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«Nous voulons diriger le pays et non faire partie d’un gouvernement»

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«Est-ce que Vishnu Lutchmeenaraidoo aurait pu accomplir ses réalisations
s’il n’y avait pas eu Sir Aneerood Jugnauth...»

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«Il faut juger la force réelle du MSM sur le terrain»

Sa performance dans le dernier sondage, les relations MSM-MMM, le retour de Vishnu Lutchmeenaraidoo sur l’échiquier politique, une éventuelle alliance bleu-blanc-rouge : autant de questions auxquelles le leader de l’opposition répond…

Q : Dans le dernier sondage de sofres pour Business Magazine, Paul Bérenger reste le leader de l'opposition préféré des mauriciens avec 53% alors que vous ne récoltez que 18%. Comment expliquer cette piètre performance ?

R : Je ne suis pas d'accord avec le qualificatif piètre. On ne peut pas remplacer quelqu'un qui a fait de l'opposition pendant 20 ans en 20 semaines. Un sondage est une photographie d'un moment donné. Cela dit, Paul Bérenger a été très longuement dans l'opposition de 76 à 82, de 83 à 87, de 93 à 95 et de 2005 à 2006. Je pense qu'il a imprimé un style et que dans l'esprit de beaucoup de mauriciens, il est perçu comme homme d'opposition. Moi, j'ai eu la responsabilité d'être leader de l'opposition pendant quelques mois. Il était important por moi d'imprimer ma façon de faire, mon style et, surtout, ma priorité qui est d'être la voix des mauriciens. Je crois que, graduellement, mon équipe et moi sommes en train de faire un bon travail. Par exemple, sur le Sugar Industry Efficiency Bill, j'estime avoir bien défendu les intérêts des partenaires les plus vulnérables : les planteurs. Et je suis confiant qu'avec le temps, je peux faire encore mieux et jouer pleinement le rôle que le MSM s'octroie : celui de fer de lance de l'opposition.

Q : Vous présentez souvent votre leader comme PM de l'alternance. Or, le sondage nous apprend que, pour ce qui est des fonctions de Premier ministre, Pravind Jugnauth, avec 14.6% des suffrages, est loin derrière Navin Ramgoolam (28.1%) et Paul Bérenger (24.5%)….

R : J'émets beaucoup de réserves sur ce sondage.

Q : Compte tenu des chiffres du sondage, est-ce que le MSM ne part pas démuni à la table d'éventuelles négociations ?

R : Si, comme vous dites, nous sommes démunis, pourquoi est-ce que le MMM voulait renégocier avec nous et nous proposer à nouveau un partage du poste de PM ? Il faut juger la force réelle du MSM sur le terrain quand il y a aura un exercice populaire. L'année dernière, nous avons fait les meilleurs meetings. Celui de Rose-Belle était le meilleur meeting, à part les rassemblements du 1er mai. Nous sommes en train de faire un travail et sommes très confiants car il donne les résultats. Aujourd'hui, le MSM est devenu le parti le plus structuré et quand nous disons que nous voulons diriger le pays, c'est parce que nous avons l'ambition de le faire. C'est pour cette raison que, quand il y avait les nouvelles négociations avec le MMM, quand Paul Bérenger est venu à nouveau présenter la formule de 2005, c'est-à-dire avec un partage de pouvoir au poste de PM, nous avons dit non.

Q : Valeur du jour, quelles sont vos relations avec le MMM ?

R : Nous n'avons aucune relation avec le MMM. Mais j'ai toujours dit qu'il y a une synergie naturelle qui se dessine à chaque fois que le MSM et le MMM se retrouvent ensemble. Souvent, nous parlons d'une seule voix. Et nous avons toujours dit qu'il faut une unité des forces de l'opposition parce que, si le gouvernement arrive à maintenir la tête hors de l'eau, c'est pour deux raisons seulement : parce qu'il n'y a pas une échéance électorale et parce que l'opposition est divisée. Alors que dans le pays, la majorité des mauriciens est contre ce gouvernement, il n'y a pas cette unité de l'opposition pour faire bloc.

Q : Est-ce que vous avez le soutien de vos collègues MMM à l'assemblée nationale ?

R : Je dis que ce soutien est en dents de scie. J'étais, par exemple, surpris que le MMM ne se soit pas élevé contre le fait qu'une majorité de l'argent de l'Union européenne va à l'industrie sucrière et ce, pour faire partir les gens. Pour le MSM, les fonds de l'Union européenne ne peuvent être utilisés par le gouvernement pour faire partir 6000 personnes. Mais nous ne savons toujours pas quelle est la position du MMM sur la question.

Q : Comment réagissez-vous au retour de Vishnu Lutchmeenaraidoo au bercail MMM ?

R : Il a fait un choix politique. Nous lui souhaitons bonne chance. Il faut rappeler que quand il était ministre des Finances, Lutchmeenaraidoo avait appliqué la philosophie du MSM. Est-ce qu'il pourra l'appliquer au MMM ?

Q : Qui de Rama Sithanen ou de Vishnu Lutchmeenaraidoo est plus apte à piloter les finances du pays selon vous ?

R : Ce n'est pas une question d'homme, mais plutôt une d'équipe et de philosophie. Et il n'y a pas que ces deux hommes-là. Il y a Pravind Jugnauth qui était aussi ministre des Finances et qui est venu avec un certain nombre d'idées, que ce soit concernant la transformation de Maurice en une duty free island, une nouvelle fiscalité ou, encore, la question de la reforme de l'industrie sucrière. Il ne faut pas résumer les affaires économiques du pays à deux hommes. Est-ce que Vishnu Lutchmeenaraidoo aurait pu accomplir ses réalisations s'il n'y avait pas eu Sir Aneerood Jugnauth... et une majorité derrière lui quand il était ministre des Finances ? Il faut placer l'action de Vishnu Lutchmeenaraidoo dans le contexte des années 82-83-95. D'ailleurs, quand il est parti en 1990, le ministère des Finances fut assuré par Sir Aneerood Jugnauth.

Q : à trois ans des prochaines élections générales, quelles sont les options du MSM ?

R : Avant les options qui seront étudiées à l'approche du scrutin national, il y a les priorités. Quelles sont-elles ? Imprimer la philosophie du MSM pour dire à la population que nous avons un passé de réalisation, que c'est le MSM qui a amené le progrès. Ensuite, faire un bon travail au parlement en s'attaquant au gouvernement, qui, par ailleurs, va au devant d'énormes difficultés. Le pays va mal, très mal. Et on ne voit pas à horizon. Et le MSM fait son travail. Déjà, concernant le SIE Bill, il y aura des réunions à travers le pays. Nous avons commencé à Midlands (vendredi). Jeudi prochain, nous serons à Triolet et nous irons dans d'autres endroits.

Q : Il y a ceux qui voient déjà, avec l'arrivée de Vishnu Lutchmeenaraidoo, une alternative du MMM - malgré son profil sociologique - au poste de Premier ministre. Est-ce un scénario crédible selon vous ?

R : Pour sortir Maurice de là où elle est, il faut un leadership, une direction, une équipe, une vision et un commitment. Ce n'est pas le transfert d'un joueur qui fait qu'une équipe gagne un championnat.

Q : Certains estiment que l'arrivée de Lutchmeenaraidoo chez les mauves ferait obstruction à une alliance PTr-MMM (on verrait mal la cohabitation Lutchmeenaraidoo-Sithanen) et que, par conséquent, une alliance bleu-blanc-rouge est désormais envisageable. Partagez-vous cette réflexion ?

R : Plusieurs fois on a dit que nous étions à un doigt d'entrer au gouvernement. Pour ma part, j'ai toujours dit que j'ai une relation de civilité avec Ramgoolam, mais je ne lui ai jamais parlé politique. D'ailleurs, il n'a jamais été question d'alliance au MSM. Nous voulons diriger le pays et non faire partie d'un gouvernement. Nous voulons diriger le gouvernement. Nous devrons donc arriver à une force de frappe, au parlement et à l'extérieur, qui justifie que nous pouvons aspirer à cette ambition.

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