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Initiative citoyenne : Des mamans veulent «protez la ter nu zanfan»

Saleema Pierre, Joëlle Constantin-Ramen et Patricia Yue donnent de leur temps et de leur énergie pour ce mouvement positif.

Elles sont cinq pour l’instant mais elles espèrent que leur mouvement va grandir pour le bien de notre pays et de ses enfants…

Cri du cœur. Cri d’amour. Des mots et des initiatives comme un câlin à leur île. De la douceur dans les actions. Mais quand même de la fermeté dans les prises de position. Elles ont décidé de bercer leur île comme on berce un enfant, comme on l’accompagne dans son cheminement sur la route de la vie. Avec tendresse et clairvoyance. Le mouvement Protez Later Nu Zanfan a été lancé il y a quelques jours. S’il est l’initiative de quelques mamans, celles-ci espèrent désormais que cet élan deviendra national et que leurs inquiétudes trouveront écho dans l’âme d’autres citoyens. Au quotidien, sur la page Facebook du collectif (http://bit.ly/2ruBr12), elles partagent photos, vidéos et témoignages d’enfants qui expriment leurs craintes concernant le projet de raffinerie de pétrole à Albion. 

 

Dans leur vie ultra busy, ces mamans actives trouvent le temps de s’impliquer et d’essayer de faire bouger les choses. Ça demande quand même du temps et des moyens. Pour l’instant, c’est système D et ces mamans font appel à toutes les personnes de bonne volonté. Mais la question reste entière : d’où vient leur motivation ? Du besoin de faire quelque chose, explique Saleema Pierre. Cette maman éco consciente, tournée vers l’esprit de la recup’ et de l’upcycling, résume la philosophie de cette initiative citoyenne en reprenant les mots d’Antoine Saint-Exupery :«Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants.»

 

C’est en lisant que le projet de raffinerie de pétrole n’était plus tout à fait du domaine de l’abstrait qu’elle s’est laissée porter par une émotion : «Je me suis dit : tu es maman, tu as donné la vie, tu as porté un enfant pendant neuf mois, tu as le devoir et la responsabilité de protéger ton enfant.» C’est cette prise de conscience initiale, instinctive même, qui la pousse à s’exprimer sur un groupe en ligne regroupant les habitants de la localité. Ce cri du cœur déclenche alors une vague d’adhésions. 

 

Mais le message est avant tout un message d’amour, dit-elle : «Ce n’est pas avec colère que nous faisons ça. Nous voulons pousser à la réflexion, donner un espace où les Mauriciens pourront s’exprimer. Nous n’avons pas une position de contestataires. Nous voulons simplement dire : let’s rise together.» Mais il est aussi nécessaire de faire comprendre les enjeux de ce projet gouvernemental qui ne touche pas uniquement les habitants d’Albion, affirme Joëlle Constantin-Ramen. Maurice est une petite île, explique-t-elle. Ce qui se passe à un lieu précis affecte forcément tout le pays. Une raffinerie à Albion, ajoute Saleema, risque de dénaturer toute la côte Ouest. Et tous ceux qui en profitent actuellement ne s’y retrouveront plus : «Et on ne peut pas revenir en arrière. Dès que le mal est fait, il est fait.» Les répercussions d’un tel «développement», le danger sur l’écosystème marin et sur la flore et la faune environnantes, et les risques de marée noire sont des réalités qu’il ne faut pas négliger : «Notre île est si belle, c’est un devoir de la protéger.»

 

«Piti la kot»

 

Joelle s’est engagée, dit-elle, parce qu’elle a répondu à un cri du cœur, celui de Saleema : «Je me suis alors posé la question suivante : est-ce que moi, maman, je me sens en sécurité d’élever mes enfants dans un univers hostile ? Moi je veux que mes enfants et les enfants de Maurice grandissent dans un environnement sain.» Isabelle a elle aussi été touchée par cet appel : «Je ne conçois pas une île avec du pétrole. Je rêve d’une île Maurice durable pour nos enfants.» Patricia Yue, également maman, s’est sentie concernée tout de suite : «Ce genre de projets m’interpelle. Je suis maman d’un garçon de 12 ans et je travaille à Terre de Paix. L’avenir des enfants me touche. Et l’idée de leur donner la parole me parle. Il ne faut pas oublier qu’ils sont l’avenir de demain.»

 

Emmanuelle (prénom modifié à sa demande) sait que sa fille comprend ce qui se passe, même si elle n’en saisit pas toutes les implications. C’est pour son enfant et pour cette île qu’elle aime passionnément qu’elle a décidé de sortir de sa zone de confort : «Je donne de mon temps et de mon énergie tout simplement parce que je tiens à l’écologie et que je ne comprends pas qu’on sacrifie une île pour ce genre de projets qui, à la longue, n’est pas viable. Il y a autre chose pour faire prospérer l’économie. Et puis, je veux léguer à mo piti lakot, de belles plages.» Pour ces femmes, quand l’environnement est en danger, il faut se faire entendre, il faut expliquer, il faut conscientiser. 

 

D’ailleurs, cette démarche, c’est aussi un moyen de communiquer sur les dangers de tels projets de façon simple et accessible. À l’aide de petites vidéos explicatives, l’information vulgarisée passe et touche certainement plus de monde. Parfois, il est vrai, la technicité de certaines explications peut masquer le message essentiel. Dans un flot de données, il n’est pas impensable de ne pas saisir les réels enjeux, ceux de la dangerosité d’une plateforme pétrolière et des risques en termes de sécurité et de pollution. Et puis donner la parole aux enfants, aux pères et mères de famille, c’est libérer une parole universelle, celle qui touche, celle qu’on comprend. 

 

D’ailleurs, sur la page de Protez Later Nu Zenfan, on peut entendre des témoignages d’enfants, des mots de petits sur des problèmes de grands qui permettent de recentrer la discussion vers l’essence même de cette prise de position ; l’importance de protéger notre île. «Les enfants viennent dire ce qu’ils en pensent. On espère que les autorités vont les écouter et agir en conséquence», confie Patricia qui se demande comment on peut encore parler de pétrole en 2017.  Surtout qu’à l’ère des énergies renouvelables, c’est un peu un non-sens d’investir dans des énergies fossiles qui sont un short-term investment et sont appelées à disparaître explique Joëlle. «Comment peut-on parler de tourisme vert avec ce genre de projet ?» se demande Emmanuelle. 

 

Ça vous interpelle ? Si c’est le cas, rejoignez le mouvement, invite Saleema. Et venez faire un câlin à votre île. 

 


 

Say No to Petroleum Hub : une manifestation prévue  

 

Une action en parallèle. Depuis quelques mois, la plateforme Say No to Petroleum Hub (SNPH) s’active dans les régions d’Albion et de Pointe-aux-Sables pour contrer le projet de la plateforme pétrolière. L’initiative Protez Later Nu Zenfan (PLNZ) a, elle, une mission un peu différente : celle d’être un espace de partage et de vulgarisation. Néanmoins, au final, les objectifs des deux mouvements se rejoignent. Alors, c’est tout naturellement que PLNZ sera présente à la manifestation prévue par le SNPH, le samedi 1er juillet à partir de 14 heures, sur le site du projet, à côté du phare d’Albion.