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Journée internationale des personnes handicapées - Mervyn Anthony : «Je mets toujours tout en œuvre pour dépasser les limites»

La Journée internationale des personnes handicapées est célébrée le 3 décembre de chaque année depuis sa proclamation en 1992 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Le but est de faire la promotion des actions de sensibilisation sur les questions liées au handicap et à attirer l’attention sur les avantages d’une société inclusive et accessible à tous. Notre intervenant en a fait son cheval de bataille. 

Pouvez-vous vous présenter ?

 

J’ai 45 ans. Je suis activiste handicapé depuis plus de 20 ans et politicien handicapé depuis une dizaine d’années. Je suis un athlète handisport vétéran reconverti en bodybuilder. En 2003, j’ai participé au British Open Athletics à Birmingham. J’étais 25e mondial sur 200m dans la catégorie T35. Je suis étudiant en droit et détenteur d’une MBA en administration des affaires de la MANCOSA et gradué à Johannesburg depuis 2009. En 2010, j’étais lauréat du concours Outstanding Young Person of Mauritius de la Junior Chamber International.

 

Qu’est-ce que vous faites au quotidien pour gagner votre vie ?

 

Je suis Business Development Consultant et j’assure le Business Planning et les recherches autour du fonctionnement d’entreprises pour permettre aux PMEs d’optimiser leurs revenus en fonction de leurs ressources humaines et de leur fonds d’opérations. J’opère également en tant que préparateur d’examens, de dissertations et Assignment Coach auprès des étudiants des universités à Maurice et ailleurs. Ainsi, mes étudiants sont mieux préparés pour faire face aux obstacles de la vie estudiantine. C’est d’ailleurs là que mon handicap fait toute la différence, car j’assure leur encadrement dans la préparation de leurs examens avec les principes du Disability Inspirational Leadership Coaching que j’ai développés depuis une décennie pour promouvoir leurs émancipations personnelles et professionnelles pour qu’ils puissent avoir tous les outils nécessaires pour briller dans leurs études et dans la vie.

 

Pouvez-vous nous donner quelques détails sur votre handicap ?

 

Je suis 100 % sourd. Mon nerf cochléaire est endommagé. Je souffre d’un handicap moteur qui s’appelle le Cerebral Palsy. Je lis sur les lèvres pour pouvoir comprendre la communication des autres. Mon handicap présente des troubles qui affectent la coordination de mes muscles et mes mouvements. Résultat : j’ai des difficultés d’élocution qui m’empêchent de parler et marcher ou courir provoquant aussi des lenteurs dans mes actions et mes mouvements. La paralysie cérébrale n’a rien à voir avec mes capacités intellectuelles. Je suis un battant. Je mets toujours tout en œuvre pour dépasser les limites de mon handicap.

 

Vous êtes très engagé sur le plan social depuis 20 ans. Qu’est-ce qui vous motive à vous battre comme activiste en situation handicap ?

 

Maurice est un Etat démocratique souverain où la souveraineté du peuple règne en maître par les opérations de notre constitution au nom de l’intérêt public. Les citoyens de beaucoup d’autres nations rêvent d’être à notre place. Cependant, depuis l’indépendance, ce n’est pas le peuple qui a régné en maître mais la volonté des politiciens. J’ai toujours été de tous les combats d’Azir Moris. En me basant sur des pratiques internationales, j’ai su provoquer le respect pour les personnes en situation de handicap physique comme moi aux examens en ligne. Avec Azir Moris, j’ai organisé la première manifestation de l’histoire en faveur des handicapés avec un rapport soumis au ministère de la sécurité sociale incluant la demande d’un Disability Bill énonçant les problématiques du Training and Employment of Disabled Persons Board Act 1996. La loi a été, par la suite, amendée. Les employeurs qui ne respectent pas la loi doivent payer une pénalité. Je déplore toutefois le fait que cet amendement n’ait eu qu’un effet cosmétique car le Disability Bill se fait toujours attendre malgré la promesse de la ministre de Tutelle dans la presse. La démocratie est sacrée. La mère patrie aussi. La lutte continue.

 

Vous vous êtes également lancé en politique au sein de One Moris. Quelle est votre lecture de la situation politique actuelle ?

 

Le peuple a été trompé pendant 55 ans. Il n’y a pas eu d’élections démocratiques pour le leadership au sein des partis traditionnels. Des jeunes compétents avec des idées innovantes n’ont pas eu leurs places au sein de ces parties qui sont avant tout des affaires de familles. Le peuple en a marre. Le gouvernement est en chute libre. L’alliance PTr-PMSD-MMM ne décolle pas. Le peuple réclame un changement avec des nouveaux partis pour redonner à la démocratie ses lettres de noblesse. J’ai toujours donné de la voix pour provoquer un changement politique en tant qu’activiste et politicien handicapé par mes prises de positions publiques durant mes engagements avec Dis Moi, Azir Moris, Mouvement Patriotique, Parti Kreol Morisien, Linion Sitwayen et finalement One Moris. Mes engagements étaient de lutter contre le système. Je n’ai jamais cessé de monter en puissance. Rien n’arrive au hasard. Mon engagement a toujours été guidé par le devoir de lutter pour servir la lumière. Mon atterrissage chez One Moris est une voie toute tracée par la volonté de la lumière. Nous sommes aujourd’hui en pôle pour écrire l’histoire. Il suffit d’y croire.

 

Quelle contribution voulez-vous apporter en tant que personne en situation d’handicap ?

 

Je veux prouver qu’être handicapé est une force et non une faiblesse. La démocratie a toujours été tenue en otage par la performance de nos élus pendant 55 ans. Nous les handicapés, notre handicap est visible alors que ceux de nos élus est caché et est beaucoup plus important que le nôtre. J’ai toujours évité de parler de cette réalité car c’est très insultant de nous comparer à eux. Les critiques ne me font pas peur. Je sais que je suis meilleur que nos élus d’hier et d’aujourd’hui. En politique, le but est de servir la lumière démocratique plutôt que de se servir soi-même. Mon objectif est d’apporter de nombreuses contributions : je vise une participation active dans les débats et les recherches autour d’une réforme constitutionnelle et non du changement de notre constitution qui est une des meilleurs au monde. Notre démocratie a été tenue en otage pendant 55 ans. Il faut assurer le développement de la Rule of Law par l’évolution de nos lois pour répondre aux besoins de la population à travers le principe de l’intérêt public. Une fois élu, je vais aussi me battre pour l’émancipation des pauvres, pour renforcer les opportunités égales pour permettre à tout le monde d’avoir la chance de briller y compris les jeunes et toutes les couches de la société mauricienne. Les élus kreol ont pendant trop longtemps capitalisé sur la vulnérabilité des gens pour leurs émancipations politiques personnelles. Certaines localités ont été utilisées par ces politiciens et ils n’ont rien fait après. Il suffit de consulter les archives de la presse pour comprendre la justesse de ce que j’avance. Ma voix sera vivement entendue au parlement pour la défense de la lumière démocratique. Cette bataille n’est pas physique mais spirituelle et intellectuelle. I mean business.

 

Quel regard jetez-vous sur notre parlement ainsi que le comportement de nos parlementaires ?

 

Le peuple mauricien est souverain par le principe de notre état démocratique. Le parlement ne l’est pas. L’intérêt public doit toujours régner au nom du peuple parce que l’intérêt du Mauricien est souverain au sein de notre juridiction. Le peuple doit contrôler le comportement des politiciens élus et non le contraire. Nos élus ont toujours été incapables de lutter pour la lumière démocratique au nom du peuple et de l’intérêt public. Le comportement de nos parlementaires est un cinéma inadmissible conçu pour amadouer le peuple, manipuler l’intérêt public et tenir la démocratie en otage par de longs mois de congés parlementaires, des suspensions injustifiées et l’absence d’actions constitutionnelles en cour suprême pour contrecarrer ces suspensions. La réaction de l’opposition reste un cinéma médiatique ridicule pour essayer d’avoir la sympathie du peuple. One Moris a toutes ses raisons d’exister. Nous sommes définitivement en route pour écrire l’histoire.

 

Avez-vous des réformes à proposer pour changer le quotidien des personnes en situation de handicap pour mieux les valoriser ?

 

Le droit des handicapés doit continuellement évoluer avec les besoins démocratiques de l’intérêt public. Outre l’Equal Opportunities Act, la Training and Employment of Disabled Persons Board Act 1996 est la seule véritable loi existante pour la défense des droits des handicapés. J’ai déjà dénoncé les problématiques de cette loi en déposant un rapport d’une cinquantaine de pages qui dort toujours dans les tiroirs du ministère. Une décennie plus tard, rien n’a changé. Au lieu d’un Disability Bill assurant l’évolution du droit des handicapés, on a assisté à un petit amendement cosmétique du Training and Employment of Disabled Persons Board Act 1996. La manipulation du droit à l’émancipation des handicapés reste le maître-mot de nos élus. Ils se trompent sur toute la ligne car le peuple ne va pas se laisser manipuler aux législatives de 2024. Après mes 20 ans de lutte, je sais que le moment viendra quand je serai autour d’une équipe dévouée à la cause pour que la lumière démocratique triomphe. Avoir un leadership handicapé sur le front bench est non seulement une nécessité d’éthique politique mais aussi une légitimité démocratique devant la Rule of Law de notre démocratie constitutionnelle. Le peuple doit comprendre la nécessité de me faire élire en tête de la circonscription No 1. La lutte que je représente et qui dure depuis plus de 20 ans contre un système de «tourne vire, vire tourne dan tou kari papa» n’a jamais été de tout repos. J’ai été sur tous les fronts. Quand on est un combattant de la lumière et pour la lumière, c’est dans la lumière qu’on avance même si on est seul contre le système. Avoir un leadership handicapé sur le front bench au parlement est presque déjà «the call of my motherland mauritius». Le Flamboyant Disabled Kreol Leadership continue de progresser sous les feux de la rampe. Rien n’est le fruit du hasard ; si aujourd’hui j’ai atterri à One Moris dans la lutte contre le système, c’est une voie toute tracée par la lumière elle-même.

 

Que pouvez-vous nous dire justement sur le leadership handicapé et la place que méritent les personnes en situation de handicap sur l’échiquier politique ?

 

L’essence même du leadership politique est de guider le peuple sur le droit chemin selon les critères de la Rule of Law démocratique pour que chaque citoyen puisse briller à la hauteur de leurs efforts et mérites. Certains pensent que le leadership fonctionne comme une monarchie. La majorité des partis politiques n’ont pas d'élections démocratiques régulières internes pour déterminer leur leadership. Tout le monde regarde dans une seule direction. Le leadership se transmet de génération en génération, de père en fils. Ainsi, le leader émerge au nom du père. Il ne s’agit pas de partis politiques démocratiques, mais plutôt d’organisations dictatoriales. Cette conjoncture rend impossible l’émergence des jeunes leaders, d’où le cri de cœur du peuple en faveur de nouveaux partis, de nouveaux visages et de nouvelles visions dans la quête de recréer la démocratie mauricienne avec l’émergence des nouveaux leaders. À One Moris, nous sommes tous des leaders mandatés à faire entendre le fond de nos pensées au nom de l’intérêt public démocratique et des attentes du peuple qui demande un changement authentique. C’est dans ce contexte que One Moris a jeté les bases pour l’émergence du leadership handicapé que je représente. Ainsi en tant que politicien handicapé, mon leadership fera toute la différence car les politiciens ont pendant trop longtemps abusé de la confiance du peuple. Le leadership handicapé justifie la tendance du changement sur un front bench inclusif orienté vers la défense du droit du peuple pour redonner à la démocratie ses lettres de noblesse. L’importance du leadership handicapé sur l’échiquier politique est incarnée par l’appel du pays avec un profond «viv Moris, viv One Moris, que la lumière règne».