C’est la grande mobilisation générale. À quelques jours du 1er Mai, rendez-vous annoncé comme décisif dans cette année électorale, les partis politiques ont lancé la machinerie en vue de rallier le maximum de partisans et de faire forte impression le jour J. Que ce soit le MSM et ses alliés, les partis de l’opposition et les extraparlementaires, tous se préparent à occuper massivement le terrain. D’un côté, loin de la bataille des foules qui se jouera ce 1er Mai, il y a Linion Moris qui sera en meeting à Rose-Hill, très actifs sur le terrain, avec des réunions de mobilisation régulièrement dans les quatre coins du pays pour rallier les Mauriciens à leur cause.
De l’autre côté, le MSM ne ralentit pas. Depuis plusieurs semaines, Pravind Jugnauth et ses lieutenants enchaînent les comités régionaux pour appeler leurs partisans à venir en masse au meeting de Vacoas, contrairement aux partis de l’opposition qui accusent un sérieux retard dans l’organisation de la mobilisation. Prise dans des turbulences, l’alliance, qui sera à Port-Louis ce 1er Mai, a lancé sa mobilisation sur le tard, soit le 12 avril, jour où les Rouges ont donné le la à leur campagne dans les 20 circonscriptions. Le MMM les a vite rejoints, et les deux partenaires multiplient depuis les réunions de mobilisation.
Au milieu de cette campagne, le duel à distance entre les deux principaux blocs bat son plein. À chaque réunion, critiques et attaques fusent pour essayer de déstabiliser et discréditer l’adversaire. Avec les récentes secousses au sein de l’opposition parlementaire, le MSM et ses partenaires surfent sur la vague de la division.Après avoir dévoilé leur slogan «Pli for Ensam» pour ce 1er Mai, le discours des membres du gouvernement semble tout trouvé. Joe Lesjongard a, d’ailleurs, récemment mis en exergue les faiblesses des partis de l’opposition : «Sur le terrain, l’enthousiasme face au gouvernement est clair. Nous avons dirigé le pays dans la stabilité alors qu’en face, l'opposition a démontré jusqu’au bout qu’elle est instable.»
Faisant référence à la cassure PTr-MMM-PMSD, Alan Ganoo estime, lui, qu’il n’y a pas de doute sur le choix de la population : «Nous allons noyer l’opposition. Nous aurons la meilleure foule. Il y aura un tsunami à Vacoas.» Après avoir animé une réunion de mobilisation à Bambous le vendredi 19 avril, le ministre et ses colistiers sont, une fois de plus, allés à la rencontre du no 14, ce samedi, pour appeler à la mobilisation. Au même moment un comité régional se tenait au Sun Trust, toujours dans le but de rassembler le maximum de personnes pour le 1er Mai. Conforté dans sa position, le MSM s’apprête à tabler davantage sur les remous au sein de l’opposition durant le meeting au cours duquel des annonces sont attendues. Selon les rumeurs qui circulent, il se pourrait même qu’ils frappent fort avec la présence sur l’estrade d’un membre influent du PMSD.
Bien que cette situation ne fasse pas du bien à leur image, l’opposition affiche malgré tout optimisme et détermination. Rajesh Bhagwan a, lors d’une réunion à Beau-Bassin le jeudi 18 avril, donné le ton : «Il y aura un débordement le 1er Mai. Le changement arrive.» Le lendemain, c’est le leader des Mauves qui a pris la parole lors d’un dîner d’Eid-Ul-Fitr à Vacoas, rappelant que ce 1er Mai sera décisif : «Les élections générales arrivent. Le PMSD part, les autres viennent, le combat reste le même. Notre lutte, c’est de sauver le pays.» Paul Bérenger a appelé les Mauriciens à venir en foule à leur meeting.
Lors d’une réunion de mobilisation le vendredi 19 avril à Arsenal, Navin Ramgoolam a aussi lancé un appel ardent aux Mauriciens pour qu’ils descendent en masse à Port-Louis. «Votre présence est importante. Vous devez vous battre pour votre famille, vos enfants, votre avenir.» Le lendemain, lors d’une conférence de presse conjointe avec le MMM et les Nouveaux Démocrates, il s’est dit surpris de l’engouement de la population, annonciateur d’un véritable raz-de-marée dans la capitale. «Nous fonçons pour le 1er Mai. La veille, nous ferons des dépôts de gerbes au Caudan et à St-Jean, entre autres. Un comité de coordination travaille pour le 1er Mai et après. Nous accélérons le travail autour des propositions pour notre manifeste électoral. Le MSM va faire tout ce qu’il peut pour s’agripper au pouvoir, mais une vague s’est levée.»
Aujourd’hui, dans les deux camps, le mot d’ordre est le même : faire une démonstration de force et envoyer un signal fort, prélude aux législatives.