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Atmarjeet Seetohul : «L’insécurité règne en maître dans les hôpitaux»

Lutter contre la violence qui prend de l’ampleur dans les hôpitaux, notamment contre les agressions dont est victime le personnel hospitalier. C’est l’objectif d’une rencontre entre le ministre de la Santé Anwar Husnoo et le Deputy Commissioner of Police. Atmarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union, déplore, lui, le fait que cette rencontre s’est faite sans représentant de cette instance alors que «nous sommes les premiers concernés».

Le ministre de la Santé a assuré la mise sur pied d’un police desk et une présence policière renforcée dans les hôpitaux. Comment accueillez-vous ces mesures ?

 

Il faut savoir que chaque hôpital, à l’exception de celui de Moka, est doté d’un poste de police. Mais ces Police Posts fonctionnent avec peu de moyens et sont toujours en manque d’effectif. Du coup, le travail ne peut se faire correctement. Il était grand temps de renforcer la présence policière dans les établissements hospitaliers car la situation laisse à désirer. 

 

Imaginez un hôpital sans poste de police, comme celui de Moka : c’est catastrophique en termes de sécurité. Pas plus tard que le lundi 4 septembre, un policier n’a pu maîtriser un membre du public qui a agressé un employé de l’hôpital. Nous sommes vraiment dépassés. L’insécurité règne en maître dans les hôpitaux.

 

La situation est-elle aussi critique que cela ?

 

Oui. Année après année, nous constatons que la violence augmente dans les hôpitaux. Nous sommes confrontés à toutes sortes de personnes. Il y a des gens qui arrivent avec des comportements à risques, comme ceux qui souffrent de problème psychiatrique ou qui sont sous l’influence de l’alcool. Parfois, on tombe sur des gens qui, à force d’avoir attendu longtemps avant de se faire ausculter par un médecin, finissent par perdre patience et avoir un comportement violent. 

 

En août, deux infirmiers de l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis, se sont fait agresser par un membre du public. Et pas plus tard que le dimanche 3 septembre, six employés de l’hôpital Jawaharlall Nehru, à Rose-Belle, ont fait les frais de quelques têtes brûlées. Dans certains cas, ceux qui ont eu un accrochage avec un membre du personnel font appel à des bouncers. Nous en sommes arrivés là et c’est grave !

 

Mais le ministre Anwar Husnoo semble vouloir changer les choses…

 

Depuis 2013, nous n’avons eu aucune rencontre avec ceux qui ont occupé le fauteuil de ministre de la Santé. Depuis que j’ai été élu président de la Ministry of Health Employees Union, la lettre que j’ai envoyée au ministre Anwar Husnoo afin d’avoir une rencontre pour lui faire part de nos doléances, est restée sans réponse. Et c’est dans la presse que nous apprenons qu’il a rencontré le Deputy Commissioner of Police pour discuter des mesures de sécurité à l’hôpital. Il aurait dû nous consulter car nous sommes les premiers concernés.

 

Quels sont les facteurs qui contribuent à cette situation d’insécurité ?

 

Je mets en cause le recrutement des agents de sécurité qui n’ont pas de compétence pour ce travail. D’ailleurs, ce sont surtout des personnes âgées qui, dans bien des cas, ne peuvent pas assurer leur propre sécurité et gérer des situations extrêmes. Il faut revoir le recrutement dans ce secteur et employer des personnes en bonne santé. Car certains de ces agents de sécurité ont des handicaps physiques ! C’est une grosse faille dans le système. Ensuite arrive le manque d’effectif dans les postes de police.

 

Les caméras de surveillance dans les hôpitaux ne découragent-elles pas ceux qui s’en prennent au personnel hospitalier ?

 

Les caméras ont été installées pour assurer la sécurité. En cas d’incident, elles servent de preuve pour confronter les suspects. Mais le monitoring system se trouve dans le bureau des directeurs des hôpitaux qui n’ont aucune expérience en ce qui concerne la sécurité. Et lors de cette réunion avec le Deputy Commissioner of Police, le ministre Anwar Husnoo a annoncé l’installation de nouvelles caméras. Sauf que le monitoring system ne doit plus se trouver dans les bureaux des directeurs. Il faut créer une Monitoring Control Unit dans chaque hôpital, gérée par des professionnels qui pourront visualiser les images en temps réel et intervenir sur le moment lorsqu’il y a un problème. 

 

Que faut-il faire de plus pour combattre l’insécurité dans les hôpitaux ?

 

Plusieurs facteurs contribuent à ce genre de situation. Le personnel doit être en mesure d’offrir un bon service. Mais lorsque celui-ci est en sous-effectif, cela est impossible. Il faut recruter, il n’y a aucun autre moyen. Il y a aussi l’hygiène et l’infrastructure qui entrent en jeu. Les toilettes sont sales, l’hôpital de Moka est vieille de plus de cinquante ans. Cela fait des années que nous entendons dire que nous seront relogés. Nous attendons toujours. 

 

Par ailleurs, l’E-Health Service n’est toujours pas une réalité. Les dossiers des patients sont souvent égarés, ce qui crée une situation tendue dans les hôpitaux. Il reste beaucoup à faire pour améliorer la santé publique dans l’île.

 


 

Bio express

 

Atmarjeet Seetohul a été élu président de la Ministry of Health Employees Union cette année et succède ainsi au Dr Wasseem Ballam, le président sortant. Atmarjeet Seetohul est basé à l’hôpital de Moka où il exerce en tant qu’ECG Technician. Il compte plus de quinze ans de service au sein du ministère de la Santé.