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Psycho avec la Maison des Étoiles - Le veuvage précoce : la vie sans l’autre, le deuil de l’autre

La vie s’étiole. Celle que l’on s’imaginait, celle qu’un projetait. Le quotidien s’alourdit, l’avenir s’assombrit. Perdre un.e conjoint.e, alors qu’on est encore jeune, c’est tout un monde qui s’écroule. Tout un univers à reconstruire, avec au cœur une peine difficile à surmonter. Amélie V. Audibert, Mindset Coach et Certified Grief Educator, qui a vécu le veuvage précoce elle-même, en parle en ces termes : «Perdre son conjoint est toujours une épreuve à laquelle on n’est pas préparé. Lorsque l’on perd son partenaire de vie jeune, cela prend une tout autre dimension. Au-delà du chagrin, vient s’ajouter des complications et des défis qui nécessitent une compréhension spécifique, un soutien unique et une multitude de deuils secondaires auxquels on ne pense pas.»
La jeune femme, une des fondatrices de la Maison des Étoiles (voir ci-contre), vous permettra d’avoir accès à des informations essentielles pour guider votre compréhension du veuvage précoce dans les lignes suivantes. Elle aborde, également, l’accompagnement des hommes et des femmes qui ont perdu la personne avec qui ils.elles partageaient leur vie, leur lit et la gestion du quotidien et des enfants (s’il y en a).

 

Devenir veuf.ve. «Au départ, il y a le terme veuve ou veuf. C’est comme un gros mot que l’on n’ose pas dire à voix haute. C’est un statut tellement difficile à porter, une appellation qui dépasse l’entendement. Complètement irréaliste, ce nouveau statut déroute à bien des égards. Alors que nous sommes en plein dans la VIE, tout s’arrête brusquement. Tout est remis en question : tous les rêves et les projets, la parentalité s’il y a des enfants, l’organisation de la maison et de la vie quotidienne, la carrière professionnelle. Il n’y a plus de vie de couple, une nouvelle identité à construire…»

 

Faire face à défis pratiques. «Cet "autre" qui nous accompagnait au quotidien, qui subvenait en partie aux besoins du ménage, qui s’impliquait dans l’éducation des enfants, qui portait un regard d’amour sur nous, n’est plus là, et l’on doit mobiliser constamment nos ressources pour faire face, tenir, pour soi-même et pour les proches. Outre le chagrin intense, les veuves et veufs précoces doivent souvent faire face à des défis pratiques. S’ils.elles ont des enfants, ils.elles se retrouvent souvent à jongler avec la responsabilité parentale seuls.es, à prendre des décisions importantes sur l’avenir de leur famille et à subvenir aux besoins financiers. Sur le plan émotionnel, ils.elles doivent composer avec le deuil tout en soutenant leurs enfants à travers leur propre processus de deuil. Il arrive souvent que la peur de l’insécurité prenne le dessus. Insécurité financière, insécurité dans la prise de décision, insécurité dans la personne que l’on est ; l’estime de soi et la confiance en soi.»

 

Pas une fin. «Bien que la douleur de la perte ne disparaisse jamais complètement et qu’il soit impossible d’oublier le.la conjoint.e disparu.e, de nombreux.ses veufs.ves précoces trouvent finalement la force de reconstruire leur vie. Cela peut impliquer de rechercher un soutien professionnel pour faire face au deuil, de développer de nouveaux réseaux sociaux et de redéfinir leur identité en dehors du rôle de conjoint.e. Le chemin vers la guérison est long et complexe, mais avec le temps et le soutien approprié, il est possible de trouver un nouvel équilibre de vie, de la sérénité au quotidien et, également, de faire de belles rencontres. Les veufs.ves précoces peuvent se sentir seuls.es dans leur chagrin, souvent confrontés.ées à l’incompréhension de ceux qui n’ont pas vécu une telle perte. Il est essentiel pour la société de reconnaître et de soutenir ces personnes dans leur parcours de deuil.»

 

Ce qu'il faut éviter de dire à un.e jeune veuf.veuve. Amélie V. Audibert partage des conseils judicieux pour ceux et celles qui connaissent/côtoient une personne qui vit un veuvage précoce. 
- «"Heureusement que tu es bien entourée." C’est certain que d’être bien entouré.e peut aider, mais du jour au lendemain, vous-vous retrouvez tout.e seul.e dans votre lit, et l’entourage n’y peut rien.
- "Tu es jeune, tu vas retrouver quelqu’un." Ou le contraire : "Tes enfants sont trop jeunes, il faut attendre qu’ils grandissent pour que tu puisses refaire ta vie." Sujet très sensible, la vie amoureuse des autres ne vous concerne aucunement.
- Vous plaindre de votre conjoint. C’est quelque peu maladroit. Vos difficultés de couple peuvent être une chance pour celui ou celle qui n’a plus son.sa conjoint.e, avec qui il ou elle aurait certainement préféré se disputer.
- Critiquer les comportements et l’attitude des enfants. Les parents veufs font de leur mieux pour élever leurs enfant.s, gérer leur deuil et celui de leurs petits.es. Ils.elles n’ont pas besoin de conseiller.ère en éducation car ils.elles font de leurs mieux en fonction du contexte déjà difficile. Chacun.e choisi ses batailles.
- Évitez toutes les phrases de type : "C’est toujours les meilleurs qui partent avant", "Dieu avait besoin de lui. d’elle»", "Il.elle n’aurait pas voulu que tu pleures", "Sois fort.e pour tes enfants", "Prends courage" ; des injonctions qui ne sont pas rassurantes, mais qui souvent mettent une pression sur la personne en deuil pour "aller bien".
- Évitez de dire "tu es tellement forte, je ne sais pas comment tu fais, je n’aurais jamais pu". Sachez que l’on n’a pas le choix de faire autrement, la réalité de la vie quotidienne nous oblige à garder les pieds sur terre et à faire ce qu’il faut pour mener le navire en solo.
- Ne comparez pas cette situation avec un divorce ou une séparation, surtout dans le
cas où il y a une situation de mono parentalité ou «uni parentalité». Il est impossible de faire appel à l’autre parent, le veuvage précoce signifie avoir les enfants à charge tout.e seul.e à temps complet ; tout repose sur vous, vous devez être tout le temps disponible pour
vos enfants.»

 

Comment soutenir un.e jeune veuf.ve. La Grief coach donne des exemples pratiques de soutien pour cette personne qui vient de vivre la mort de son.sa compagnon.agne.
«Demandez-lui comment vous pouvez l’aider concrètement. Parfois la personne n’en a aucune idée, dans ce cas vous pouvez aider pour les courses et les repas.
Continuez à inviter la personne chez vous, en petit comité au début, et venez rendre visite, mais pas à l’impromptu, prévenez avant. Le veuvage isole et cette solitude est terrible. Bien souvent il y a une pulsion de vie qui nous habite et nous voulons nous sentir vivant.e, sortir, rencontrer d’autres personnes, même si parfois on a envie que la vie s’arrête et de rester au fond de notre lit. En même temps, soyez compréhensif si le.la veuf.ve se désiste à la dernière minute.
Apportez un soutien par rapport aux enfants : aider à les récupérer à l’école de temps en temps, les prendre le temps d’un week-end ou d’un après-midi pour permettre au parent de souffler un peu. Ou encore participer à l’aide aux devoirs.
Aidez au niveau de la maintenance de la maison si besoin, car cela ajoute énormément à la charge mentale du quotidien.
Proposez du co-voiturage lors des sorties en soirées, ou de dormir sur place pour éviter de faire la route seule tard le soir.
Au niveau du travail, proposez des horaires aménagés ou flexibles afin que le parent puisse s’organiser pour les démarches à faire seul.e, ou pour prendre soin des enfants.
La clé du mieux-être est de prendre soin de soi. Dormir correctement, se nourrir correctement, se faire aider et rencontrer des personnes dans la même situation aide à tenir au quotidien. Vous pouvez permettre cela en faisant preuve d’empathie, en étant à l’écoute et en offrant votre présence à la personne en deuil.
Vous pouvez l’aider à honorer la personne qui n’est plus là d’une manière ou d’une autre. Se remémorer les bons souvenirs fait toujours du bien, car la peur d’oublier la personne dans les détails et les petites anecdotes existe bel et bien. Savoir qu’elle a compté pour les autres est un grand cadeau.»

 

La Maison des Étoiles ; pour ne pas être seul/e

Des mains tendues dans le chagrin. Amélie V. Audibert, Mindset Coach et Certified Grief Educator a fondé avec Brigitte Koenig la Maison des Étoiles en avril 2022. Cette association s’est donné pour mission «de rendre visible et compréhensible le processus de deuil au sein de la communauté mauricienne et rodriguaise, afin de briser les tabous, de mieux consoler, de permettre un espace de parole et de soutien.» Les deux femmes travaillent en collaboration avec une communauté d’accompagnateurs. Des rencontres sont organisées régulièrement et il est possible de rejoindre des groupes de soutien. Pour en savoir plus, connectez-vous à la page Facebook suivante : https://bit.ly/maisondesetoiles. Ou envoyez un message à ce numéro : 5835-6880. Un site internet avec des informations essentielles est aussi à votre disposition : https://www.maisondesetoiles.mu/. 

 

À votre agenda !

La prochaine rencontre autour du deuil aura lieu le jeudi 18 avril, de 18h15 à 21h15, au Centre Mary Ward, Curepipe. L’événement est gratuit, mais vous pouvez penser à une petite contribution, et est ouvert à tous.tes. N’oubliez pas de vous enregistrer au numéro suivant : 5835 6880.