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Les deux ans du gouvernement au pouvoir : What’s up, lepep ?

11 décembre 2014. Que faisiez-vous le jour de l’annonce des résultats des législatives qui s’étaient tenues la veille ? Comment avez-vous accueilli le changement de gouvernement ? Pour ce jour anniversaire, il n’est pas impensable de faire un retour en arrière pour se rappeler, pour enrichir sa réflexion. Et répondre à cette question : deux ans plus tard, quel regard jetez-vous sur le gouvernement Lepep qui incarnait, à l’époque, un nouveau souffle, un nouvel espoir ? Nous avons posé cette colle à certains d’entre vous.

Shina Balloo : «Je suis toujours au chômage»

 

À 25 ans, cette habitante de Vacoas est à la recherche d’un emploi depuis plusieurs mois. Elle est rentrée à Maurice après avoir obtenu un degré en physiothérapie en Malaisie et fait son internshipen Inde.

 

 

«Le gouvernement Lepep devait combattre le chômage. Me concernant, leur stratégie ne fonctionne pas. Je suis toujours au chômage. J’ai envoyé mon CV partout et on me demande de l’expérience : comment en avoir si on ne me donne pas ma chance ? Le programme de formation pour les chômeurs diplômés ? Sur papier, c’est une bonne idée. Mais on me propose uniquement des trainingen hôtellerie ou encore en IT mais ça n’a rien à voir avec mon domaine !»

 

Loic Lim : «Quand on est entrepreneur, peu importe l’alliance»

 

Il bosse en free-lance. Pour lui quoi ! À 28 ans, cet habitant de Curepipe évolue dans le secteur du visual merchandising et du design.

 

 

«Tous les partis politiques qui viennent au pouvoir aident à leur façon à faire progresser l’économie, en général. Mais si on est entrepreneur, peu importe l’alliance ou le parti au pouvoir, le chemin reste long et compliqué. Comme on le dit si bien en kreol : pe bizin trase. Et c’est grâce à ses propres efforts et à sa détermination qu’on réussit.»

 

Sudha Bagoo : «Assurer l’employabilité»

 

Avec son époux Vinay, cette entrepreneure est à la tête d’une petite entreprise qui s’occupe de la formation, le Venyleos Computer Training Centre.

 

 

«Mon époux et moi n’alignons pas notre vision à celle d’un quelconque parti politique. Ni aux exploits, ou pas, de ce dernier. Notre intérêt, ce sont nos élèves. Et nous devons assurer leur employabilité. Nous savons, qu’importe le gouvernement, que le marché de l’emploi n’est pas le plus facile actuellement. Alors, c’est notre devoir d’apporter notre contribution, de former correctement nos élèves. Nous, nous attendons que le gouvernement continue à s’assurer que des programmes tels que le YEP ou le HRDC, qui permettent aux Mauriciens et aux compagnies de fonctionner, soient bien gérés.»

 

Wendy Ambolam : «Les salaires ne sont pas suffisants»

 

Maman de trois enfants, âgés de 3 mois à 12 ans, cette mère de famille a arrêté de travailler avec l’arrivée de son dernier-né (les coûts de la garderie sont trop élevés). Son mari est maçon et n’a pas de bonus de fin d’année, précise-t-elle.

 

 

«Les choses sont toujours chères. Rien n’a changé. Mon pouvoir d’achat est toujours en berne. Avant, quand je travaillais, ma paie ne servait qu’à payer les factures et à acheter à manger. Ensuite, il ne restait plus rien. C’est la même chose. Aujourd’hui, ce sont les salaires qui ne sont pas suffisants. Surtout quand on a des enfants. Et une compensation salariale aussi minime ne va pas arranger les choses.»

 

Jason Louis : «Toujours pas de compensation»

 

Cet habitant de Rose-Hill de 29 ans est danseur professionnel.

 

 

«En tant qu’artiste, je ne suis pas mieux qu’avant ces deux dernières années. Il n’y a toujours pas de lieu pour les concerts, il n’y a pas de festival de danse professionnelle. Et surtout, il n’y a toujours pas de compensation. Je me suis blessé il y a deux semaines, je suis un professionnel mais je ne peux pas exercer mon métier : qui va me nourrir ? Lors du premier discours budgétaire de l’Alliance Lepep, des mesures en faveur des artistes avaient été annoncées. Où en est-on aujourd’hui ? Il n’y a rien eu de concret !»

 

Aadil Jhumka : «Que de fausses promesses»

 

Engagé dans le social, le jeune homme de 25 ans est directeur de son entreprise et habite Pamplemousses.

 

 

«Ce gouvernement avait fait beaucoup de promesses. Que de fausses promesses, au final ! De nombreux postes allaient être créés et c’est le contraire qui a lieu. Et l’eau 24 h/24, 7 j/7 ? C’est plutôt la sécheresse dans les robinets et l’inondation sur les factures. Nous avons voté pour un changement positif en décembre 2014 et non pour une histoire de vengeance contre l’ancien Premier ministre. Il est temps que le gouvernement s’en rappelle.»

 

Neha Gajadhar : «C’est le flop total»

 

Cela fait des mois que cette diplômée en management et en finances, âgée de 25 ans, est dans l’attente d’un travail. Au chômage, cette habitante de Triolet a fait plusieurs stages en entreprise.

 

 

«Je suis très déçue. L’Alliance Lepep avait fait de belles promesses en ce qui concerne le chômage mais c’est le flop total. Les gradués sont de plus en plus nombreux et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Quel est réellement son plan ? Quand va-t-elle placer tous ces jeunes qui ont étudié et qui n’attendent que de travailler pour pouvoir gagner leur vie ? Je me
le demande !»

 

Kaviraj Ramkissoon : «Donnons-leur le temps»

 

Cet habitant de Fond-du-Sac est très actif dans le social au niveau de sa région. Il est retraité et président de mandhir.

 

«Les gens ont voté pour qu’un gouvernement travaille pendant cinq ans. Au bout de deux ans, on ne peut pas porter un jugement. L’Alliance Lepep et ses membres ne peuvent pas faire de miracles. Donnons-leur le temps. Quand ce gouvernement a gagné les élections, il a dû faire face à de nombreux problèmes hérités de l’ancien régime. Mais c’est normal que si dans cinq ans, les gens ne sont pas satisfaits, ils ne voteront pas encore pour la même équipe.»

 

Havish Gokool : «Rien de concret»

 

Cet habitant de Curepipe, marié et père de famille, est un consultant en ingénierie civil dans le secteur privé. C’est aussi un citoyen engagé dans plusieurs combats.

 

 

«Rien ne va. Dans mon secteur, il n’y a rien de nouveau ou presque. Et puis, en règle générale, l’économie peine toujours. Ils mettent trop de temps à initialiser et lancer de nouveaux projets. Prenez pour exemple la nouvelle autoroute. Cela fait deux ans. Ils peinent toujours à rouvrir la route Terre-Rouge/Verdun. C’est maintenant qu’ils commencent à en réaliser certains. C’est peut-être parce qu’ils ont voulu faire trop de choses en peu de temps. Il n’y a rien de concret et rien de nouveau.»

 

Lindlay Tuyau : «Ils ne font que vendre nos plages»

 

Ce jeune de 27 ans est un informaticien. Il s’inquiète pour l’avenir écologique de son pays.

 

 

«L’Alliance Lepep n’a pas tenu ses promesses. Plusieurs choses me dérangent. La carte biométrique par exemple. Ils avaient promis de l’annuler, surtout Pravind Jugnauth qui était contre. Et qu’est-ce qu’on voit aujourd’hui ? Ils ont fait le contraire de ce qu’ils avaient dit. Puis, ils ne font que vendre nos plages : Pomponette, La Cambuse, St-Félix. Ils préfèrent se faire de l’argent au lieu de se soucier de notre écologie ou du bien-être des Mauriciens. Ils voulaient même vendre le port. Pour moi, c’est le cœur de ce pays qu’ils veulent vendre à des capitalistes au détriment du peuple mauricien.»

 

Chandranee Sookun : «Le gouvernement a tenu sa promesse»

 

Cette habitante de Triolet, âgée de 64 ans, est une veuve à la retraite qui vit seule. Si elle est contente de toucher Rs 5 000 de pension grâce à l’Alliance Lepep, elle redoute le ciblage.

 

 

«Je suis contente que le gouvernement ait tenu sa promesse de donner Rs 5 000 de pension aux retraités. Aujourd’hui, il commence à parler de ciblage, je ne sais pas comment ça va se passer. C’est aussi une bonne chose qu’on ne paie pas le transport. Cependant, la somme de cette pension n’est pas suffisante car lorsque j’ai fini de payer les factures et d’acheter à manger, il ne me reste que Rs 1 000. Sans mes enfants, je ne pourrai pas m’en sortir.»

 

Véronique Papillon : «C’est de l’abus de pouvoir»

 

À 37 ans, cette habitante de Castel est une enseignante. Maman d’un enfant, elle est inquiète pour l’avenir de
 son pays.

 

 

«Ce n’est pas mieux qu’avant. Ils n’ont pas de respect pour quoi que ce soit. Cela se voit au langage utilisé. Ensuite, tous ces proches qui intègrent des postes importants et les autres qui sont limogés. De plus, les amendements et les projets de loi deviennent de plus en plus despotiques, comme l’amendement au PoTA. Nous, contribuables, voyons notre argent dilapidé dans les extravagances gouvernementales : le per diem, les smart citiesou encore la nouvelle berline de Rs 19 millions. Bref, c’est de l’abus de pouvoir. Et puis, cette histoire de nous imposer un Premier ministre sans le passage aux urnes est de la dictature.»

 

Ajay Jhurry : «Un problème de méritocratie»

 

Entrepreneur, il a fait carrière dans le domaine du tourisme et de la logistique. Marié et père de famille, cet habitant de Port-Louis aurait voulu plus de soutien aux petites et moyennes entreprises (PME).

 

 

«Je trouve qu’il y a un vrai problème de méritocratie avec ce gouvernement. Les élections n’ont rien changé et Maurice bute toujours entre deux clans qui apportent une division à la fois communale et castéiste mais aussi entre les riches qui investissent dans la politique et les pauvres qui contribuent à l’économie. En sus de tout cela, il y a la création d’emploi qui ne décolle pas et la démocratisation de l’économie qui reste une enclave pour les PME.»

 

Fatimah Ismael : «On ne peut pas dire qu’il n’a rien fait»

 

Cette entrepreneure de 28 ans évolue dans le domaine de la pâtisserie et du food processing. Elle habite Flacq.

 

 

«Lorsque les Mauriciens ont choisi l’Alliance Lepep, ils s’attendaient à un grand changement. Mais ce n’est que le gouvernement qui a changé. Le développement piétine, les jeunes sont au chômage. On ne peut pas dire qu’il n’a rien fait mais il est lent et il y a beaucoup à faire. Le gouvernement perd du temps. Il nous a fait croire en un gouvernement magique mais au final, il se protège et les Mauriciens n’arrivent pas à avancer.»

 

Karuna Dabydoyal : «Il est temps que les gens se réveillent»

 

Cette habitante de Vacoas est une entrepreneure de 34 ans. Elle gère son entreprise, une boutique de bijoux pour femme en ligne.

 

 

«Pour être honnête, les partis politiques à Maurice, c’est comme une vilaine tache sur vos vêtements. Peu importe le nombre de fois que vous essaierez de l’enlever, elle ne partira pas. C’est pareil ici. Rien de changera. Ils avaient promis le contraire et depuis deux ans, rien. Ils utilisent encore la population comme une banque ou comme un bureau de change. Il est temps que les gens se réveillent.»

 

Textes : Yvonne Stephen-Lavictoire et Amy Kamanah-Murday