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Je n’ai pas d’orgasme (2e partie)

Tu as mentionné, dans ta lettre, que tu te sentais anormale de ne pas avoir d’orgasme. J’aimerais te dire que tu n’es pas si anormale que ça. En continuant d’ancrer dans ta tête cette perception de toi-même, cela t’y enfonce plus profondément. Voici quelques explications qui pourront t’aider à être moins dure envers toi-même.

 

Contrairement à l’homme qui expérimente en général son premier orgasme dans la facilité, la femme, elle, doit en faire l’apprentissage. La plupart des femmes découvrent l’orgasme au cours d’expériences de masturbation, avant de le connaître avec un partenaire. Pour d’autres, c’est le contraire et certaines femmes le découvrent plus facilement que d’autres. La femme doit apprendre quelles sortes de stimulations lui procurent le plus d’excitation sexuelle, comment utiliser son corps pour aller chercher les sensations et comment s’y abandonner jusqu’à l’orgasme.

 

Puisque le sexe de la femme est interne et moins accessible, les filles sont moins enclines à se toucher que les gars. En plus, les préjugés de la société à l’égard de la sexualité féminine et le caractère tabou de la masturbation féminine inhibent l’élan de bien des filles à se masturber. La fille est davantage confrontée que le garçon à devoir transgresser les interdits associés au sexe pour accéder à son plaisir. Autrement dit, une bonne fille n’est pas supposée trop aimer le sexe. Ce clivage entre la madone et la femme qualifiée de prostituée peut être très puissant et venir entraver la capacité d’une femme à s’abandonner jusqu’à l’orgasme. Les femmes qui ont une personnalité plus «contrôlante» peuvent aussi éprouver plus de mal à lâcher le contrôle à travers l’orgasme.

 

Une fois l’apprentissage de l’orgasme fait, les femmes sont davantage en mesure de le reproduire en présence de leur partenaire. Comme chaque femme a ses préférences et ses réactions sensorielles aux diverses formes de stimulation, il n’y a pas de recette miracle qui s’applique pour toutes les femmes. Même l’homme le plus expérimenté pourrait se retrouver dans une impasse avec une nouvelle partenaire. Il ne peut deviner ce qui excite le plus sa partenaire si celle-ci ne l’a pas découvert ou si elle ne lui exprime pas. Voilà pourquoi il est souvent nécessaire de guider son partenaire sur le chemin des caresses propices à l’obtention de l’orgasme.

 

Pour répondre maintenant à ta demande claire et précise d’essayer des trucs pour atteindre l’orgasme, tu auras à passer par des expériences d’autostimulation. Il n’y a pas vraiment d’autre chemin à prendre, d’autant plus que tu n’as pas de partenaire sexuel présentement. Et même si tu avais eu un partenaire, je t’aurais suggéré la même chose, car la présence du partenaire peut être une source de stress ou de distraction qui nuit aux apprentissages. Tu as dit que tu as déjà essayé d’atteindre l’orgasme toute seule, que tu n’avais pas aimé ça et que tu te sentais ridicule. Si tu décides de t’investir dans une quête de l’orgasme, tu dois en arriver à percevoir la masturbation différemment. Sinon, c’est certain que ça ne donnera aucun résultat et que tu auras l’impression de perdre ton temps. 

 

Dans un premier temps, tu dois faire le choix de t’accorder du temps de qualité pour toi-même. Tu dois te donner la permission de prendre un temps d’arrêt dans le seul but de penser à toi, à ton bien-être et à ton plaisir. Tu dois ressentir ce choix comme quelque chose de primordial qui te tient à cœur. Ces moments seront des rencontres avec toi-même. L’idéal serait que tu te fixes trois moments dans la semaine, qui sont réservés que pour toi et qui sont intouchables, comme n’importe quel autre rendez-vous important. Si cela ne cadre pas de manière réaliste avec ton emploi du temps, le minimum est que tu t’investisses une heure par semaine. Il est important que ces moments pour toi ne soient pas vécus comme des devoirs à faire ou des tâches. Ils ne doivent pas non plus être associés à une quelconque performance. Tu dois avoir envie de les vivre, ces moments-là !

 

Les premières fois, ne vise rien de sexuel. Laisse-toi le temps de t’adapter à prendre des temps d’arrêt pour toi. Mise sur des moments de détente et de relaxation avec de la musique, des chandelles qui sentent bon, un bain moussant, etc. Faire l’apprentissage de se mettre en état de détente est primordial pour vivre sa sexualité de manière épanouie. Il faut être capable de se déconnecter de tous les tracas quotidiens. Lorsque tu sentiras que tu es capable de te détendre pleinement, tu pourras intégrer à ces moments quelque chose de stimulant. Par exemple, cela peut être un film romantique avec un acteur que tu trouves particulièrement attirant. Cela peut être aussi un roman comportant des scènes sentimentales et sensuelles. Tu peux aussi lire un livre de nouvelles érotiques. Cela t’aidera à te sentir dans l’ambiance et stimulera ton intérêt à te toucher. Tu peux laisser libre cours à ton imagination et fantasmer des images ou des scénarios excitants pour toi. Ce contexte t’aidera à te sentir moins ridicule. Si, pendant que tu te caresses, l’idée te vient encore en tête que tu es ridicule, stop immédiatement cette pensée et ramène-toi immédiatement dans l’instant présent. Il faudra toujours te stopper ainsi quand tu prendras conscience que tu es trop dans ta tête.

 

Ne manquez pas ma chronique de la semaine prochaine, qui comportera plus de détails sur ces expériences d’autostimulation.