politique prédomine, notamment avec le départ de certains, la démission du Premier ministre, les différentes tractations, la recomposition du Conseil des ministres, les différentes nominations ou encore les actions entreprises par les différents partis de l’opposition. J’ai suivi avec attention sir Anerood Jugnauth et son parcours politique et social car il a été un des anciens présidents de la MFPWA. 

 

Et sur le plan international ?

 

J’ai suivi de près la politique du président américain Donald Trump, qui paraissait très prometteuse après son installation à la présidence. On a même discuté de sa politique sur la santé sexuelle et reproductive au sein de notre Women Advisory Panel à la MFPWA. 

 

C’est vrai que c’est le devoir d’un président responsable de protéger sa patrie, sa population en matière de sécurité, et de protéger l’emploi, l’économie et les valeurs pour la prospérité de sa nation. Mais toute action nécessite une réflexion, surtout si on touche directement à la dignité de la femme par rapport à sa santé sexuelle et reproductive. Les États-Unis ont tout le temps fait la promotion de la démocratie et du respect des droits de l’Homme. Venir remettre en question l’aide financière aux ONG internationales qui croient en laliberté de la femme ou de choisir de mettre à terme une grossesse par l’avortement paraît remettre en question les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. 

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

 

Sincèrement, ces derniers temps, je n’arrive pas à lire un bouquin car j’ai une contrainte de temps. Je me concentre sur tout ce qui est directement lié à mon travail et qui est essentiel. J’ai un emploi du temps bien chargé. En plus, j’ai une maman victime de congestion cérébrale à ma charge. Ceci ne me donne pas suffisamment de temps.