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La ministre Aurore Perraud : «Aret ar violans domestik : nous sommes tous ensemble contre les bourreaux»

Alors que le monde a commémoré, le vendredi 25 novembre, la Journée internationale de la violence à l’égard des femmes, la violence domestique est plus que jamais d’actualité. Lundi encore, Alexia Ritta, 23 ans, a été étranglée, battue et lapidée par son compagnon. Parole à Aurore Perraud, ministre de l’Égalité du genre et du développement de l’enfant.

Les Family Support Bureaux ont enregistré 1 563 cas de violence domestique de janvier à septembre. Comment faut-il interpréter ces chiffres ? Est-ce une tendance à la hausse ou à la baisse ?

 

Il est important de comprendre ces chiffres. Il s’agit du nombre de cas rapportés dans nos six Family Support Bureauxseulement : Bambous, Phoenix, Port-Louis, Flacq, Rose-Belle et Goodlands. Ils n’incluent pas les cas rapportés à la police ou dans les Police Family Protection Unitset d’autres institutions qui traitent de la violence domestique. C’est pourquoi je dis toujours que ces cas ne sont que le sommet de l’iceberg. La majorité des victimes souffrent en silence. Ces chiffres sont à la hausse et pour nous, c’est bon signe. Cela démontre d’une part que nos différentes campagnes de sensibilisation marchent et que plus de victimes viennent dénoncer leur bourreaux. Nous avons d’ailleurs rendu la hotline de la violence domestique, le 139, gratuite pour faciliter l’accès aux victimes. Il y a encore beaucoup trop de victimes qui préfèrent ne pas dénoncer leurs bourreaux ou qui n’ont pas le courage de le faire. C’est là le réel danger, cela peut être fatal.

 

De ce total, 153 concernent les hommes et 1 410 les femmes. Comment analysez-vous ces chiffres ?

 

Mois après mois, nous constatons la même tendance : 90 % de femmes contre 10 % d’hommes victimes. La violence domestique est très complexe, nous avons d’ailleurs commandité une étude à l’université de Maurice sur la violence entre partenaires intimes. Cela fait 17 ans que les Nations unies commémorent la Journée contre la violence à l’égard des femmes car c’est un triste phénomène mondial. Le pire, c’est que cette violence est intentionnelle. Le but est d’exercer et de maintenir le pouvoir et le contrôle sur les femmes.

 

Quelles sont les causes de la violence au sein de la famille ?

 

D’après un rapport sur l’étude de l’étendu, de la nature et du coût de la violence domestique sur l’économie mauricienne, les causes majeures de cette violence sont l’alcool, le manque de communication, les relations extraconjugales, la jalousie et les problèmes financiers. Si vous suivez les cas qui ont été fatals, ces derniers temps, on voit l’hypothèse de l’adultère et de la jalousie qui revient.

 

Il est question de déséquilibre entre l’homme et la femme. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

C’est ce profond déséquilibre entre les hommes et les femmes qui est, à la fois, la source et la conséquence de la violence conjugale. D’où notre combat pour l’égalité du genre. Les femmes sont trop souvent victimes de discrimination dans l’espace public, au travail ou dans le couple. L’inégalité est ancrée dans la société où les femmes se heurtent sans cesse au fameux plafond de verre. La mentalité, les stéréotypes, les croyances, les traditions, tellement d’obstacles doivent être franchis pour rehausser le statut de la femme. C’est un long combat pour qu’on respecte les femmes et leurs droits dans notre société patriarcale. L’égalité du genre, c’est avant tout les opportunités égales, les ressources égales, la participation égale dans l’espace économique et politique, les droits égaux et les libertés égales. La violence à l’égard des femmes est avant tout une violation des droits humains et je refuse de dire des droits de l’homme, puisque ce terme lui-même est discriminatoire à l’égard des femmes.

 

Pourquoi un concours de clip vidéo ? Qu’est-ce que cela peut apporter au combat ?

 

Nous luttons sur tous les fronts possibles et ce concours est un moyen de conscientiser la population sur la gravité de la violence sous toutes ses formes : physiques, verbales, économiques, psychologiques, sexuelles. Les participants eux-mêmes seront les premiers à en prendre conscience et à devenir des ambassadeurs du thème Aret violans domestik. Chaque clip ou film sera un outil d’information et de sensibilisation précieux à nos yeux. C’est aussi une façon de vulgariser les provisions de la nouvelle loi sur la violence domestique qui ont été votées et promulguées cette année avec des sanctions plus sévères et une meilleure protection des victimes. Nous avons eu la collaboration de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), avec qui nous allons aussi produire un film sur la violence domestique, qui sera utilisé pour nos campagnes de sensibilisation.

 

Pouvez-vous nous donner des details sur les autres activités au programme ?

 

Le programme se décline comme suit : un atelier de travail pour la mise sur pied d’un observatoire de la parentalité à Maurice, les 28 et 29 novembre, un concours de film/clip sur le thème Aret violans domestikpour marquer les 16 jours d’activisme, qui ont démarré le 25 novembre, avec la diffusion d’un des films présélectionnés chaque jour sur les réseaux sociaux. Ce concours est organisé avec la collaboration de la MFDC et de l’ONG Passerelle.

 

La hotline139, dédiée à la violence domestique, devient gratuite depuis le 11 novembre. Pour ce faire, nous avons eu le soutien des opérateurs de téléphonie – Mauritius Telecom, Emtel et Mahanagar Telephone (Mauritius) Limited. Le Domestic Violence Information Systema été introduit dans quatre de nos six Family Support Bureaux. Les entrées se feront directement dans ce système, ce qui permettra un service plus rapide et efficace aux victimes, des analyses, des statistiques pour mieux orienter nos programmes, entre autres avantages.

 

À l’agenda, il y a aussi un court film sur le Protection from Domestic Violence Act. Une campagne de sensibilisation nationale a déjà démarré à travers le National  Women Council. Bientôt, nous ferons appel aux corps religieux. Et le film avec la MFDC cité ci-dessus.

 

Le thème de la Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes cette année est Aret violans domestik. Croyez-vous dans ce slogan ?

 

Oui ! Il est temps que la population s’y mette aussi. Moi, Aurore Perraud, je n’avancerai pas d’un iota sans la collaboration de toute la population, de la société civile, des ONG, des corps religieux, de la classe politique... Aret ar violans domestik. Nous avons tous une responsabilité dans ce combat, nous sommes tous ensemble contre les bourreaux !

 


 

Bio express

 

Enseignante de profession, la ministre de l’Égalité du genre et du développement de l’enfant est mariée à Gino, un entrepreneur-électricien. Elle est maman de deux enfants : Nathanaël et Alexia. Native de Cité Débarcadère, Pointe-aux-Sables, elle a fait ses études au collège BPS, puis à l’université de Maurice. Elle a deux sœurs, Stéphanie et Brinda, et un frère, Westley. Son père Laval est un ex-maçon et sa mère Lourdes, une ex-couturière et bonne à tout faire.