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Vidya Charan : «En recevant à peine Rs 3 millions de l’Etat, on ne peut résoudre tous les problèmes»

Alors que la Mauritius Family Planning and Welfare Association fête cette année ses 60 ans, Vidya Charan, l’Executive Director, revient sur le bilan de l’ONG et sur les accomplissements de l’organisme. Entretien.

La Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA) fêtera bientôt ses 60 ans. Quel regard jetez-vous sur l’évolution de la famille à Maurice ?

 

Il y a eu une très grande évolution au sein de la famille car l’introduction de la contraception au niveau des couples et surtout l’éducation de la femme ont aidé à l’émancipation de celle-ci et ont apporté leur lot de contributions. Auparavant, il y avait des familles nombreuses et étendues alors qu’aujourd’hui, la cellule familiale a moins de membres. La qualité de vie s’est améliorée, les Mauriciens peuvent participer à diverses activités et ont plus de liberté. Les bienfaits de l’éducation, de la santé gratuite ainsi que d’autres services sociaux donnent la possibilité aux gens de profiter non seulement d’une vie meilleure mais aussi d’une espérance de vie plus longue et prometteuse. La composition de la famille a changé car nous connaissons plus de familles nucléaires, y compris monoparentales. Il y a eu une baisse conséquente dans la fertilité qui revient à 1,3 % et nous allons vers le vieillissement de la population. Au fil des années, certaines familles ont connu des problèmes d’ordre social comme la violence, les agressions sexuelles, les crimes, la désobéissance et l’indiscipline parmi les enfants et certains jeunes ou encore le divorce et l’incompréhension au sein des couples. Il faut aussi compter la maltraitance, l’alcool, la drogue et les maladies. Actuellement, nous vivons dans une société où la compétition et le matérialisme priment. Ce qui est venu fragiliser les valeurs familiales. Ces problèmes existaient auparavant mais on les ressent de plus en plus maintenant. Avec l’évolution économique et sociale, il y a moins de naissance et beaucoup de jeunes préfèrent quitter le pays pour s’installer ailleurs afin de trouver de l’emploi. Il est donc grand temps de revoir notre structure familiale pour mieux répondre aux exigences actuelles.

 

Quels sont vos accomplissements au fil des années ?

 

La MFPWA a beaucoup milité pour améliorer la qualité de vie de la population afin qu’elle puisse jouir d’une meilleure santé sexuelle et reproductive. Depuis 1957, la contribution de la MFPWA sur le contrôle de naissance est indiscutable et nous avons joué notre rôle pleinement pour que le pays soit parmi les pays où l’utilisation de la contraception a une très haute prévalence. Ce programme a aidé beaucoup de familles à sortir de la pauvreté et à améliorer leur statut. Les plus démunis de la société ont été éduqués. On a également joué notre rôle sur l’autonomisation de la femme et aussi pour que la loi sur l’avortement soit amendée à Maurice. Nous offrons un service de crèche dans un milieu industriel pour aider les femmes à aller travailler et être économiquement stables. Nous plaidons également pour la santé sexuelle saine des jeunes et nous avons établi un programme d’éducation sexuelle dans certaines écoles primaires et secondaires afin de conscientiser les adolescents et les jeunes par rapport à leur comportement sexuel. Cela, pour éviter des grossesses précoces et infections sexuellement transmissibles. Nous avons formé et sensibilisé plusieurs milliers de femmes, des jeunes et également des hommes sur les différents aspects de la santé sexuelle et reproductive. Les enseignants et les travailleurs sociaux ont bénéficié de ce même type de formation. Depuis la création de notre drop-in center, nous avons assisté le ministère de l’égalité du genre et la Child Development Unit pour suivre les enfants abusés sexuellement. 

 

Vous continuez à pourvoir l’éducation sexuelle et reproductive et pourtant, il y a toujours des grossesses précoces, des avortements de même que des naissances multiples dans certains milieux. Qu’est-ce qui explique cela ?

 

Je suis tout à fait d’accord avec vous mais ce n’est pas uniquement la MFPWA qui va contenir ce problème. Il y a la famille et surtout les parents, d’autres autorités et la société en général, qui doivent également contribuer à régler cela. On ne peut pas tout mettre sur le dos de la MFPWA. On est là pour donner des informations et des services. Nous ne vivons pas dans une société statique car il y a une certaine évolution qui est hors de notre contrôle et donc chacun doit jouer son rôle pleinement. En recevant à peine Rs 3 millions de l’état, on ne peut résoudre tous les problèmes. 

 

Est-ce que suffisamment est fait de la part des autorités pour vous soutenir et pour une meilleure santé sexuelle et reproductive de la population ?

 

Nous avons une bonne collaboration avec le ministère de la Santé et de la qualité de la vie et divers ministères avec lesquels nous travaillons sur différents sujets. Si on compare les indicateurs concernant la santé sexuelle et reproductive par rapport à d’autres pays de la région, l’île Maurice se positionne honorablement. La MFPWA souhaite avoir un meilleur soutien de la part du gouvernement pour mieux soutenir ses actions dans la communauté et répondre aux besoins de la population. 

 

Comment envisagez-vous les années à venir ? 

 

Les données démographiques ontchangé. Il y a certains gros développements économiques qui sont en train de se faire dans l’île et je regarde l’avenir avec beaucoup de sérénité. Les politiques internationales sur la santé sexuelle et reproductive auront un impact direct sur la vie des gens à travers le monde. Plus de 30 % de la population mauricienne va être des personnes âgées dans quelques années et celles-ci ont besoin de certains services car elles vivent toujours en couple et ont d’autres besoins. Il faudra tout d’abord avoir une population stable et régler le problème de fertilité.

 

Bio express

 

Vidya Charan, Executive Director à laMauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA), est détentrice d’un MSc en gérontologie, d’un master en sciences sociales, d’un MBC Honors en Social Studies, d’un diplôme en Development Studies, d’un certificat en Advocacy Skills, entre autres. Elle a rejoint la MFPWA en 1996 et en est l’Executive Director depuis 2007.