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Nathalie Rose : «PILS a créé un comité de patients pour être au plus près des besoins des personnes vivant avec le VIH»

La chargée de plaidoyer est désormais membre de la délégation des ONG du Sud au sein du Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la Tuberculose et le Paludisme. Elle nous parle de ce que cela représente pour le pays et des retombées de la mission exploratoire qui a récemment eu lieu dans l’île.

Une mission exploratoire à Maurice visait à mieux connaître les enjeux de recherche locaux, notamment. Quelles sont les retombées de cette activité qui s’insère dans le cadre du programme de recherche communautaire de Coalition Plus, auquel participe PILS ?

 

La visite d’Adeline Bernier, chargée de mission au Programme Recherche Communautaire à la Coalition Internationale Sida, et d’Aliou Sylla, directeur de Coalition Plus Afrique, a été l’occasion d’organiser de nombreuses rencontres et d’identifier de potentiels collaborateurs de l’État, du secteur privé, de la société civile ainsi que des agences de développement pour accroître la recherche communautaire au sein de PILS et à Maurice. La recherche communautaire se distingue par la collaboration entre les chercheurs et les membres de la communauté. Le partenariat est équilibré, permettant à chaque participant d’apporter son expertise. Dans le cas de PILS, cela signifie que des études seront menées avec et pour les populations les plus concernées afin de les impliquer dans la réponse contre le VIH, tout en renforçant leurs capacités. 

 

Quelles sont les retombées de cet échange ? 

 

Les retombées de la visite ont été favorables et plusieurs acteurs se sont montrés désireux de travailler avec notre organisation. Nous travaillons sur la création d’un comité scientifique sur lequel siégeront les acteurs-clés, afin qu’ils apportent un appui technique à la recherche. De plus, lors de leur visite, Adeline et Aliou ont eu l’opportunité de rencontrer des membres des populations-clés sur le terrain, de mieux comprendre les besoins de ces personnes et comment la recherche communautaire peut apporter une réponse aux défis auxquels elles font face.

 

La France accueille, du 23 au 26 juillet, l’IAS 2017, une conférence internationale qui se tient tous les deux ans. Durant quatre jours, Paris va (re)devenir la capitale du Sida où plusieurs thèmes y relatif seront abordés. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ?

 

Tout d’abord, il est bon d’expliquer ce qu’est la Conférence internationale sur le VIH. La première Conférence internationale sur le VIH/Sida est organisée en 1985 à Atlanta, à l’époque où le virus fait des ravages, où les traitements médicaux n’existent pas et où les personnes infectées meurent par milliers à travers le monde. Depuis, cette conférence continue de constituer un forum unique pour renforcer les policies et les programmes afin d’assurer une réponse globale basée sur des évidences. À ce jour, la Conférence internationale sur le Sida est la plus grande conférence sur la question mondiale de la santé ou du développement.

 

Quelle est l’importance d’une telle rencontre ? 

 

C’est de permettre aux différents participants d’être en réseau et d’apprendre sur les dernières avancées de la médecine, de la prévention, du travail de terrain et du plaidoyer, entre autres. Les participants sont les personnes vivant avec le VIH, les représentants du monde médical et légal, les chercheurs, les politiques y compris des chefs d’États ou ministres, les activistes, les médias, les différentes populations-clés (usagers de drogues, travailleurs/ses du sexe, hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, transgenres), les organisations gouvernementales ou non gouvernementales nationales, régionales et internationales, les représentants des agences des Nations unies. Cette conférence a été organisée chaque année jusqu’en 1994, et à partir de là, il y a eu deux conférences différentes organisées chaque deux ans en alternance : la Conférence internationale sur le Sida, qui attire entre 15 000 et 25 000 personnes, et la Conférence scientifique sur le Sida qui accueille moins de monde de par sa visée plus scientifique (entre 4 000 à 8 000 personnes). La prochaine conférence organisée à Paris sera donc la conférence scientifique.

 

Est-ce que Maurice va y participer ? 

 

À ce stade, autant que nous sachions, aucun représentant de la société civile mauricienne n’y assistera. Cependant, comme la conférence de cette année sera scientifique, ce serait une très bonne chose pour le pays si le ministère de la Santé et de la Qualité de la vie y envoie des représentants. Ils pourraient être encore mieux informés sur les nouvelles pratiques médicales autour du VIH/Sida et servir encore mieux les personnes vivant avec le VIH dans notre pays.

 

Vous êtesdésormais membre de la délégation des ONG du Sud au sein du Conseil d’administration du Fonds mondial. Qu’est-ce que cela représente pour le pays ?

 

Cette présence sur le board du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la Tuberculose et le Paludisme dépasse le cadre de Maurice car au sein de la délégation des ONG du Sud, je représente, avec neuf autres personnes de la société civile à travers le monde, les ONG des pays en voie de développement. Il y a différentes délégations qui ont aussi un droit de vote sur le board du Fonds mondial, notamment les pays donateurs, les représentants régionaux, les ONG des pays développés, les représentants des communautés affectées/infectées par ces trois pandémies, des grosses fondations, etc.

 

Quelle est la mission de la délégation des ONG du Sud ?

 

La délégation dont je fais partie depuis peu vise à contribuer et à influencer les politiques et les pratiques du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la Tuberculose et le Paludisme afin qu’elles soient adaptées aux besoins des personnes touchées par ces trois maladies. Cela représente un processus démocratique relativement unique car, à travers cette délégation, les pays bénéficiant des financements peuvent avoir leur mot à dire sur la gestion globale de ce fonds, contrairement aux classiques bailleurs de fonds internationaux qui financent des projets dans les pays en voie de développement, sans prendre en considération les doléances de ces derniers. Ainsi, le rôle des membres de ma délégation est de représenter les préoccupations des ONG des pays en voie de développement sur le board du Fonds mondial de manière stratégique et consultative. Aussi, devons-nous informer et influencer positivement les processus de gouvernance du Fonds mondial afin de mieux intégrer les efforts des ONG pour lutter contre les trois maladies dans les réponses nationales et internationales.

 

Et le rôle du Fonds mondial ?

 

Il a été créé en 2002 pour augmenter considérablement les ressources pour la lutte contre les trois pandémies et il soutient Maurice depuis 2010. Cela a permis une collaboration entre les ONG et le gouvernement afin de mettre sur pied des services pour les personnes vivant avec le VIH et les populations affectées et infectées par le VIH. Le Fonds mondial nous a permis de donner des services comme les traitements anti-VIH, les programmes de méthadone et d’échange de seringues, le dépistage, et cela a causé une chute considérable de la prévalence du VIH à Maurice.

 

Parlez-nous de votre actualité…

 

Depuis quelques mois, nous travaillons sur le renforcement de nos services de santé communautaire. Ces services comprennent, entre autres, le dépistage communautaire et démédicalisé, le conseil et l’orientation vers les services de prise en charge, l’éducation thérapeutique, les soins primaires, l’outreach, la recherche des patients qui se sont éloignés du système de soin et les groupes d’auto-support. Afin d’être au plus près des besoins en santé des personnes qui vivent avec le VIH, PILS a créé un comité de patients composé de leaders communautaires qui sont au cœur des réflexions sur les besoins, les priorités, la mise en place, la gestion et l’évaluation des activités de santé communautaire.