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Meurtre atroce de Christiana Chery, 27 ans | Sa mère : «Les mots me manquent pour dénoncer cette barbarie»

Le cadavre de la jeune maman a été retrouvé dans un champ de cannes alors qu’elle était portée manquante depuis une semaine.

Elle voulait organiser une belle fête pour les 3 ans de sa fille et les 70 ans de son père. Ce jour-là, Christiana était sortie pour aller visiter le campement qui devait accueillir cet événement. Chemin faisant, elle a perdu la vie dans des circonstances abominables. Tuée par le chauffeur qui la véhiculait et qui était amoureux d’elle. Marlène Chery revient sur la vie et la fin tragique de sa fille bien-aimée.

Leur vie a basculé dans l’horreur. Marlène et Berty Chery ont perdu leur fille Christiana dans des circonstances atroces et depuis, le désespoir les a envahis. «C’est dur quand nous avons quelqu’un dans notre cœur et que nous ne pouvons l’avoir dans nos bras. C’est très dur pour nous tous, surtout quand nous pensons à notre petite-fille. Hier encore (Ndlr : le jeudi 16 février), elle jouait avec le téléphone. Elle disait : Allô maman, c’est toi ? Quand tu reviens ?”. J’ai fondu en larmes. Elle est trop petite pour qu’on lui dise que sa mère est morte», confie Marlène, la gorge nouée. 

 

Assise sur sa terrasse, cette habitante de La Tour Koenig est perdue dans ses sombres pensées. Elle reste presque insensible aux va-et-vient de ceux venus leur témoigner de la sympathie, à son époux et elle, en ce vendredi matin. Elle pense sans cesse à la tragédie qui touche sa famille, à la perte de son enfant unique : «Les mots me manquent pour dénoncer cette barbarie.»

 

Le cadavre de sa fille a été retrouvé dans un champ de cannes à Cascavelle, le jeudi 16 février. Christiana Chery portait plusieurs blessures sur le corps. Le rapport d’autopsie indique que son décès est dû à une entaille à la gorge et à une lacération au niveau de l’abdomen. Elle était portée disparue depuis une semaine. C’est par le biais d’une radio que ses parents ont appris la terrible nouvelle. «Au début, on n’y a pas cru. On pensait qu’elle allait revenir. Nous avons dû nous rendre à l’évidence lorsque la police nous a demandé de venir à la morgue de l’hôpital de Candos pour identifier la dépouille de notre fille», raconte Marlène.

 

Sa voix se casse. Des larmes perlent sur le visage de cette dame de 58 ans : «Je n’ai pu regarder son visage à la morgue. J’ai su tout de suite que c’était vraiment elle en voyant la jupe et le haut qu’elle portait. J’étais en larmes. Elle avait une minijupe en jeans et un top avec une illustration de Mickey Mouse. Mon époux est lui aussi sorti en larmes après avoir regardé son visage.»

 

À la grande tristesse de Marlène s’ajoute un immense regret : «Je n’aurais pas dû la laisser sortir ce jour-là. Elle serait peut-être encore en vie si je l’avais suivie dans cette voiture.» Le jour de sa disparition, Christiana est montée à bord d’un véhicule, qui avait l’habitude de faire ses «courses», après avoir dit à sa mère qu’elle allait revenir dans deux minutes. «Elle n’était pas du genre à mentir et en plus, elle avait laissé son portable et son porte-monnaie à la maison», relate Marlène. La sortie de Christiana avait un but précis. «Elle cherchait un campement pour célébrer les 3 ans de sa fille le 12 février et les 70 ans de son père le 13 février.»

 

Christiana avait, au préalable, passé toute la journée à la maison. «On a tous cru qu’elle allait rentrer très vite. Ma fille n’était pas du genre à aller faire la fête sans se soucier de sa fille et de sa famille», souligne Marlène. Son époux et elle commencent à se faire un sang d’encre lorsque leur fille ne rentre pas ce soir-là. «Nous l’avons cherchée partout avant de nous rendre à la police. Des personnes affirmaient avoir vu ma fille se bagarrer dans la rue avec le chauffeur de la voiture qui était venue la chercher, vers 17h30, le jour même de sa disparition. Selon un des témoins, un policier, le chauffeur était dans une Nissan bleu marine», précise Marlène.

 

«Se enn vre bouro»

 

Le mardi 14 février, le chauffeur en question, Bilall Elahee, 24 ans et habitant Quinze-Cantons, Vacoas, est arrêté par la police. Mais la police n’en tire pas grand-chose. Deux jours plus tard, le cadavre de Christiana est retrouvé. Le lendemain, le jeune homme passe aux aveux lors de son interrogatoire dans les locaux de la Major Crime Investigation Team. Amoureux de la jeune femme, il n’acceptait pas qu’elle parte pour La Réunion dans quelques jours pour aller épouser son fiancé. Il est poursuivi sous une accusation d’assassinat. 

 

«Mo ti konn li de vu kumsa. Li mem ti pe fer bann kours mo tifi», soutient Marlène. Son époux et elle ne veulent qu’une chose maintenant, que justice leur soit rendue ainsi qu’à leur fille. «Nu bizin gagn la zistis. Li tro fasil linn touy mo tifi kumsa. Mo tifi inn bizin bien soufer. So agreser se enn vre bouro. Ki kalite kriminel sa ? Bizin pa donn li kosion sa.»

 

Christiana était leur unique enfant. Une petite fille originaire de Rodrigues qu’ils ont adoptée alors qu’elle avait 5 ans. «Mo ti konsider li kuma mo prop zanfan,», précise Marlène. Son époux Berty, menuisier, et elle, femme de chambre dans un hôtel, ont fait de leur mieux pour donner à leur fille tout ce dont elle avait besoin. 

 

Après le primaire à l’école de son quartier, Christiana fréquente le collège Medco Cassis jusqu’à la Form III. «Puis, elle a décidé de mettre fin à sa scolarité», confie sa mère. À l’époque, Christiana passe un bon bout de temps à la maison avant de prendre de l’emploi dans un magasin. «Quelque temps plus tard, elle est devenue danseuse dans un club privé», poursuit-elle.

 

Selon Marlène, Christiana a cessé de travailler là-bas à la naissance de sa fille il y a 3 ans. Elle était «mère célibataire» : «Nu pa konn zanfan la so papa mem. Zame li pann okip mo ti zanfan.» Dans un avenir proche, dit-elle, Christiana allait donner une nouvelle direction à sa vie. Fin février, elle devait rejoindre son fiancé Gérard Rubel, un policier français de 55 ans, à La Réunion. «Ils se sont rencontrés à Maurice il y a deux ans et sont restés en contact. Gérard est venu la voir à Maurice à plusieurs reprises depuis leur rencontre. Au début, il louait des bungalows à Flic-en-Flac. Depuis qu’elle nous l’avait présenté, il logeait chez nous lors de ses séjours.»

 

Peu avant la disparition de Christiana, son fiancé et elle ont parlé des préparatifs de l’anniversaire de sa fille et de son père. «Mais le dimanche 12 février, jour de l’anniversaire de la petite, a été une terrible journée car nous étions très angoissés de par son absence prolongée», se souvient Marlène.

 

Sa famille espérait alors que le pire n’allait pas arriver. Hélas, quelques jours plus tard, la vie des Chery a basculé dans l’horreur.

 


 

Quinze-Cantons sous le choc

 

L’arrestation de Bilall Elahee et ses confessions sont diversement commentées dans son quartier à Vacoas. Les habitants de Quinze-Cantons, sous le choc, le décrivent comme un garçon très réservé. «Li pa ti preske frekant personn dan landrwa», nous dit un voisin. Une dame avance, pour sa part, que «tou dimunn konn li bien trankil, dan so fami zot tou kumsa». Les membres de sa famille sont restés, eux, injoignables.

 


 

Gérard Rubel, le fiancé de Christiana  : «On devait se marier en mars»

 

C’était trop beau pour être vrai, dit-il. Sa fiancée devait le rejoindre dans quelques jours et ensemble, ils allaient concrétiser leur plus beau projet. «On devait se marier en mars», confie d’une voix émue Gérard Rubel, le fiancé de Christiana Chery. Il a tenu à faire le déplacement à Maurice pour les funérailles de la jeune femme qui auront lieu ce dimanche après-midi, à 14 heures. Le Français, un policier vivant à La Réunion, est anéanti.

 

 

«Je me suis effondré lorsqu’on m’a appris que Christiana est morte. Je n’ai jamais pleuré autant auparavant, même quand j’ai perdu mon père et mon frère dans l’intervalle de sept mois. J’ai tellement pleuré cette fois que je n’ai pu conduire mon véhicule jusque chez moi. On a dû me ramener. Je suis terriblement affecté. Elle va beaucoup me manquer. On avait déjà nos habitudes», confie Gérard Rubel.

 

Le policier remercie ses confrères mauriciens : «J’ai tenu à me rendre sur les lieux du drame cet après-midi (NdlR : le samedi 18 février). J’ai beaucoup pleuré en voyant le cordon de la force policière et les traces de sang. Les policiers mauriciens ont fait un excellent travail. J’apprécie sincèrement leur façon d’opérer pour élucider cette affaire. »

 


 

Bilall Elahee : «Mo ti anvi marye ar li»

 

La Major Crime Investigation Team n’a pas tardé à lui faire cracher le morceau alors qu’il niait les faits depuis le début. Dans sa déposition, Bilall Elahee raconte qu’il a agressé Christiana lors d’une discussion très houleuse. 

 

Plus tôt, en cet après-midi du 9 février, il était allé récupérer la jeune femme chez elle. Elle l’avait appelé ce jour-là pour lui demander de l’emmener à Flic-en-Flac où elle devait visiter un bungalow. Elle voulait y organiser l’anniversaire de sa fille.

 

En cours de route, la jeune femme lui aurait demandé de s’arrêter à Cité Richelieu où elle devait récupérer quelque chose. Une première bagarre a alors éclaté entre eux. Par la suite, la jeune femme lui aurait demandé de s’arrêter dans un champ de cannes à Cascavelle, à proximité du Medine Business Park, pour discuter. 

 

Bilall Elahee est passé aux aveux deux jours après son arrestation.

 

Une deuxième bagarre a éclaté entre eux lorsque la jeune femme lui a signifié son intention de quitter le pays pour aller s’installer avec son fiancé à La Réunion. «Mo ti anvi marye ar li», a déclaré Bilall Elahee aux enquêteurs. Dans la foulée, il dit avoir pris un cutter de sa poche pour intimider Christiana. Il l’a tailladée à deux reprises. Il dit avoir constaté qu’il avait tranché la gorge de la jeune femme lorsqu’il s’est retrouvé à terre avec elle. Il a également vu l’entaille qu’elle avait au niveau de l’abdomen. Pris de panique, il aurait quitté les lieux précipitamment pour rentrer chez lui. Non sans avoir d’abord jeté l’arme du crime dans une rivière de la région.  

 

Dans sa déposition, le jeune homme explique qu’il a connu Christiana il y a cinq mois, dans le cadre de son travail. Il fait, dit-il, des «courses» pour des particuliers sans être chauffeur de taxi accrédité. Il emmenait donc Christiana à certains endroits où elle devait se rendre. Ils ont sympathisé après plusieurs rencontres. 

 

La MCIT prévoit de conduire Bilall sur les lieux du drame aujourd’hui pour les besoins de l’enquête policière. Les enquêteurs ont déjà recueilli plusieurs effets personnels de la victime pour des tests ADN.