• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion

Parmanund Bhadye : «C’est effrayant de se réveiller chaque matin et d’entendre qu’il y a un mort de plus sur nos routes»

Les accidents de la route et le nombre de morts sur l’asphalte ont été abordés lors de l’assemblée générale de l’Association des moniteurs d’auto-écoles. Ses membres se disent inquiets de cette situation. Parole à Parmanund Bhadye, président de l’organisme.

Comment réagissez-vous face au nombre croissant de morts sur nos routes ?

 

On se sent forcément et directement concernés parce que nous sommes les professionnels qui formons les aspirants chauffeurs. On a remarqué que la vitesse et le manque du respect du code de la route sont souvent les causes principales de ces hécatombes. Pour nous, c’est un problème très grave pour notre petit pays.

 

Qu’est-ce qui provoque ce «problème grave» ?

 

C’est toute une éducation qu’il faut refaire. On a remarqué que, malgré les cours que nous dispensons et le syllabus que nous suivons pour l’apprentissage des aspirants chauffeurs, beaucoup d’élèves veulent se contenter des cours qui les prépare uniquement pour passer le permis. On leur dit alors qu’on les forme pour qu’ils soient des conducteurs responsables et ce, pour la vie.

 

Que faites-vous face à cette réaction ?

 

Nous, les moniteurs, nous montrons aux aspirants chauffeurs tout ce qu’ils doivent savoir pour devenir de bons conducteurs : la conduite à gauche, ralentir devant chaque feu ou en arrivant devant un passage pour piétons.

 

Qu’est-ce qui explique, selon vous, le fait que certains chauffeurs soient mal préparés pour faire face aux dangers de la route ?

 

Les gens ont tendance à copier. Un adolescent, par exemple, voudra toujours faire comme son père ou comme son père le lui a appris. C’est tout à fait humain. C’est pareil pour la conduite. Certains jeunes apprenent à conduire avec leur père, un parent ou un proche. Ils voyagent avec ces personnes, les observent, apprennent à conduire avec elles et ce n’est pas une bonne chose à faire. Puis, ils copient tout ce qu’ils voient et font ce qu’ils ont vu ou appris, que ce soit de la bonne ou de la mauvaise façon. C’est à déconseiller !

 

Un père qui apprend à son enfant à conduire n’est pas un exemple à suivre parce qu’il n’est pas formé comme un moniteur d’auto-école. Par exemple, il y a une jeune fille qui est récemment venue passer son test. Quand elle a démarré, elle l’a fait comme si elle participait à un rallye. Elle a démarré sur les chapeaux de roue. Quand on lui a demandé pourquoi elle a fait ça, elle a répondu que son père lui a appris à démarrer de cette manière.

 

Nous apprenons aux élèves qu’il faut rouler à gauche. Pourtant, un autre élève rencontré récemment aux Casernes roulait au milieu de la route et, pour lui, c’était une bonne façon de faire parce qu’encore une fois, il avait vu son père le faire, nous a-t-il dit. Il a même ajouté que c’était une façon d’empêcher les autres chauffeurs de le dépasser. Les parents apprennent à leurs enfants à conduire à leur manière. Alors que les moniteurs suivent un programme.

 

Vous avez tiré la sonnette d’alarme sur ces pratiques ?

 

C’est malheureux quand on voit ce qui se passe sur nos routes. Les campagnes sur la sécurité routière s’enchaînent. Dans les cours, nous faisons comprendre à nos élèves qu’ils doivent respecter le code de la route. Je vais vous donner un autre exemple de manque de vigilance : lorsqu’un automobiliste arrive à un feu qui est au vert, il a tendance à accélerer pour le traverser rapidement. Mais nous, nous disons non. En arrivant à un feu, peu importe la couleur affichée, il faut rétrograder le véhicule. Si c’est toujours vert, là, le chauffeur peut accélérer. Mais il faut toujours que le conducteur soit préparé pour arrêter la voiture afin de parer à toute éventualité.

 

Nous sommes à 132 moniteurs d’auto-écoles et nous nous débattons pour faire le maximum. Mais tout le monde ne passe pas par les auto-écoles. On espère que, dans un poche avenir, les choses changeront, surtout avec «le carnet d’apprentissage» que le gouvernement compte instituer. Tous ceux qui viennent passer le permis devront alors obligatoirement passer par une auto-école afin de pouvoir prétendre à passer le test. Tous les aspirants chauffeurs devront aussi obligatoirement faire

10 heures de théorie.

 

Pour donner un autre exemple, il y a beaucoup de chauffeurs qui ne savent pas que, lorsqu’ils conduisent le soir et qu’il y a un chauffeur qui vient en face, il faut mettre le dim.

 

Quels sont les critères que vous suivez avant de dire à un aspirant conducteur qu’il est prêt pour le test ?

 

Il y a trois critères qui sont très importants. Le premier, c’est la safety & security on the road. On travaille beaucoup sur cet aspect. On apprend ainsi aux élèves à assurer la defensive driving. Par exemple, nous mettons souvent les élèves en situation, c’est-à-dire face à une emergency, et nous leur expliquons comment y faire face. Le deuxième critère est le highway code. Il faut respecter à 100 % le Code de la route. Finalement, le troisième critère est le driving skill : how to keep control of the car all the time.

 

Vous proposez que les nouveaux détenteurs du permis de conduire aient une plaque «L» sur leur voiture pendant deux ans. Qu’est-ce que cela peut changer ?

 

Il n’y a rien qui distingue une personne qui vient d’obtenir son permis aujourd’hui et qui prend la route, d’un autre automobiliste. Il n’y a pas de différence entre cette personne et un chauffeur qui a son permis depuis longtemps. Je propose que ceux qui passent leur permis obtiennent une «licence» provisoire sur deux ans. Je propose aussi que le nouveau conducteur affiche un «L» vert à l’arrière ou à l’avant pour montrer qu’il est un nouveau conducteur ou qu’il affiche un sticker «A» pour souligner qu’il est un apprenti chauffeur, comme c’est le cas en France. Si pendant ces deux ans, le jeune chauffeur commet une infraction, il perdra alors son permis. Il faudrait que, durant ces deux années, il ne fasse aucune infraction afin d’obtenir un permis permanent. C’est malheureux et effrayant de se réveiller chaque matin et d’entendre qu’il y a un mort de plus sur nos routes.

 

Les victimes d’accidents sont souvent les motocyclistes. Comment accueillez-vous l’arrivée des moto-écoles ? 

 

C’est une très bonne mesure. Certains trouvent que ça coûte très cher mais ce n’est pas cher payé lorsqu’on considère que c’est investir pour plus de sécurité lorsqu’un conducteur prend la route. Ceux qui trouvent que c’est cher ne réalisent pas que c’est une façon de prévenir les accidents. C’est une bonne initiative. Dans un futur très proche, on verra le résultat.