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Amedee Dabeecharun : «Nous avons réalisé qu’il est nécessaire de communiquer l’impact de la mission de SOS Villages d’Enfants»

Zame pa baisse lebra. C’est le projet lancé le 19 octobre par SOS Villages. L’initiative met en avant une série de vidéos inspirantes et motivantes pour montrer aux enfants qui sont accueillis par SOS Villages, l’importance de ne jamais baisser les bras afin de réussir leur vie. Amedee Dabeecharun, directeur de SOS Villages d’Enfants Maurice, explique cette campagne.

Zame pa baisse lebra regroupe les témoignages d’anciens résidents de SOS Villages d’Enfants Maurice «qui se sont accrochés et ont choisi d’avancer». Quels outils leur avez-vous fournis pour l’obtention de ce résultat ?

 

Il faut d’abord comprendre la raison d’être de la campagne. Elle met en avant le fait que des enfants qui sont issus de familles vulnérables, qui sont victimes d’abandon et de négligence sous diverses formes de violence et de privation, sont capables de surmonter les difficultés et de réussir avec la contribution de tous. Les cas soulignent l’importance d’un accompagnement familial soutenu et qui s’inscrit surtout dans la durée, impliquant d’autres parties prenantes.

 

L’approche de prise en charge au sein des familles SOS facilite leur développement et permet de cicatriser les blessures. L’enfant doit se sentir aimé et valorisé. Cela contribuera à son épanouissement et sa réussite. Le développement émotionnel, la socialisation, la discipline et l’acquisition du savoir sont autant d’outils qui leur permettent de se reconstruire. La maman SOS joue un rôle déterminant en leur apportant affection et compréhension.

 

Il ne faut pas penser que c’est un travail de tout repos. Chaque enfant est unique en raison de son propre vécu. On procède par une évaluation au cas par cas afin d’identifier les faiblesses, les obstacles aussi bien que le potentiel et l’intérêt de chaque enfant. Nous recherchons d’autres supports, s’il y a lieu, tels des soins psychologiques et une éducation appropriée. Nous mettons beaucoup d’accent sur l’écoute de l’enfant et sa participation dans tout ce processus.

 

Dans quel état d’esprit un jeune débarque-t-il généralement chez vous ?

 

L’enfant est généralement désemparé, ne comprenant pas ce qui lui arrive. Pourquoi suis-je ici ? Pour la plupart, c’est l’incertitude, l’angoisse, l’opposition et la méfiance. Mais dépendant des cas, l’accueil par la famille et la préparation de son arrivée dans le village permettent de le rassurer.

 

Pourquoi estimez-vous que ces vidéos auront un impact sur d’autres personnes ?

 

Notre objectif est de communiquer aux autres des témoignages d’anciens enfants de SOS Villages d’Enfants qui ont pu s’en sortir parce qu’ils n’ont pas baissé les bras. Ce qui n’a certainement pas été facile pour plus d’un. À travers Facebook,nous voulons toucher les jeunes en particulier. Ces vidéos sont en quelque sorte ce qu’on appelle des «études de cas»qui suscitent la réflexion dans le but de provoquer un changement d’attitude et de comportement. C’est bien cela le défi à relever.

 

Je salue au passage le courage de ces anciens enfants de SOS Villages qui ont accepté de partager leur expérience. Nous allons aussi partager le vécu d’enfants qui sont moins chanceux et qui ne doivent absolument pas être jugés. Nous apprenons de nos défis et de nos échecs, d’où le titre de la campagne.

 

Nous avons aussi réalisé qu’il est nécessaire de communiquer l’impact de la mission de SOS Villages d’Enfants. La frontière entre les entreprises privées et les ONG se rétrécit et il est impératif de répondre aux attentes de nos partenaires et d’en chercher d’autres en démontrant la pertinence de notre action. C’est aussi un exercice de sensibilisation et un plaidoyer pour plus de support, surtout à un moment de grande incertitude financière. 

 

Parlez-nous du «Family Strengthening Programme» ?

 

Le Programme de renforcement familialest une action de prévention systématique et structurée, qui aide surtout les enfants qui risquent l’abandon, qui sont négligés ou en situation de privation. C’est un programme d’accompagnement familial dans la durée, qui aide quelque 600 enfants aussi bien que 250 familles dans des poches de pauvreté.

 

Nous sommes basés dans plusieurs localités du pays : Cité Anoska, La Ferme, Richelieu, Baie-du-Tombeau, entre autres. Le projet, qui coûte environ Rs 4 millions annuellement, vient complémenter celui de la prise en charge familiale dans les deux villages d’enfants SOS situés à Bambous et Beau-Bassin.

 

Le principe du programme de renforcement ou d’empowermentdes familles consiste en un travail de proximité avec ces dernières et la participation de collaborateurs à trois niveaux collectivement : celui de l’enfant, celui de la famille et celui de la localité.

 

La branche de ce projet à Curepipe offre un plus car quelque 40 enfants reçoivent une éducation adaptée à notre Centre social éducatif, où nous mettons beaucoup d’accent sur le développement de la petite enfance.

 

Le Programme de renforcement familialest en pleine phase de transformation car nous allons nous concentrer surtout sur le travail en réseau et le renforcement des capacités de ceux qui œuvrent sur le terrain. Pour conclure, le programmeadopte le proverbe et la philosophie chinoise qui dit : «il vaut mieux apprendre à pêcher à quelqu’un que de lui donner du poisson.»

 

Dans son rapport annuel, Rita Venkatasawmy estime que «l’âge de responsabilité criminelle des enfants doit être repoussé». Que pensez-vous de cette proposition ?

 

Le débat sur l’âge de la responsabilité criminelle des enfants met l’accent sur le fait qu’un enfant en dessous d’un certain âge ne possède pas les capacités à commettre un crime. Il faut qu’il ait atteint une certaine maturité mentale, émotionnelle et cognitive pour pouvoir être jugé devant une cour de justice et éventuellement subir les peines prévues selon la loi si sa culpabilité est établie. À mon avis, l’âge de la responsabilité criminelle pour les enfants n’est pas spécifiquement établi à Maurice, basé sur ces considérations. Selon mon expérience, je pense qu’il faut statuer. Simplement repousser l’âge de la responsabilité criminelle des enfants à plus de 14 ans ne suffit pas. Il faut s’attaquer à la racine de la problématique de la délinquance juvénile, réformer notre système de justice pour mineurs et aussi améliorer la prise en charge.

 

 

Bio express

 

Marié et père de deux enfants, Amedee Dabeecharun a étudié le Social Work (Alumni Council of International Program, USA), l’Administration publique et économie (BA), et le Marketing (MSc). Il a débuté dans la fonction publique et est directeur de SOS Villages d’Enfants Maurice depuis l’an 2000.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

L’élévation de Mgr Maurice Piat au rang de cardinal est pour moi un grand honneur pour le pays, toutes les communautés confondues. Il a une philosophie pastorale qui unit et met l’accent sur la mission et l’action. Il ne baisse jamais les bras. Tout le monde peut s’en inspirer.

 

Et sur le plan international ?

 

Je suis avec intérêt l’élection à la présidence des États-Unis. Mais ce qui attire le plus mon attention, c’est la situation des enfants dans les zones de guerre en Syrie. Ils subissent une violence inouïe et terrible. Ils sont abandonnés et manquent de tout. Pire, ils sont privés de toute action humanitaire. C’est très inquiétant ce qui se passe !

 


 

Ces vécues qui touchent

 

Il s’agit d’histoires, de vécues. Afin de motiver les enfants de SOS Villages, SOS Villages d’Enfants Maurice a lancé sur les réseaux sociaux une série de vidéos inspirantes et porteuses de messages positifs, afin d’inculquer aux jeunes résidents de ne jamais baisser les bras. Les vidéos montrent les témoignages de Gina, 27 ans, et de Kevin, 28 ans, devenu un entrepreneur grâce au soutien obtenu. Aujourd’hui, son entreprise produit des T-shirts pour le marché local. On retrouve également le témoignage de Linda, travailleuse sociale à SOS Villages.