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La consommation d’alcool influence-t-elle la capacité érectile ?

Bonjour, je suis un homme de 57 ans, marié depuis 31 ans. Cela m’a pris du temps avant d’admettre que j’avais un problème d’alcool, mais aujourd’hui, je le reconnais. Ce problème s’est amplifié avec le temps et aujourd’hui, je vois les ravages que l’alcool a faits dans ma vie et surtout dans mes relations. Malgré quelques plus gros conflits conjugaux assez espacés dans le temps, ma conjointe a été très patiente et tolérante avec moi. Je sais que mon alcoolisme a porté atteinte à notre sexualité et elle ne s’en est jamais plainte. Par contre, je dois vous avouer que je l’ai souvent entendue pleurer certaines fois où j’ai été incapable de la pénétrer.

 

Quand j’y repense, je me trouve lâche. Je faisais semblant de ne pas l’entendre et, honteux, je m’enfuyais dans le sommeil, évitant d’affronter la situation. Pourquoi je vous écris aujourd’hui ? C’est parce que je souhaite affronter mes démons, reprendre ma vie en main et réparer le mal que j’ai fait aux personnes que j’aime. J’ai commencé à faire des recherches pour une démarche de désintoxication. Mais avant tout, j’ai besoin de savoir si mon incapacité à avoir des érections est liée à l’abus d’alcool et si je pourrai à nouveau avoir une sexualité normale en arrêtant de boire.

 

Réponse. Je vous trouve très courageux de vous livrer ainsi en toute authenticité et je vous félicite pour votre choix de vous libérer de l’emprise de l’alcool et de veiller à vous occuper de vos relations. Je vais dans un premier temps vous donner des informations générales en ce qui a trait à la consommation d’alcool et ses impacts sur la sexualité masculine. Vous y trouverez certainement quelques explications à ce que vous vivez. Dans un second temps, nous nous concentrerons sur votre préoccupation actuelle, à savoir si vous pouvez espérer recouvrer votre capacité érectile.

 

D’abord, à faible dose, la consommation d’alcool peut être vécue par un individu de manière bénéfique, car elle peut faciliter les rapprochements intimes. Puisqu’il diminue l’anxiété et réduit les inhibitions sociales, l’alcool peut aider les personnes plus timides et anxieuses à faire des approches de séduction qu’elles auraient, en temps normal, plus de mal à faire. Le risque dans tout ça, c’est que la personne en vienne à utiliser l’alcool comme béquille pour l’aider à entrer en relation avec les autres et ainsi développer un problème de dépendance. Le vrai problème de fond de manque de confiance en soi n’est alors pas travaillé par la personne et risque de lui rebondir en plein visage plus tard au cours de son existence.

 

À faible dose, la consommation d’alcool peut aussi intensifier l’activité fantasmatique et stimuler le désir. Les réactions sexuelles peuvent également être amplifiées et le fait que la personne soit moins anxieuse et donc plus réceptive, peut l’amener à se sentir plus ouverte à faire certaines expériences. Un des éléments négatifs, cependant, est que la personne en état de facultés affaiblies ne se soucie pas de se protéger et qu’elle s’abstienne d’utiliser un préservatif lors de ses rapports sexuels avec une nouvelle partenaire. Aussi, à faible dose, l’alcool peut amener un homme à ne pas être capable de maîtriser son éjaculation, comme il le ferait habituellement.

 

Pour ce qui est de l’abus d’alcool occasionnel, les impacts sur la sexualité sont plus importants et ciblent particulièrement la capacité érectile. En fait, plus le taux d’alcoolémie est élevé, plus la difficulté érectile est importante. L’abus d’alcool n’entraîne pas nécessairement une incapacité totale de l’érection. La tumescence du pénis sera plus lente à obtenir et une difficulté peut être vécue au niveau du maintien de l’érection. À fortes doses d’alcool, le buveur peut aussi constater une lenteur à obtenir l’orgasme, voire même un problème d’éjaculation retardée ou absente.

 

L’apparition de ces troubles sexuels peut être difficile à accepter et peut créer des inquiétudes ou de l’anxiété face à l’anticipation d’un nouvel échec. Et comme dans bien des cas de dysfonction sexuelle, la peur de l’échec à elle seule peut être assez puissante pour que le problème sexuel se répète une prochaine fois, jusqu’à devenir un cercle vicieux d’anxiété de performance. À ce moment-là, les troubles érectiles peuvent être à la fois occasionnés par l’abus d’alcool et l’anxiété de performance. Nous sommes donc en présence de deux causes minimum au problème.

 

Plusieurs facteurs peuvent s’ajouter et ainsi aggraver le problème sexuel. L’un des plus fréquents concerne le facteur relationnel, c’est-à-dire comment les deux partenaires réagissent à ce problème ou tout autre élément relatif à la vie conjugale pouvant interférer sur l’intimité du couple. Par contre, il est possible qu’un buveur occasionnel ait des troubles de l’érection seulement les soirs d’excès d’alcool et qu’il ne s’inquiète pas trop avec ça de sorte que tout revienne dans l’ordre… jusqu’à son prochain excès.

 

Quant aux hommes qui souffrent d’alcoolisme chronique, les troubles érectiles font partie des problèmes majeurs qui apparaissent. Les problèmes d’éjaculation retardée ou d’absence d’éjaculation sont très fréquents aussi. Le désir sexuel risque d’être affecté également, en raison des problèmes sexuels et des impacts psychologiques qui y sont associés. L’homme se trouvant atteint au niveau de sa masculinité et ressentant de l’anxiété plutôt que de la satisfaction sexuelle, risque de ne pas avoir beaucoup de libido. Quant à la capacité érectile, elle passe de difficultés partielles à incapacité totale.

 

L’alcoolémie élevée porte atteinte aux voies nerveuses du pénis et, par conséquent, entraîne une impuissance organique. L’alcool peut atteindre le foie et nuire à son fonctionnement en causant des anomalies des hormones et des hausses d’une substance sanguine appelée l’urée, ce qui active la dégénérescence des nerfs de l’érection. En affectant le système nerveux, l’alcoolisme chronique engendre des troubles érectiles organiques. Lorsqu’il y a aussi du tabagisme, cela peut s’ajouter aux facteurs qui causent le problème érectile, en provoquant une insuffisance vasculaire artérielle pénienne. Et comme je l’ai dit plus tôt, des causes psychologiques et relationnelles viennent souvent s’ajouter. Et puisque l’alcoolisme s’accompagne de conséquences telles que la dépression, l’anxiété, la phobie, etc., celles-ci sont également nuisibles à la réponse sexuelle. 

 

Comme vous pouvez le constater, il ne fait aucun doute que l’alcool a des effets très néfastes sur la santé et la sexualité. La semaine prochaine, nous verrons que vous pouvez garder espoir, malgré tout, de retrouver une vie sexuelle avec votre partenaire.