Satyajit Boolell, ancien Directeur des poursuites publiques : «Donner aux femmes leur chance»
«C’est un problème d'attitude qui doit être éliminé de notre société, une idéologie patriarcale qui persiste. Il est essentiel de donner aux femmes leur chance, de promouvoir la méritocratie, de favoriser la compétition et de permettre aux femmes mauriciennes d'avoir l'opportunité de s'exprimer et de participer à la politique. Les femmes ne sont pas représentées au Parlement et donc, elles n'ont pas voix au chapitre pour prendre des décisions importantes qui concernent principalement les femmes.»
Johanne Ranoojee, co-fondatrice de la plateforme La Politique Expliquée aux Jeunes (LPEAJ) : «Nous sommes à la croisée des chemins»
«Je travaille aux côtés du professeur Sheila Bunwaree qui entreprend une recherche sur la participation des femmes et des jeunes en politique à Maurice. Nous avons constaté que les jeunes portent un grand intérêt à la politique et veulent s’y engager. Cependant, ils ont peur de la répression et des répercussions sur leur famille et leur vie professionnelle. C’est pour cela que l’éducation politique est un sujet capital. Nous sommes à la croisée des chemins. Notre pays a 56 ans d’Indépendance. Si nous voulons progresser dans notre nation-building, nous devons comprendre notre histoire et notre histoire politique en particulier. C’est un élément central.»
Manisha Dookhony, économiste : Des investissements qui soient gender-neutral»
«La politique porte avant tout sur le policymaking qui affecte l'économie. La politique est un socle de l’économie. Jusqu’à présent, le poste de ministre des Finances dans notre pays a toujours été occupé par des hommes. Pourtant, le ministre des Finances gère des portefeuilles qui affectent la population féminine. Les politiques sociales, le type d’emplois que l’on crée pour les femmes, entre autres. D’où l’importance de la parité en politique. La représentativité en politique, surtout à des postes de leadership stratégique, est importante. C’est de là que peuvent émerger des mesures concrètes, comme des investissements qui sont gender-neutral.»
Jack Bizlall de l’Observatoire de la démocratie : «Notre façon de faire de la politique est dépassée»
«Notre façon de faire de la politique est dépassée. Le mal de notre société, c’est la notion de leader. C’est ce qui explique que les structures démocratiques ne fonctionnent pas. Dans un parti politique, c’est le leader qui décide de tout. Que se passe-t-il si ce leader n’aime pas l’avancement des femmes ? Ce n’est donc pas étrange que le plus fort taux de participation féminine en politique à Maurice soit de 20% seulement. C’est la faute de ces leaders. Les hommes et les femmes sont différents dans leur vision des choses, leurs centres d’intérêt et leurs responsabilités. Cette différence peut devenir une force pour notre nation quand nous donnons une vraie chance aux femmes.»
Lovania Pertab, Chairperson de Transparency Mauritius : «Notre voix n'est pas suffisamment entendue»
«Nous avons pu identifier les obstacles que nous devons surmonter pour demander la parité, voire un quota de représentation des femmes dans l'arène politique. Naturellement, cela sera un processus difficile, d'autant plus que les élections approchent. Cependant, nous devons absolument agir, car nous représentons la moitié de la population et notre voix n'est pas suffisamment entendue, que ce soit sur le plan politique, économique ou social.»