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Conte de fées tragique

C’est l’histoire d’une jeune femme qui rêvait au Prince Charmant. Un jour, elle a cru l’avoir rencontré. Il était beau et gentil et lui disait qu’il l’aimait. Ils ont fini par se marier. Tout allait «plutôt»bien jusqu’à ce que lors d’une dispute, il ose lever la main sur elle. Elle était dévastée mais a fini par lui pardonner après qu’il soit venu lui demander pardon en larmes. Une fois, deux fois, trois fois… Le conte de fées était devenu cauchemar mais elle tenait le coup parce qu’elle l’aimait. Et puis, elle avait peur du qu’en-dira-t-on si elle le quittait et ne savait même pas où aller.

 

Quand elle est tombée enceinte, elle a espéré de toute son âme que son enfer cesserait. Hélas, ça a continué de plus belle. Un jour, dans sa folle rage, son mari lui a serré le cou jusqu’à ce que son dernier souffle de vie quitte son corps. Son enfant a assisté à toute la scène. Maintenant, il est orphelin de mère, traumatisé à vie, et son père va sans doute passer une bonne partie de sa vie en prison.

 

Combien de tragédies comme celle-là, avec des variantes bien sûr, existe-t-il ? Combien de femmes (et d’hommes) ont vécu ou vivent toujours la violence de leur conjoint ? Combien ont fini par succomber aux coups ? Combien d’enfants sont marqués à jamais ? Combien de familles sont brisées par la faute d’un conjoint qui use de la violence pour imposer sa loi ?

 

Certaines victimes arrivent à s’en sortir, trouvant le courage de quitter une situation insupportable pour se reconstruire. Certaines sont même arrivées à se reconstruire auprès de leur conjoint violent qui a accepté de se faire soigner ou a eu une grosseprise de conscience. Mais c’est rare.

 

Ces derniers temps, les cas de violence domestique se terminant en drame se sont plutôt succédé. Parfois même après la séparation, comme dans le cas de Patricia Verrière, tuée par son ex-compagnon. Il y a aussi eu Vidhi Bumma, 28 ans, poignardée et brûlée par son époux, et Cindy Jouan, qui lutte encore pour sa vie après avoir été agressée à l’acide par son concubin. Si les violences conjugales envers les hommes existent aussi, il faut reconnaître que la plupart des victimes sont des femmes. Toujours est-il que personne, homme ou femme, ne devrait subir cela.

 

Nous ne pouvons donc que saluer les amendements apportés à la loi sur la violence domestique pour protéger les victimes et décourager les conjoints violents et, le cas échéant, les punir. Même si le Protection fromDomestic Violence (Amendment) Act, comme le regrettent certains, comporte des lacunes (le viol conjugal n’est pas encore considéré comme un délit, entre autres) et des limites («la définition de la violence domestique est restrictive et ouverte à l’interprétation», dit Sanjeet Jooseery dans notre interview), c’est toujours un pas de plus dans la bonne direction. En espérant qu’il y en aura d’autres et que les manquements seront comblés au fil du temps.

 

Il faut reconnaître aussi que les lois ne suffisent pas. C’est plutôt un changement de mentalité qu’il faut. Mais ceux qui ont déjà «poussé travers»peuvent-ils changer ? Les campagnes etles amendements aux lois les touchent-ils ? Passûr. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer. Pour toucher les autres, ceux qui peuvent intervenir d’une manière ou d’une autre, pour arrêter le cycle de la violence. Pour toucher les victimes, les aider à sortir du cercle infernal. Il faut aussi se concentrer sur la jeune génération. Inculquer aux enfants la non-violence, le respect du prochain, l’égalité des genres. Leur apprendre qu’il faut refuser de subir les maltraitances sans pour autant devenir bourreaux. Pour que les contes de fées ne se transforment plus en contes tragiques.