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La mystérieuse disparition d’Edouarda, 11 ans

Edouarda portait un T-shirt vert et un pantalon blanc le jour de sa disparition.

C’est un véritable branle-bas à Cité-Anoska, Curepipe, et dans ses alentours depuis la disparition d’Edouarda Gentil qui n’a plus donné signe de vie depuis le dimanche de Pâques. À l’heure où nous mettions sous presse, les recherches se poursuivaient pour retrouver la fillette de 11 ans. Sa mère Mirella nous confie son désespoir.

Une petite pluie fine s’abat sur Forest-Side. L’air est glacial et l’obscurité a envahi les bois à l’arrière du dépôt de l’United Bus Service (UBS). Mais cela ne décourage nullement les éléments du Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM) et de la Police Dog Section qui arpentent les lieux dans le noir total munis de head lamps. En ce vendredi soir, ils scrutent les moindres recoins de ce terrain boisé, parfois difficilement accessibles, à la recherche d’une petite fille de 11 ans, Edouarda Gentil, portée disparue depuis lundi dernier. Plus tôt, en ce 10 avril, les proches de la fillette avaient fait une battue à l’arrière du dépôt et auraient entendu sa voix répondant à leurs appels. Mais leurs recherches se sont avérées vaines.

 

Il est aux alentours de 18h30, vendredi, lorsqu’une vingtaine de volontaires, menés par Mirella Gentil, la maman d’Edouarda, arrivent sur les lieux munis de sabres pour couper les branches qui les gênent et de lampes torches pour se retrouver dans l’obscurité, accompagnés de plusieurs chiens. Depuis lundi, ils sillonnent tous les bois des alentours de Curepipe où habite la famille Gentil, à Cité-Anoska précisément. «On a tous entendu la voix d’Edouarda. Elle peinait à répondre. Elle a d’abord émis des soupirs avant de dire “ma” une seule fois. Puis ce fut le grand silence malgré nos nombreuses sollicitations. Nous avons alors alerté la police qui est arrivée peu après», confie Mirella, exténuée.

 

La jeune femme se repose un moment sous le bâtiment abritant le centre de formation des chauffeurs de poids lourds, à l’arrière du dépôt d’autobus, en compagnie de ses proches et des badauds présents en grand nombre sur les lieux. «Je pense que quelqu’un a enlevé ma fille. Le chien renifleur de la police a perdu sa trace en bordure de route. Ma fille n’est pas du genre à fuguer. Elle est trop jeune et timide. C’est aussi une fille douce et obéissante. Rendez-moi ma fille vivante, je vous en supplie», plaide cette mère qui oscille entre l’espoir de retrouver son enfant saine et sauve et le désespoir qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave, de très grave.

 

Une voix dans le noir

 

En ce vendredi soir, les membres de la police prennent le relais des recherches vers 20 heures, à l’endroit où la voix d’Edouarda a été entendue plus tôt, redoublant d’efforts pour la retrouver. Les battues durent plus de trois heures. Elles sont difficiles car il fait nuit noire et que les nombreux arbres et arbustes gênent la vue et les mouvements des chercheurs. Vers 23h40, les recherches s’arrêtent car les policiers ont fait le tour de tout le périmètre sans succès et que les conditions (l’obscurité mais aussi un peu de brouillard et la pluie) sont trop difficiles.

 

Hier matin, Mirella et d’autres volontaires ont repris les recherches très tôt dans les bois des environs. Les éléments de la Special Supporting Unit et l’Helicopter Squadron étaient aussi sur le terrain. À un moment, les proches de la fillette ont cru tenir une bonne piste quand ils sont tombés sur une bouteille d’eau, un take away vide et plusieurs traces de pas. Mais encore une fois, ils n’ont rien trouvé. Les policiers sont également rentrés bredouilles. Depuis que cette disparition a été signalée lundi, plusieurs unités sont mobilisées pour retrouver la petite Edouarda : la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe, la Special Mobile Force (SMF), la Police Dog Section et le Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM). Les battues se sont arrêtées en fin d’après-midi hier pour reprendre aujourd’hui.

 

Au fil des recherches, à chaque fois infructueuses, l’angoisse se fait de plus en plus pesante pour les proches de la fillette à Cité-Anoska. Un quartier de 16e-Mile, à Forest-Side, qui vit un véritable bouleversement depuis la disparition d’Edouarda. Mirella Gentil, 29 ans, a fait une déposition au poste de police de Curepipe lundi après-midi pour dire que sa fille était introuvable. Hélas, jusqu’ici, toutes les recherches sont demeurées vaines. Au grand désespoir de Mirella.

 

«Je lui ai parlé vers 20h»

 

Quand nous la rencontrons, la jeune femme, les traits tirés, semble perdue dans de sombres pensées. Sa voix est presque inaudible et elle a du mal à aligner deux phrases. Sa douleur est palpable quand elle raconte les circonstances dans lesquelles sa petite a disparu. C’était le 5 avril, dimanche de Pâques. «Toute la famille s’était réunie chez une tante, non loin de là où j’habite, pour fêter Pâques et célébrer le baptême d’un bébé de la famille. Je donnais un coup de main dans la cuisine. J’ai vu Edouarda et lui ai parlé vers 20 heures. Après je ne l’ai plus revue», confie Mirella, la voix tremblante. Elle ne s’est pas inquiétée pensant que la fillette, qui portait un T-shirt vert et un pantalon blanc ce jour-là, était dans les environs avec d’autres proches.

 

Mirella raconte qu’elle est rentrée chez elle vers 1 heure cette nuit-là. Croyant que sa fille était déjà rentrée avec sa mère et d’autres membres de la famille, elle est allée se reposer. La jeune femme vit chez ses parents avec ses trois enfants. Elle s’est séparée du père d’Edouarda alors qu’elle était enceinte d’elle d’un mois et a deux autres filles de 2 et 5 ans d’une autre relation avec un homme dont elle est également séparée. Ce dernier fait le va-et-vient entre Cité-Anoshka et Cotteau-Raffin, où il habite.

 

Vaines recherches

 

Le lendemain matin, c’est la mère de Mirella qui a remarqué qu’Edouarda n’avait pas dormi à la maison. «Je me suis tout de suite rendue chez ma tante pour voir si Edouarda était restée là-bas ou avait dormi chez d’autres proches du quartier. Des membres de ma famille m’ont alors dit qu’Edouarda jouait avec des enfants de son âge lorsqu’elle est sortie dans la rue vers 21h30 pour aller saluer son grand-père paternel qui lui rend visite de temps en temps et avec qui on a gardé de bonnes relations. L’homme lui a dit bonsoir et s’en est allé peu après. Personne ne se rappelle avoir vu Edouarda par la suite», souligne Mirella.

 

Dans un premier temps, Mirella a cru que le père d’Edouarda était venu la récupérer pour qu’elle passe quelques jours chez lui à Vallée-des-Prêtres. Mais lors d’une conversation téléphonique avec celui-ci, l’homme lui a assuré qu’il n’en était rien. Entre-temps, d’autres proches et des amis de la famille ont commencé à faire des battues dans le quartier et ses alentours, sans aucun résultat. 

 

Paniquée, Mirella s’est rendue au poste de police de Curepipe vers 15h30 pour faire une déposition formelle. Depuis, les recherches ne se sont pas arrêtées que ce soit du côté des proches d’Edouarda ou de la police. Tous espèrent que la petite, qui fréquente l’école primaire de Midlands et doit prendre part aux examens du Certificate of Primary Education en octobre, sera retrouvée saine et sauve. Même si leur angoisse augmente de jour en jour…

 

La police sur le qui-vive

 

La Criminal Investigation Division de Curepipe n’écarte aucune piste. Plusieurs personnes ont ainsi été interrogées dont un habitant de Vallée-des-Prêtres, qui serait le père biologique d’Edouarda. Alors que Mirella Gentil affirme qu’il est le père de la fillette, lui nie ce fait. Dans sa première déposition, juste après la disparition d’Edouarda, il a aussi expliqué à la police qu’il a fait la connaissance de Mirella il y a 13 ans, qu’ils se sont mariés un an plus tard pour se séparer après une autre année.

 

L’habitant de Vallée-des-Prêtres a été interrogé à nouveau hier matin par les limiers de la CID de Curepipe. Ces derniers voulaient avoir des éclaircissements par rapport à plusieurs incohérences qu’ils avaient relevées dans ses propos. Il a maintenu sa première version. Les enquêteurs l’ont, par la suite, autorisé à rentrer chez lui. Aux Casernes centrales, la disparition d’Edouarda est traitée comme une affaire de la plus haute importance.

 

Un premier avis de recherche a été lancé le mercredi 8 avril. Un deuxième avis a été lancé par le service de presse de la police hier matin. Toutes les informations concernant la fillette doivent être communiquées à la police via la Police Information Room. Il faut téléphoner sur le 999, le 208 0034 ou le 208 0035 ou contacter le poste de police le plus proche à cet effet.