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L’attaque du 1er Mai

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Le leader de l’Alliance de l’avenir faisant son entrée accompagné d’enfants.

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Bain de foule pour le leader de l’Alliance du coeur après son meeting.

Les leaders de l’Alliance de l’avenir et l’Alliance du coeur ont fait une démonstration de force lors de leur meeting respectif du 1er Mai. À quelques jours des législatives du 5 mai, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont affiché leur confiance en une victoire écrasante. Ils ont également énuméré les points forts de leur programme tout en lançant des piques à leurs adversaires. Reportage...

Navin Ramgoolam : «Vous aurez rendez-vous avec votre destin»

Comme une rock star. Sous une pluie de confettis rouges et argentés, Navin Ramgoolam fait son entrée dans ce coin de Quatre-Bornes happé par une vague rouge pour le rassemblement du 1er Mai. Le bruit des pétards, que des partisans font claquer, est masqué par la clameur de la foule : «Navin ! Navin !» Le leader de l’Alliance de l’avenir fend l’assemblée, à travers un couloir spécialement aménagé, en compagnie de sa femme, Veena, et de quelques enfants… Il a le sourire aux lèvres. Une heure après le début des premiers discours, le Premier ministre sortant, en chemise rouge et pantalon noir, monte sur l’estrade sous les flashes des photographes.

Il est 11h22. Il salue les membres de la formation PTr-PMSD-MSM, s’assoit, et prête l’oreille aux discours. Il est midi. C’est à l’étoile du meeting de prendre la parole. La foule réclame son leader. Mais, sur le visage de Navin Ramgoolam, la nervosité laisse des ombres. L’enjeu est important. À quelques jours des élections générales, prévues pour ce mercredi 5 mai, il ne doit pas flancher.

12h03. Droit devant son micro, l’homme prononce ses premiers mots. Un rappel de l’histoire du 1er Mai et un clin d’œil à James Burty David, décédé en décembre dernier. Un intermède rapide car la politique reprend vite ses droits. Et Navin Ramgoolam, le sourire un peu crispé, se lance… réellement : «Dans quatre jours, vous aurez rendez-vous avec votre destin. C’est une élection cruciale pour l’avenir du pays», martèle-t-il, l’index levé vers le ciel… maussade en cette fin de matinée.

Justement, quelques secondes plus tard, la pluie fait son apparition. Les parapluies s’ouvrent ici et là. Le leader des Rouges poursuit son monologue, malgré les quelques gouttelettes qui l’atteignent : «Il vous faut faire le choix entre le passé et l’avenir, l’unité et la division, Paul Bérenger et moi.» Il a haussé la voix. Et c’est, régulièrement, que l’homme consulte ses notes. Ce n’est, pourtant, pas dans son habitude…

«J’ai la meilleure équipe pour construire l’île Maurice de demain, poursuit-il. Nous apporterons, avec le Dr Beebeejaun, Xavier-Luc Duval et Pravind Jugnauth, la stabilité et l’unité. Nous avons un programme, une vision… Contrairement à Paul Bérenger.» L’Alliance du cœur en prend pour son grade. Évidemment : «Bérenger n’a pas l’étoffe pour devenir PM. Ni le n°2 d’un gouvernement(…) Guet so dream team (…)Line ramasse tou dan dustbin.»

Le sourire en coin, Navin Ramgoolam rappelle les «déboires» des membres du front bench de l’Alliance du cœur : Ashock Jugnauth, «symbole de la corruption», Vishnu Lutchmeenaraidoo, «rasoir», Madan Dulloo, «Bérenger dir li instable, li pagla mamou» et Dinesh Ramjuttun, «pak pak». Le public est en liesse. Le Premier ministre sortant, en habile orateur, sait comment s’y prendre pour déchaîner les foules…

Mais, le leader des Rouges est nerveux : «Nous avons un message à passer. Blok tambour la. Sinon mo aret cose. Pane ler pou fer tamassa.» Et cela ne va pas en s’arrangeant. Quelques minutes plus tard, c’est un hélicoptère en vol qui monopolise l’attention de la foule. Et… le micro qui ne fonctionne plus. Navin Ramgoolam cache avec peine son impatience. À Nita Deerpalsing qui lui tend un autre micro, il dit : «Li pa travay ta p…» Cet échange passe inaperçu. Les minutes passent. Puis, enfin, le chef du gouvernement reprend la parole et annonce quelques mesures qu’il prendra «lors de la victoire» : la National Residential Property Tax et la taxe sur les intérêts seront supprimées, trois centres de santé – pour les femmes, les enfants et les personnes âgées – seront créés et le créole sera une matière optionnelle, entre autres.

Un dernier appel aux votes, «pa blye vote ou capitaine», et le leader de l’Alliance de l’avenir conclut : «Tan ki mo la, zot pena pou peur. Tan ki zot la, mo pena pou per.» Acclamé par tous, l’homme se détend. Il est 12h40. Cette entrée en scène, une des dernières avant les législatives, n’a pas été de tout repos. Mais, comme une rock star, il a su… mettre le feu !

Paul Bérenger : «1982 est de retour !»

Souriant, détendu… Paul Bérenger visiblement en forme et confiant se prépare à s’adresser à la foule massée devant la municipalité de Port-Louis en ce samedi 1er mai. Dès qu’Arianne Navarre-Marie, qui préside le meeting de l’Alliance du cœur, annonce l’intervention du leader du MMM, la foule en délire se déchaîne, les cris de joie et les notes de Solda lalit militan envahissent l’air, les drapeaux se soulèvent. La pluie qui joue les trouble-fêtes depuis le début du rassemblement se calme un peu.

Le sourire du chef de l’Alliance du cœur s’élargit, il n’arrête pas de saluer les militants d’une main ou deux. Chemise mauve et pantalon blanc, entouré de son équipe de candidats et de Cassam Uteem qui s’est adressé à la foule précédemment, il prend la parole. «Travailleurs, pêcheurs, planteurs, fonctionnaires…, merci 1000 fois pour votre présence. Compté fini, dimoune resté. La foule est de plus de 50 000. C’est un signe que 1982 est de retour !» lâche-t-il devant des sympathisants euphoriques.

Le visage est maintenant sérieux. Le discours aussi, qu’il accompagne de grands gestes de la main. «Notre destin et celui de nos enfants sont entre nos mains. Il nous faut écrire une page glorieuse de l’histoire !», assène Paul Bérenger. Il interrompt son discours pour saluer Raouf Bundhun, ex vice-président de la République : «Monté Raouf !»

Et il continue : «Non seulement nous allons gagner mais nous allons aussi gagner au no 5 !» Le ton change encore, devient rude, le doigt se fait menaçant : «La MBC a faussé les élections chaque soir !» La Compagnie nationale de transport (CNT) en prend aussi pour son grade car elle aurait accordé moins d’autobus à l’Alliance du cœur.

Quoi qu’il en soit, le leader mauve dit croire dans une grande victoire : «Nous avons eu le courage de mettre Paul Bérenger comme Premier ministre pour cinq ans. Arianne Navarre Marie sera la première femme speaker. Nous faisons l’histoire. Il n’y a pas à avoir peur, il n’y aura pas de lev paké alé comme avec Ramgoolam.»

Le leader du MMM se dit par ailleurs fier de son équipe de candidats, de sa top team et aussi de son équipe économique qui, dit-il, «va redresser le pays endetté à mort». Tout en signalant le «grand vide» laissé par Sithanen dans l’autre camp. L’autre camp qui, selon lui, annonce des mesures tel le transport gratuit mais le fait payer ensuite aux Mauriciens. «Nous nous allons garder le transport gratuit mais abolir le gaspillage qui en découle.» Il en profite pour énumérer les priorités de son gouvernement. «La première est le law and order.» Les «ouais !!!» fusent. Tout à coup, il s’interrompt, prête l’oreille : «Mo croir azaan sa ! Nou gard deux minutes de silence par respect pou azaan.»

La foule se calme… ou presque, et le leader mauve en profite pour se moucher le nez, s’essuyer le visage, boire un peu d’eau et échanger quelques mots avec ceux autour de lui. Peu après, l’un d’eux lui montre quelque chose sur un portable et il éclate de rire : «Laisse mo done zot ene nouvelle. Letan PM sortant comans cozé Quatre-Bornes, micro sauté, li pé kimé !»

Retour aux choses sérieuses, soit les priorités : «Rétablir le law and order», «casser les reins à la corruption et au Subutex», «améliorer la vie des Mauriciens», «abolir la NRPT, la taxe sur l’épargne, rétablir les subsides sur les fees de SC et de HSC». «Le moment de délivrance arrive !» lance-t-il.

La pluie et le soleil continuent à jouer à cache-cache. «Mais personne ne doit tomber malade avant vendredi. Interdiction d’avoir la grippe», dit Bérenger avec humour. «Rendez-vous dans la victoire !» L’intervention prend fin sous les applaudissements, les ovations – «Bérenger ! Bérenger !» – et la chanson Ene sel lepep ene sel nation. Paul Bérenger sourit à tout-va, fait des saluts, pose pour les photographes alors que la foule quitte lentement, très lentement même, la place. Comme à regret.

Radegonde et Fowdur dans la ligne de mire du Premier ministre

«C’est un bon signe, car il avoue que je vais gagner.» C’est ainsi que Sangeet Fowdur réagit après la déclaration du leader de l’Alliance de l’avenir. Ce dernier a affirmé, lors de son meeting à Quatre-Bornes, le samedi 1er mai, qu’en cas de victoire du candidat de l’Alliance du cœur à La Caverne-Phoenix (circonscription n°15) son élection sera contestée. Il en sera de même, a annoncé Navin Ramgoolam, pour Josique Radegonde, candidate mauve à Savanne-Rivière-Noire (n° 14). Nous n’avons pu avoir, malgré nos nombreuses tentatives, une réaction de cette dernière.

Il semblerait que des poursuites légales pourraient être engagées sur un point : les deux politiciens n’auraient pas été sur le sol mauricien pendant assez longtemps pour être candidats. Néanmoins, Sangeet Fowdur ne se sent pas concerné : «On est à la veille des élections et c’est normal qu’il essaie de jeter de la boue. C’est de bonne guerre. On est dans une bataille. Mais je peux rassurer la population. J’ai bien vérifié toutes les dispositions légales avant de me porter candidat. Je suis à Maurice depuis le 1er septembre 2009. La disposition légale est de six mois.»

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