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Jimmy Harmon : «Le CPE est dépassé en tant que méthode d’évaluation»

Alors que le père Filip Fanchette l’avait approché en 2014 pour diriger le centre Nelson Mandela, Jimmy Harmon a terminé son mandat de deux ans le 9 octobre. Il reprend de l’emploi comme directeur adjoint/Head of Secondary Schools au sein du Service diocésain de l’Éducation catholique. Dans l’entretien qui suit, il nous dresse un bilan de son passage au centre Nelson Mandela et nous parle de ses nouvelles fonctions.

Dans quel état d’esprit clôturez-vous ces deux ans passés au centre Nelson Mandela ?

 

Je quitte le centre dans un état d’esprit plus combatif que quand je suis arrivé ! En dehors de mes nouvelles responsabilités professionnelles, je commence une série de conférences et d’ateliers de travail à travers l’île pour une conscientisation créole sur le Musée des Esclaves et surtout pour le lieu de l’ex-hôpital militaire Labourdonnais, site que la Commission Justice et Vérité recommande et qui a été avalisé par le Conseil des ministres. Ma première rencontre s’est déroulée samedi après-midi, avec des jeunes de la Cité EDC Pamplemousses.

 

Et si je vous demandais de dresser un bilan de ces deux dernières années ?

 

Le centre Nelson Mandela, qui tombe sous le ministère des Arts et de la culture, œuvre pour la promotion de la culture africaine et créole. Il a aussi pour mandat de mettre en application certaines des recommandations de la Commission Justice et Vérité. J’ai présenté le bilan de ces deux ans dans une publication qui porte sur la gestion du centre, les activités innovatrices telles que la Nelson Mandela Memorial Week, l’Africa Day Lecture, la Journée de Rodrigues et la Journée d’Agaléga, les initiatives prises pour certaines des 190 recommandations de la Commission Justice et Vérité, nos liens avec la Haute Commission Sud-africaine, l’Institut français de Maurice, la Haute Commission indienne et l’ambassade des États-Unis. Il y a aussi eu les publications, les nôtres ou celles qu’on a soutenues, sans compter les conférences ou ateliers de travail.

Nous avons beaucoup travaillé avec les établissements scolaires et, bien sûr, avec d’autres organismes paraétatiques. Mais je dois dire que toutes ces réalisations sont à mettre sur le compte des pratiques de good governance. Je veux dire que le nouveau Chairman,Nicolas Martin, et d’autres membres du Board,ont su veiller et s’assurer que chacun joue son rôle dans le respect de ses attributions respectives. Je pense que le centre Nelson Mandela, qui fête ses 30 années d’existence, a un avenir prometteur. Il faudra qu’il devienne un institut au même titre que le MGI ou le RTI. Cela boostera les Créoles à Maurice.

 

Qu’en est-il de votre état d’esprit en prenant vos nouvelles fonctions ?

 

Je suis très heureux de retrouver mes amis du secteur de l’éducation catholique et les partenaires de l’éducation nationale. C’est dommage qu’à un moment donné, nos dirigeants politiques aient cru bon de séparer l’éducation de la culture. Les deux se complètent et se nourrissent mutuellement.

 

L’éducation,  c’est quand même votre domaine de prédilection, n’est-ce pas ?

 

Évidemment. Je reviens à l’éducation parce que, comme vous le savez, depuis le 31 juillet 2016, suite au décret de promulgation par Mgr Piat du projet catéchétique diocésain, appelé Kleopas, du nom d’un des premiers disciples de Jésus après sa résurrection, tous les fidèles et les organismes du diocèse de Port-Louis sont mobilisés dans ce nouveau souffle. L’école catholique, étant un des services du diocèse, aura son rôle à jouer dans sa mission spécifique.

 

Quel sera votre rôle ?

 

Depuis, une nouvelle structure se met en place graduellement. Elle regroupe en une seule organisation les trois secteurs de l’éducation catholique (primaire, secondaire et technique), sous une nouvelle appellation qui s’intitule Service diocésain de l’Éducation catholique (SeDEC) et qui remplace le Bureau de l’Éducation catholique (BEC). À la tête du SeDEC, il y a le père Alain Romaine comme délégué épiscopal à l’Éducation catholique, assisté de Gilberte Chung, directrice exécutive. Cette dernière aura six directeurs adjoints, avec des fonctions respectives. À ce jour, je suis directeur adjoint/Head of Secondary Schools.Je dois préciser que ma responsabilité se limite qu’aux 11 collèges diocésains, mais le SeDEC travaille en étroite collaboration avec les congrégations de Lorette et les Filles de Marie.

 

Quelles seront vos priorités ?

 

Les directeurs adjoints respectifs s’attelleront à la coordination et à la mise sur pied de cinq chantiers. Nous travaillerons en collégialité. Ma tâche sera surtout d’élaborer les procédures à suivre dans un contexte scolaire, ainsi que des principes de bonne gouvernance à respecter selon l’esprit de Kleopas. Bien sûr, ce travail se fera en étroite collaboration avec les managers et les chefs d’établissements.

 

Quel est votre avis sur la relation entre le ministère de l’Éducation et l’éducation catholique ?

 

C’est une relation d’adulte. C’est un partenariat de mutualisation, de franchise et d’étroite collaboration pour le bien-être de l’enfant mauricien.

 

Quel sera pour vous le grand challenge à ce nouveau poste ?

 

Garder le souffle.

 

Un sujet très d’actualité : le Nine-year Schooling. Que pensez-vous de cette formule ?

 

Je prends connaissance actuellement de la publication Inspiring Every Childdu ministère. C’est un document intéressant qui demande à être étudié avec tous nos partenaires. Mais je crois que nous sommes tous d’accord sur une chose et la plus urgente : l’élimination du CPE qui est dépassé en tant que méthode d’évaluation.

 


 

Bio express

 

Ancien élève du collège Bhujoharry, Jimmy Harmon sort premier aux examens du HSC en 1986 au niveau national. Encore collégien, il est le délégué de la MASS (Mauritius Association of Secondary Students), mouvement estudiantin de mai 75, et relance les Student Councilsavec des amis dans les années 80. Il est aussi actif au sein du FRAAP (Front Anti-Apartheid). En 1987, il débute comme enseignant de français et de Social Studiesau London College. Président du Grupman Zenes Ste Croix, il est vite repéré par le MMM. De 1991-1995, il est conseiller municipal MMM-MSM à Port-Louis et s’occupe des projets culturels. Il devait décliner des offres politiques et entreprendre des études universitaires qui le mènent à décrocher tour à tour une Licence-es-lettres Modernes (Université de La Réunion), un Master in Education Leadership(Australian Catholic University) et un doctorat enLanguage and Literacy Studies(University of the Western Cape). En 1999, il est Deputy Rector au collège Notre Dame. De 2004-2005, il est responsable du projet Prévoc au ministère de l’Éducation et de 2005-2013, il pilote le projet PrevokBEKde l’éducation catholique, qui recevra une mention spéciale du Commonwealth Good Education Practice Award.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

La nomination de Mgr Piat comme cardinal. Il y a eu des réactions de fierté nationale de toutes parts. Il est bon de souligner que le grand journal catholique La Croixprésente Mgr Piat comme le promoteur de la doctrine sociale et celui qui a encouragé l’Église de Maurice à s’associer à une démarche nationale de repentance pour l’esclavage en 2011. Cette référence à la doctrine sociale est surtout l’option préférentielle pour les pauvres, qu’il a promue lors de son épiscopat et qui s’est traduite au niveau de l’éducation par l’ouverture des écoles catholiques aux plus pauvres et les mixed abilities. Rappelons que c’est le 1er février 2006 que Mgr Piat exprime une demande officielle de Pardon de l’Église catholique pour avoir été liée à l’esclavage lors de la messe du 1er février au Vieux-Grand-Port. Et cela, en présence de Christiane Taubira, députée de l’Assemblée nationale française, qui était l’invitée de l’État mauricien et qui assistait à la messe. En 2010, le Comité diocésain Premier Février alla déposer devant la Commission Justice et Vérité. 

 

Et sur le plan international ?

 

C’est Haïti. On n’arrive pas à comprendre comment le sort peut s’abattre sur ce pays créolophone qui a une riche histoire de résistance contre l’esclavage. Haïti, comme nous le disons, a été la première république noire, vainqueur d’une armée structurée et expérimentée, la plus grande armée de Napoléon Bonaparte.