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Dean Rungen : «Bann zenn bizin realize ki ladrog bless zot lekor, bless zot fami, bless la sosiete»

Très engagé dans le social, le fils de Cadress et Ragini explore un nouvel horizon. Il a lancé le vendredi 11 novembre un single : Lamour Lamour. Il espère toucher et véhiculer des messages à travers sa musique. Il nous parle de ce qu’il appelle sa «mission».

D’un côté, le social, de l’autre, la musique. Y a-t-il un lien entre ces deux engagements ?

 

Je dirais que oui. J’ai toujours baigné dans le social, notamment de par l’engagement de mes parents Cadress et Ragini Rungen. J’ai suivi leurs pas parce que j’aime cela. J’aime le fait de pouvoir contribuer à ce qu’une personne à terre se relève, qu’elle soit un SDF, un toxicomane, un alcoolique ou en proie à un autre fléau. Je me suis tourné vers le social car je veux aider, avec mes possibilités, à faire changer les choses. Puis, j’ai trouvé dans la musique une façon de m’exprimer. Je pense que c’est cela même le fondement de la musique. Qu’elle véhicule un message.

 

Si à travers la musique, je peux aider dans ma mission sociale, alors je dirais qu’il y a bel et bien un lien entre la musique et le social. La musique m’a personnellement aidé à sortir de mon cocon. Avant, j’étais quelqu’un de très solitaire et grâce à la musique, je me suis ouvert aux autres et je me suis fait beaucoup d’amis. C’est une autre qualité de la musique : elle rassemble et c’est aussi cela faire du social.

 

Vous venez de lancer votre single, Lamour Lamour. Comment est né ce projet ?

 

Cette chanson, je l’ai composée il y a 10 ans pour le mariage d’une cousine : Fiona Bienaimé. À l’époque, j’étais étudiant au collège Père Laval et l’un de mes profs, Steve Lebon, avait fait l’arrangement musical. Humblement, je peux dire que le titre avait eu du succès, de par le responsedes gens et je l’ai d’ailleurs à nouveau chanté dans plusieurs mariages après.

 

Cette année, j’ai voulu donner une nouvelle dimension à cette chanson en la rendant un peu plus moderne. Je me suis donc entouré de musiciens de talent : Dereck Mahomudally au violon, Frederick Dorlin à la batterie, Owin Coeur de lion à la guitare et l’arrangement musical, Jordan Chery, choriste, Henri Bazile à la trompette, Yann Payet au clavier et Fabrice Pytambar et Thierry Lafleur à la basse.

 

Que raconte cette chanson ?

 

Elle raconte le lien solide qui existe entre un homme et une femme qui s’aiment. Et elle parle surtout de sincérité et de fidélité qui doivent être à la base même de tout amour. À travers le lancement de cette chanson, je réalise un rêve. Nou inn bizin grinp montagn pou truv soley. Cela n’a pas été facile. Depuis vendredi, et le lancement du titre sur les ondes, je n’arrête pas de recevoir des messages de soutien. Les gens connaissaient mon côté engagé mais ils ne me connaissaient pas musicien et artiste. Cela m’encourage.

 

Mon objectif est de faire passer des messages et de toucher les gens. J’ai participé l’année dernière à la préparation et à la sortie de l’album des enfants de rue, 100 % zanfan koltar, et avant de quitter l’association Safire, j’ai aussi participé à la réalisation d’un vidéo-clip. Tout cela pour vous dire que j’aime l’univers de la musique. Et si mon titre marche, je pense concrètement me mettre à la préparation d’un album qui pourrait sortir l’année prochaine. Alain Ramanisum m’a déjà proposé son aide. J’espère que cela pourra se faire.

 

En quoi la musique peut-elle aider à combattre des fléaux ?

 

Dans notre petit paradis, tout n’est hélas pas rose. Dans le paradis, il y a beaucoup de souffrance. Il y a de la drogue sous plusieurs formes, dont le synthétique qui sévit notamment chez les jeunes. Dans le paradis, il y a aussi la prostitution ou encore la violence domestique.

 

Avec mon travail, j’ai vu beaucoup de choses. Et ces derniers temps, beaucoup de mères m’appelent en larmes. Les enfants sont des victimes de fléaux divers. En me tournant vers la musique, c’est ce que je veux raconter : la souffrance des gens, pour inviter ceux qui écoutent à réfléchir, à se dire qu’il y a des drames qui se jouent partout.

 

Le trafic de drogue est plus que jamais d’actualité. Entre un policier qui a été arrêté pour possession d’héroïne et des passeurs mauriciens en détention à La Réunion, entre autres cas. Qu’est-ce que ces faits divers suscitent en vous ?

 

Tout cela m’attriste et bien évidemment me révolte. Quand on voit que dans certains cas ce sont des personnes de la police qui sont impliquées, on est obligé de se poser des questions. Se zot ki pe amenn la mor dan nou pei e se zot mem ki pe aret bann ti pwason ar ki zot vann sa la drog la. C’est très choquant. Ces gens-là sont censés représenter les forces de l’ordre. Ils sont payés par l’état. Le gouvernement les paye et eux ils sont en train de détruire la jeunesse mauricienne.

 

Depuis quelque temps, on n’entend parler que des drogues synthétiques et de leurs ravages chez les jeunes. Quel constat faites-vous sur le terrain ?

 

Le constat est accablant. Je suis souvent en contact avec des familles déchirées qui souffrent. Je vois tous les jours les ravages de ces drogues sur nos jeunes. Je vois l’effet que ça a sur des familles entières et dans la société. Je fais un appel spécial à nos jeunes. Vous devez résister. Vous ne devez pas céder à la tentation. Ne cédez pas à la pression.Ladrog la serye dan bann premie zour. Mo rekonet cela. Me apre ena boukou plore ki swiv. Bann zenn bizin realize ki ladrog bless zot lekor, bless zot fami, bless la sosiete.C’est pour cela qu’il ne faut pas tomber dans ce travers.

 

À cause de ces poisons, des familles, des mères souffrent alors que des big bossqui ne touchent pas à ces drogues s’enrichissent. Je travaille avec ces victimes. Elles ont toutes ou presque la même histoire. Il y a eu cette première fois, cette tentation et pression causée par d’autres personnes. La première dose est souvent offerte. C’est après que cela se gâte. Puis, il y a la dépendance, le vol, la prison, la souffrance, les larmes. Bref, les histoires se répètent souvent.

 

Bat dan latet et Strawberry sont deux nouvelles drogues qui ont fait leur apparition récemment. Que connaissez-vous de ces produits ?

 

Il y a ces deux drogues et encore plusieurs autres avec des noms attirants pour appâter nos jeunes. C’est connu, les drogues synthétiques sont aussi entrées dans les écoles. C’est pour cela que j’estime qu’il est important de parler de la drogue et de ses ravages dans les écoles. Hélas, c’est tabou. On n’en parle pas parce qu’on dit que cela effraie les enfants. Or, c’est la réalité. Et il faut en parler. Il faut sortir des clichés comme avec les présentations PowerPoint. Ce qu’il faut, c’est présenter la réalité des personnes qui souffrent : les ex-toxicomanes ou encore les mères qui souffrent à cause de leurs enfants. C’est à travers ce genre de messages qu’on peut toucher.

 

Qu’est-ce qui explique la propagation des drogues malgré toutes les différentes campagnes ?

 

C’est vrai que la drogue continue à prendre de l’ampleur. Mais il ne faut pas lâcher prise. En tout cas moi, je ne vais pas baisser la garde et encore moins changer de direction. C’est le chemin que j’ai choisi d’emprunter et même s’il est parsemé de souffrance, la musique m’aide à mettre des mots sur ces souffrances et si je peux attirer l’attention, je continuerai à le faire. Il y a aussi des initiatives qui continuent. Par exemple, il y a le projet Les envoyésavec mon père ou encore le père Mongelard, entre autres. Il s’agit d’aller dans plusieurs régions de l’île et de mettre en place un leadership programétalé sur 12 semaines pour parler de la drogue et de comment combattre ce fléau.

 


 

Bio express

 

Récipiendaire de The Outstanding Young Person Award, ce jeune homme engagé, qui travaille au Joint CSR Committeepour le développement communautaire à Sainte-Catherine, suit les traces de ses parents : Ragini et Cadress Rungen. Aujourd’hui, il a fait du social le centre de sa vie. Diplômé en Community & Social Work de l’Institut Charles Telfair, Dean Rungen, 27 ans, a aussi été éducateur de rue et est très actif au sein de Groupe A de Cassis/Lakaz A. Également musicien, le jeune homme travaille avec des alcooliques, des toxicomanes et des enfants de rue.