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Hervé Duval : «Les avocats sont certainement sujets à bien des tentations»

Pour le nouveau président du Bar Council, il est clair que la profession ne se porte pas bien. Si 2017 a été une année difficile, Hervé Duval, Senior Counsel, n’en attend pas moins de 2018. Pour redorer le blason des avocats, il faut, dit-il, revenir à l’essentiel, soit à l’importance du rôle de l’avocat, à son indépendance et au code d’éthique.

Vous êtes le nouveau président du Bar Council. Heureux, fier ou inquiet ?

 

Le sentiment qui prédomine, c’est la fierté. C’est un privilège que de servir au sein d’une association qui, de par la loi, le Mauritius Bar Association Act, a pour but de défendre l’honneur, la dignité, la réputation et l’indépendance d’une profession qui a un rôle crucial à jouer dans un État de droit.

 

À peine 20 % des membres du Bar Council ont voté. Qu’est-ce qui explique ce manque d’intérêt de la part de vos confrères ?

 

Un des plus grands défis du Bar Council sera de trouver la réponse à cette question et d’être en mesure de formuler des propositions concrètes pour y remédier. Il y a certainement un «expectation gap». Aussi surprenant que cela puisse paraître, certains de nos membres ne savent pas quel est le rôle exact du Bar Council et/ou de l’association.

 

Pensez-vous être celui qui va rassembler toute la grande famille des avocats ?

 

Premièrement, je ne suis pas seul. J’ai été élu pour présider le Bar Council et je suis ex officio président de l’association. C’est le Bar Council qui dirige l’association. Il ne s’agit pas autant de rassembler que d’amener à une prise de conscience quant à l’importance du rôle de l’avocat, de son indépendance dans notre société. La prise de conscience doit porter sur ce qui fait l’essentiel de notre profession, qu’on soit avocat de la défense ou avocat de la poursuite, avocat plaidant ou avocat d’entreprise. Le point de départ, c’est notre code d’éthique.

 

Vous avez déclaré, après votre élection : «Je veux que le Bar Council devienne et demeure ‘‘relevant’’ à tous les membres de l’association.» Ce n’est pas le cas en ce moment ?

 

J’ai exprimé le souhait du Bar Council. La faible participation aux dernières élections est révélatrice.

 

Vous pensez être quel genre de président ?

 

J’espère être cohérent dans mon action au sein du Bar Council pour rassembler et motiver ceux qui pensent que nous avons les bonnes priorités et qui veulent nous aider. Je n’hésiterai pas à demander de l’aide et à m’appuyer sur les autres. J’espère galvaniser toutes les énergies positives afin d’avancer dans la bonne direction.

 

Quelles seront vos priorités durant ce mandat ?

 

Il faut que le Bar Council joue pleinement son rôle. Pour cela, ce rôle doit être bien compris non seulement par les membres de l’association mais aussi par le public qui exprime souvent de la méfiance et parfois du mépris pour la profession. Alors, on va commencer par consulter, écouter, pour mieux situer les malentendus.

 

Quels sont les défis qui guettent ?

 

Se remettre en question n’est jamais facile. Alors demander à une profession de le faire ! Mais il n’y a pas d’autre façon de combattre la culture de «l’à-peu-près». Il faudra trouver le juste milieu entre l’écoute et l’action, et éviter de se retrouver constamment en mode «fire fighting». Puis, il faudra trancher quand on ne pourra pas réconcilier les intérêts immédiats de nos membres avec ce qu’on considère être l’intérêt supérieur de la profession.

 

Actualité oblige. Que pensez-vous de l’affaire Gaiqui et de tout le rassemblement d’avocats autour de cette affaire ?

 

Le Bar Council a pris position à travers son communiqué du 29 janvier.

 

Le premier réflexe de Me Anoop Goodary a été de prendre la photo et de la poster sur les réseaux sociaux. Une démarche qui est contestée. Qu’en pensez-vous ?

 

Il s’est expliqué et ses avocats se sont exprimés sur cette question particulière qui fait maintenant l’objet d’une enquête. Le Bar Council a exprimé son inquiétude quant au fait que la police ait donné priorité à cette enquête et non à ce que Me Goodary voulait dénoncer. Le fait demeure qu’il y a une enquête et je ne veux pas m’exprimer sur les détails de l’affaire.

 

2017 a vu les «moments les plus sombres» de l’histoire du Conseil, selon Jacques Tsang Man King, votre prédécesseur. Vous avez le même sentiment ?

 

2017 a certainement été une année difficile et nous ne nous attendons pas à une année moins difficile en 2018. Nous déplorons les entrevues qui ont suivi certaines audiences de la commission d’enquête sur la drogue, par exemple.

 

La profession se porte-t-elle bien ?

 

Non.

 

La commission d’enquête sur la drogue a vu un défilé de vos confrères. L’image des avocats en a pris un coup, n’est-ce pas ?

 

Évidemment. Ce qui interpelle, ce n’est pas le fait que des avocats soient convoqués devant la commission, ni le fait qu’il y ait des allégations contre des avocats, mais l’impression que certains avocats ont laissé sur ceux qui assistaient aux auditions, journalistes compris.

 

Aux yeux de nombreuses personnes, il existe une complicité entre certains avocats et les trafiquants de drogue. Votre avis ?

 

On imagine facilement que des trafiquants de drogue puissent corrompre des avocats avec de l’argent facile. De par la nature même de leur profession et leur proximité nécessaire avec leurs clients, les avocats sont certainement sujets à bien des tentations mais l’amalgame reste facile.

 

Il faut éviter de faire une équation systématique entre la drogue et l’avocat véreux, et espérer qu’au final, cet exercice révèle ceux qui n’ont pas su résister à la tentation, pour le bien de la profession. Par contre, je trouve désolant qu’aux yeux de nombreuses personnes, le simple fait qu’un avocat défende un accusé fait de lui un complice.

 

Comment définiriez-vous les relations qui existent entre les avocats et les trafiquants de drogue ?

 

Jusqu’à preuve du contraire, la relation est professionnelle. Toute personne accusée d’un crime a droit à une représentation légale. Cela est vrai pour les repris de justice et pour les personnes qui ont été condamnées précédemment pour trafic de drogue.

 

 

Bio express

 

Hervé Duval a étudié la loi à l’University of Western Australia, avant d’être admis au barreau en 1997. Il est le fondateur et le Managing Director du cabinet d’avocats Ahnee-Duval Law Firm, créé en 2010. Il a été nommé Senior Counsel en 2016, ce qui fait de lui le plus jeune avocat à recevoir ce titre.