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Margaret Herbu : «Lakaz Zen fait avec les moyens du bord pour permettre à des jeunes de se remettre debout»

Neuf adolescents suivis par Lakaz Zen, de l’association ENSAM, ont intégré un centre de formation professionnelle. Cette nouvelle orientation est une étape pour les jeunes qui sont suivis par l’ONG. Margaret Herbu, de Lakaz Zen, nous explique la bataille que livre l’organisme.

Qu’est-ce que Lakaz Zen ?

 

C’est à Camp-Firinga que tout a commencé. Vu la situation critique, les travailleurs sociaux voulaient être mieux équipés pour offrir un service de proximité aux démunis. L’association ENSAM a alors vu le jour et a été officiellement enregistrée en novembre 2009. Avec le souci de prendre les enfants et les ados en main et de les encadrer, le centre d’épanouissement Lakaz Zen a été créé. Aujourd’hui, malgré les 28 années écoulées, une bonne partie des habitants de Camp-Firinga font toujours face à la pauvreté. Lakaz Zen fait de son mieux, avec les moyens du bord, pour permettre à des jeunes de se remettre debout pour un avenir meilleur, en leur donnant des outils pour améliorer la qualité de leur vie.

 

Quelles sont les difficultés auxquelles ces personnes font face ?

 

Les difficultés auxquelles elles sont confrontées sont les suivantes : famille recomposée, monoparentale, fille mère, grossesse précoce, pauvreté, manque de confiance et de motivation, chômage, manque de moyens, manque d’éducation, délinquance juvénile, multiples fléaux comme la drogue, la prostitution et la violence.

 

Neuf adolescents suivis par Lakaz Zen ont ainsi intégré un centre de formation professionnelle. Comment est-ce que cela a été possible ?

 

Quand nous avons accueilli nos jeunes, chacun ayant sa propre personnalité et sa souffrance, j’ai voulu, avec mon équipe, emmener chaque enfant, malgré son dur passé, à reprendre sa vie en main et à retrouver sa dignité. Du coup, nous avons travaillé d’arrache-pied. Après sept mois de travail intense – sur le respect de soi, le respect des autres, le respect de son environnement, le fait de s’exprimer correctement, de se socialiser et de s’intégrer dans la société, de vivre des valeurs humaines, entre autres –, ces enfants ont repris goût à tout ce qui est apprentissage et éducation. Après une telle réussite, je me suis dit : pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Après mûre réflexion, j’ai voulu leur prouver que tout enfant a droit à l’éducation ; il suffisait de le vouloir.

 

Qu’avez-vous alors fait ?

 

Je me suis tournée vers le directeur de la JR School, M. Jhurry, et son assistant, Guillaume Teerooven, qui ont bien voulu être nos partenaires dans ce gros projet à long terme. Après deux mois de formation, nous avons ciblé deux de nos jeunes parmi nos neuf élèves, qui ont du potentiel et le désir de réussir dans la vie et de réussir leur vie. Les deux jeunes, je les ai amenés à parler de leurs rêves et, avec l’apport de l’équipe, je les ai aidés à les réaliser, alors pourquoi pas ? Travailler sur une croisière, poursuivre des études avancées à l’étranger ou travailler dans un hôtel international… Certes, l’intégration au centre de formation a été parfois difficile. Le fait que nous croyions à 200 % en nos élèves leur a permis de persévérer et de s’adapter aux nouveaux challenges. Chaque jour, mon équipe et moi, nous nous faisons un devoir de les encourager, de vérifier leurs devoirs et de nous proposer pour tout soutien dont ils ont besoin.

 

Quelles perspectives de carrière s’ouvrent à eux ?

 

Lors de notre première rencontre avec les préposés de la JR School, ils nous ont expliqué clairement que leurs objectifs visent à mettre nos jeunes en placement, dépendant de l’intérêt qu’ils porteront à leur formation professionnelle. Actuellement, nos neuf élèves font une formation de base d’une durée de dix mois. Ensuite, ils seront évalués pour qu’ils puissent se perfectionner selon leurs désirs et leurs compétences dans les domaines suivants : valet de chambre, réceptionniste, cuisinier, pâtisserie, barman, serveur et plomberie. Ils poursuivront la formation pendant trois années, couplée à des stages pratiques dans des hôtels, et ils seront rémunérés.

 

Quel est le profil de ces jeunes ?

 

Nous accueillons des adolescents qui viennent de différents quartiers défavorisés de Pointe-aux-Sables et qui sont en situation d’échec scolaire. Nous leur offrons une prise en charge adaptée à leurs besoins spécifiques : entre autres, une remise à niveau académique, l’initiation à l’art, un service d’écoute régulier et un suivi psychologique. Le but est de permettre leur intégration dans une école de formation afin qu’ils puissent entrer sur le marché du travail et se trouver une place dans la société. Leurs parents sont également pris en charge, dépendant de leurs besoins et de leur motivation. Nous dispensons des cours de rattrapage après les heures de classe, afin de consolider les acquis de ceux qui sont scolarisés mais qui ont des retards ou des difficultés d’apprentissage. C’est fait tout en les motivant et en leur redonnant confiance en eux et en la vie.

 

Pouvez-vous nous parler des autres activités que vous proposez aux jeunes ?

 

On essaie de promouvoir la chanson et l’initiation à la musique à travers des classes de théorie et de pratique car c’est un moyen efficace pour nos jeunes d’exprimer leurs émotions. La cuisine éducative permet à nos jeunes de démontrer leur talent culinaire ; il y a la préparation des menus et les concepts de mathématiques sont appliqués d’une manière plus concrète. Des activités  récréatives leur sont offertes pour leur développement intégral afin de les réintégrer dans le circuit scolaire ou sur le marché du travail.

 

Comment arrivez-vous à opérer ?

 

L’association ENSAM, qui nous chaperonne, nous soutient dans la mise en place de notre projet. Comme nous sommes une organisation à but non lucratif, nous faisons face, assez souvent, à des difficultés financières étant donné que, pour le bien-être de nos élèves, nous leur offrons le petit déjeuner et le déjeuner au quotidien.

 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

 

Nous avons constaté un manque d’intérêt des parents concernant notre programme éducatif. Afin de créer une relation de confiance, nous avons mis en place un programme spécifique pour les mamans. Nous travaillons, entre autres, sur le counselling, l’empowerment et sur le projet Prendre une maman par la main. Nous mettons l’accent sur le counselling parce que nous croyons que cela peut contribuer énormément au projet Empower nos mamans. Car nous savons que si la maman est bien dans sa tête, l’enfant bénéficiera d’un bon environnement forcément, parce qu’elle pourra donner le meilleur encadrement à sa famille. Nous travaillons d’arrache-pied pour valoriser, conscientiser et responsabiliser les mamans dans leur rôle.