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Ode à mon pays

Nadine souhaite que l’entraide soit au cœur de toutes les relations.

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Pour Nilen, le communalisme institutionnalisé doit prendre fin.

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Rukshaar trouve que ce sont les jeunes qui apporteront le changement.

Leur île est au centre de leurs préoccupations. Ils s’engagent pour tenter de l’améliorer. Quel regard jettent-ils sur elle alors qu’elle s’apprête à fêter ses 46 ans d’indépendance ?

Séquence émotion. Dans leur âme, un nom résonne. Comme une mélodie, parfois douce, parfois dérangeante. «Maurice» en chœur, «Maurice» dans le cœur. À quelques jours des festivités du 12 mars, c’est le temps, pour certains jeunes engagés, de se poser et de réfléchir au présent et au futur de leur île. Au centre de leurs attentes : la construction du mauricianisme, d’une nation dont les couleurs se mêlent pour une belle mosaïque. Des nuances, des dégradés pour créer un ensemble harmonieux, ils le souhaitent. C’est leur rêve pour leur pays. Et ils espèrent tous que le songe se transformera, très vite, en réalité.

Nadine Ramsamy, jeune femme engagée dans le social et initiatrice des Jams pour l’Unité, aime son pays. Passionnément. Cette île, qu’elle vit dans son quartier de Vacoas, est celle qu’elle souhaite retrouver à un niveau national : «C’est s’entraider quand il y a un événement joyeux ou une mortalité. Se donner la main pour avancer. Comprendre et accepter les autres avec leurs différences. Tout cela permet d’appréhender l’autre avec un côté humain. Je trouve cela très beau.»

Loin des manigances politiques, explique-t-elle, son pays a une belle âme : «Il faut cultiver le mauricianisme. C’est notre vraie culture. Cette solidarité qui existait avant l’indépendance, avant que les politiciens utilisent nos différences pour obtenir ce qu’ils désirent.» Donc, pour que cet esprit de corps, qu’elle vit dans son quartier, se propage, elle souhaite une réforme électorale afin d’éliminer une certaine forme de communalisme institutionnalisé. Il est temps d’éliminer le Best Loser System : «Déjà, un an avant les élections, on sent que certains politiciens ressortent leurs vieux discours et actions. Il est grand temps que tout cela s’arrête.»

Yannick Cornet, connu pour son combat acharné contre les centrales à charbon, espère la même chose pour son île aimée : «Pourquoi faut-il croire qu’on ait besoin d’une personne de la même religion que soi pour défendre nos intérêts ? Il y a une nouvelle conscience à créer, un apprentissage à faire pour la développer. Peu importe la communauté de ceux qui ont le pouvoir, ils doivent représenter les Mauriciens, tous les Mauriciens.» Le jeune homme espère un changement de mentalité des politiciens. Mais pas seulement. C’est toute une population qui doit revoir sa façon de penser et qui doit se libérer d’un formatage vieux de quelques décennies.

Réfléchir et agir

Pour y arriver, explique-t-il, il est nécessaire de construire une nation où tout le monde trouve sa place, où la méritocratie prime, où le partage du «gâteau national» se fait équitablement : «Que les gens compétents occupent des postes clés.

Ça éviterait de nombreux dysfonctionnements. Nous n’aurions pas de routes neuves qui se délitent, par exemple.» Il souhaite une vision à long terme pour le pays, une réflexion profonde accompagnée d’actions pour avancer dans la bonne direction : «Au lieu de construire de nouvelles routes, pourquoi ne pas investir dans un système de transport en commun de qualité ? Pourquoi dépenser

Rs 1 milliard dans des nouvelles cartes d’identité alors que de nombreux problèmes sociaux pourraient être réglés avec cet argent ?»

Et des questions comme celles-là, il en a des dizaines. Et le sujet qui le préoccupe, actuellement, n’est pas en reste : «Ouvrons les yeux, il suffit de jeter un coup d’œil à La Réunion pour voir tout ce qui est possible de faire en matière d’énergies renouvelables ! Pourquoi, alors, s’obstiner à concrétiser des projets

coûteux qui ne sont pas bons pour l’environnement ?» Qui dit réflexion, dit interrogation ! Nilen Vencadasamy, avocat, membre du Blok 104 – qui s’insurge contre la nécessité pour un candidat de préciser

son appartenance à une communauté lors du Nomination Day – s’en pose également.

Le sort des diplômés qui ne trouvent pas d’emploi, de ceux qui en trouvent, mais qui ne touchent pas un salaire décent alors qu’ils ont dépensé des fortunes pour poursuivre leurs études : «Les jeunes s’inquiètent. Comment envisager notre avenir dans ce pays dans ces conditions ?» Il souhaite que les autorités prennent les choses en main… enfin. Il souhaite également que la réforme électorale ne se résume pas qu’à un livre blanc (le Premier ministre a déclaré que la publication du White Paper sur la réforme électorale se fera avant la rentrée parlementaire, prévue pour le 25 mars). Il veut du changement. Il veut du concret : «Notre indépendance a 46 ans. On arrive à maturité. J’espère que 2014 sera une année cruciale dans la lutte contre le communalisme. Néanmoins, il serait préférable, qu’en plus de consultations nationales, il y ait un projet de loi.»

Il en est conscient, ces initiatives ne permettront pas de changer les mentalités du jour au lendemain. Mais il estime que ce sera «un pas majeur» dans la bonne direction. Rukshaar Saib, étudiante active sur le campus de l’Université de Maurice, est d’avis qu’à sein de cette institution, le communalisme recule tous les jours : «Nous sommes tous des créoles et nous l’assumons. Nos différences, nous les partageons. Nous sommes solidaires. Et je suis sûre que grâce à la nouvelle génération, ce sentiment sera celui de toute la société mauricienne.» C’est de là que partira le changement, estime la jeune femme : «Nous sommes des adultes. C’est à nous de promouvoir cette façon de penser dans nos familles, dans nos quartiers.»

Son pays, elle l’aime. Avec ses symphonies, ses notes discordantes et son brouhaha de vie…

Le mauricianisme, c’est quoi ?

● Nilen Vencadasamy 

«Je préfère le terme “mauricianité” ! Il s’agit d’un sentiment d’appartenance à un État ou à une nation. L’amour de sa patrie. Moi, je le vis comme ça. J’ai toujours tendance à réfléchir en termes d’intérêt collectif au lieu d’intérêt individuel.»

● Rukshaar Saib

«C’est partager ses différences pour en faire une force. Apprendre de l’autre. Le Mauricianisme, on le retrouve dans le mega show de l’Université de Maurice : tout le monde s’y retrouve, toutes les composantes de l’île y ont leur place. C’est une belle photographie.»

● Yannick Cornet

«Nous sommes tous des Mauriciens et nous devons penser en tant que Mauriciens. Voilà !»

● Nadine Ramsamy 

«C’est ce que je vis tous les jours. Ce n’est pas compliqué. C’est le bonjour de tous les jours, c’est le dholl puri, l’alouda, le briyani. C’est le contact avec l’autre. Ce sont les échanges.»

Malaisian Airways : le crash d’un Boeing

239 passagers à bord. 12 enfants en bas âge et 12 membres d’équipage.153 Chinois, 38 Malaisiens, 12 Indonésiens,

7 Australiens, 4 Américains et 3 Français. Le Boeing 777 de Malaysian Airlines, qui transportait toutes ces personnes, s’est crashé au large des côtes vietnamiennes dans la soirée de vendredi à samedi. L’avion effectuait la liaison Kuala Lumpur – Pékin.

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