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Sur le fil…

Pour accéder à ce service d’urgence, il y a un numéro à composer : le 114.

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Krishnadev Boodiah espère plus de courtoisie et de respect.

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Le Dr Dandathvanee Samoo montrant l’équipement hi-tech de ces ambulances pas comme les autres.

Que se passe-t-il quand vous composez le 114 ? Ce numéro d’urgence – utile lorsque vous faites face à un cas de noyade ou à un accident grave, par exemple – vous permet d’avoir accès à une intervention rapide et à l’expertise d’un personnel formé en médecine de l’urgence et des catastrophes.

Un bruit strident. Celui d’une sirène. Dans la tête, les mots se bousculent : danger, mort(s), catastrophe. Cette mélodie assourdissante parle de malheur. Mais aussi d’espoir. Car, l’ambulance du Service d’aide médicale d’urgence (SAMU) qui se faufile entre les voitures, dans un Quatre-Bornes embouteillé, a une mission : sauver des vies. Il y a quelques minutes, dans le centre de régulation du SAMU qui se trouve à l’hôpital de Candos, un appel a été reçu. Une personne signalait un accident de la route. De quoi mettre en branle toute la machinerie bien huilée de ce service d’urgence qui existe depuis 1997 à Maurice. Souvent sous les feux des projecteurs, parfois critiqué, le SAMU est un service essentiel et très demandé. «Nous recevons environ 1000 appels par jour», confie le Dr Dandathvanee Samoo, médecin-urgentiste et Acting Director du SAMU.

Nous sommes, en ce mercredi 29 janvier, au quartier général de ce service. C’est là que les appels sont reçus – un genre de call centre – et les demandes d’aides traitées et acheminées, si cela est nécessaire, vers les autres centres du SAMU de l’île (qui se trouvent dans les hôpitaux régionaux) : «S’il y a une intervention à Pamplemousses, c’est l’hôpital du Nord qui va dépêcher une équipe. L’ambulance ne va pas sortir de Vacoas. Mais c’est à travers le centre de régulation que les instructions sont données.» Prêts à répondre au téléphone, des permanenciers sont toujours «on alert» pour gérer des cas de noyades, de malaise cardiaque ou des accidents graves, entre autres. Ces hommes et ces femmes sont ceux qui répondront à la personne qui composera le 114 (ils ont été formés en ce sens) et feront un bilan rapide de la situation. «Ils décident s’il est nécessaire ou pas d’envoyer une équipe du SAMU sur place», confie le Dr Samoo.

En face d’eux, les médecins urgentistes de garde, prêts à prendre le relais et à conseiller les personnes qui sont sur les lieux d’un accident ou face à un malade qui a perdu connaissance, par exemple. Dans la pièce aseptisée, où tout semble avoir été conçu pour l’efficacité, on trouve un grand écran, afin de pouvoir situer au plus vite les lieux d’intervention et les ambulances en fonction (à travers le GPS), mais aussi une carte de l’île grand format. En quelques questions, l’équipe en place doit pouvoir obtenir le maximum d’informations. Alors si vous avez un jour à composer le numéro d’urgence, soyez précis et répondez aux questions. Mais, attention, il y a d’abord un générique pour vous expliquer ce qu’on attend de vous : «Il dure 18 secondes. Il faut l’écouter, mais il faut attendre la fin afin de pouvoir s’entretenir avec le permanencier.» Tous les messages sont enregistrés et stockés en lieu sûr.

Et être en première ligne du malheur n’est pas chose facile. «Il faut garder son calme et être efficace. Nous avons conscience de l’importance de notre mission», confie une permanencière. Ses collègues et elle ont tenu à garder l’anonymat. Il est facile de les transformer en boucs émissaires, de les montrer du doigt, dit-elle : «Nous comprenons que la personne qui appelle est souvent en détresse. Et que, parfois, elle n’arrive pas à se contrôler. Mais nous faisons de notre mieux et ça ne sert à rien de nous crier dessus.» Les critiques, elle les entend : «On nous reproche souvent de ne pas arriver assez vite.»

Une mauvaise impression, estime le Dr Samoo : «Nous intervenons en 15 à 20 minutes au maximum. Mais nous pouvons arriver avant. Il y a plusieurs facteurs à prendre en considération.» Une fois une mission lancée, l’ambulance du SAMU se faufile entre les véhicules, essaie de gagner du temps afin d’arriver le plus vite sur place. «Nous sommes là pour sauver des vies. Mais j’ai un appel à faire : ne prenez pas notre vie quand nous essayons de faire notre travail», confie Krishnadev Boodiah, chauffeur du SAMU qui espère plus de courtoisie (il faut laisser le passage aux véhicules d’urgence) sur la route et au moment de l’intervention (le 1er janvier une équipe du SAMU a été agressée par les parents d’un malade, mécontents de leur «lenteur»).

L’ambulance du SAMU, une vraie unité d’Intensive Care Unit mobile, est équipée pour faire face à toutes sortes de situations : on y trouve un défibrillateur, un appareil de ventilation mécanique, des médicaments, entre autres, et on peut y pratiquer des interventions telles que la réanimation cardiaque et l’anesthésie. À chaque sortie, un médecin et un infirmier, formés en médecine d’urgence, sont présents et parés à toute éventualité : «Nous avons fait face à de nombreuses situations de crise. Nous savons ce que nous devons faire. Mais les gens sur place doivent nous laisser travailler. C’est important», confie un infirmier. Surtout qu’opérer en dehors du confort d’un hôpital est un vrai challenge. De plus, c’est vrai que dans des situations de crise, les esprits s’échauffent vite. «Nous avons, désormais, une escorte policière», explique le Dr Samoo.

Une mesure nécessaire pour s’assurer que le travail se fait correctement. Car, au final, c’est tout ce que demandent les membres du SAMU : qu’on leur donne la possibilité de sauver des vies.

Il faut y penser…

Appeler le SAMU pour un petit bobo, n’est pas une bonne idée. N’oubliez pas que pendant que l’équipe intervient chez vous, elle ne peut s’occuper d’un cas plus grave (si jamais il y en a un). Le nombre d’ambulances et d’équipes étant limité, il est nécessaire que le service fasse un «streaming» afin de s’occuper des cas les plus graves (accidents de la route, noyades, problèmes cardiovasculaires).

Vous arrivez sur les lieux d’un accident. Il est nécessaire de vérifier l’état de la/les victime/s avant d’appeler le 114. «Si la personne est consciente et qu’elle peut parler ou se mettre debout, elle n’a pas forcément besoin du SAMU», confie le Dr Samoo. Une ambulance traditionnelle devrait faire l’affaire.

Quand vous composez le 114, soyez précis et répondez aux questions. Et surtout, écoutez ce qu’on vous dit. Un médecin urgentiste vous conseillera quoi faire : «Si la personne ne respire pas, par exemple, on peut demander de dégager le cou et d’ouvrir la bouche.» Avant que l’ambulance n’arrive, vous aurez déjà fait quelque chose pour la personne malade ou accidentée : «Nous avons à plusieurs reprises réussi à aider un mari à faire faire accoucher sa femme. Et tout cela à distance.»

Pendant toute la durée de l’intervention sur le terrain, les permanenciers font la liaison entre l’ambulance et l’hôpital : «Quand nous arrivons, tout doit être prêt. Si nous avons besoin d’une salle d’opération, elle doit être à disposition.»

Le SAMU s’occupe aussi des transferts difficiles de patients vers l’étranger (pour des opérations délicates), mais aussi de ceux des enfants, après 16 heures, qui doivent être admis dans le service Neonatal Intensive Care Unit, entre autres.

La prévention avant tout

Il appelle ça les «golden hours». Le Dr Samoo parle des secondes, des minutes ou des heures où une intervention est encore possible sur un malade : «Dans un cas de noyade, par exemple, nous avons deux ou trois minutes pour intervenir, en général. Sinon, c’est trop tard.» L’équipe du SAMU ne peut pas faire de miracles, c’est pour cela que le médecin urgentiste en appelle à la responsabilité de tout un chacun : «Quand vous allez à la mer, soyez conscient du danger. Il ne faut pas boire de l’alcool et manger des aliments lourds avant de se jeter à l’eau. Si vous avez un enfant, surveillez-le. Certaines catastrophes sont inévitables, mais beaucoup de drames peuvent être prévenus.»

Devenez secouriste

Pensez-y ! Connaître des gestes simples qui peuvent sauver des vies est un atout. Pour vous et pour les autres. Faire un massage cardiaque, du bouche-à-bouche, savoir comment aider à la respiration, entre autres… Voici des connaissances essentielles si vous êtes arrivé sur les lieux d’un accident ou si un de vos proches fait une crise d’asthme aiguë, par exemple. Avec l’aide du médecin urgentiste du SAMU au téléphone, vous pourrez donner plus de chance à un inconnu/une connaissance de survivre.

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