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Six cas en quatre mois : ces décès troublants en détention

«Baro pe aret lavi.» C’est le cri du coeur d’Erickson Mooneapillay, responsable de l’ONG Dis-Moi, après plusieurs morts suspects en détention ces derniers temps. L’avocat réclame une commission d’enquête sur ces décès dont le dernier est celui de Joselito Evenord à la prison de GRNO. Il y a eu aussi Mervin Munboth au poste de police de Vacoas, Michael Louise à la prison centrale, David Utcheegadoo au poste de police de Trou-d’Eau-Douce, Jean Alain Auguste à la prison de Melrose et Caël Permes à La Bastille. Les familles de ceux concernés, plongées dans la détresse et dans le flou, veulent aussi connaître la vérité sur les circonstances de ces drames qui leur semblent également louches. Témoignages. 

Joselito Evenord retrouvé pendu à la prison de GRNO

Alda Latour : «Zame mo frer pann pans pou swisid li avan»

 

Sa voix est cassée par l’émotion. La tristesse, l’incompréhension, imprègnent chacun de ses mots quand elle nous parle en cet après-midi du jeudi 28 mai. À ce moment-là, Alda Latour vient de rentrer du cimetière de Camp-de-Masque où ont eu lieu les funérailles de son frère Joselito Evenord. «Mo touzour pa krwar seki finn ariv mo frer», lance-t-elle amèrement. Cet aide-maçon de 43 ans se serait donné la mort alors qu’il était détenu à la prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest (GRNO). Il était en détention provisoire depuis le 28 novembre 2019.

 

Selon la police, Joselito Evenord  se serait pendu dans sa cellule avec un drap attaché à la barre métallique d’une fenêtre dans la soirée du 26 au 27 mai, aux alentours de minuit. C’est son codétenu qui aurait fait la macabre découverte à son réveil. Le médecin de la prison a constaté le décès peu après. Le Dr Monvoisin, qui a pratiqué l’autopsie par la suite, a attribué le décès à une asphyxie due à la pendaison. La police écarte la thèse de foul play mais plusieurs faits troublants intriguent les proches du défunt.

 

Alda se fait le porte-parole des siens : «Nou fami ankor dan sok. Li difisil pou krwar seki finn arive. Nou pe res analiz tou bann linformasion nou finn gagne. Mo frer ti pe swiv tretman psikiatrik lopital me zame li pann pans pou swisid li avan.»

 

Joselito Evenord, célibataire et habitant Cité Villemin, à Quartier-Militaire, était détenu à la prison de GRNO depuis novembre dernier pour une affaire de larceny made by two in numbers. «C’est un ami qui l’avait balancé. Mais il nous a affirmé qu’il était innocent dans cette affaire. Il nous avait également dit qu’il ne savait pas pourquoi son ami l’avait impliqué dans cette histoire de vol», se souvient Alda.

 

Joselito avait été arrêté par la CID de Quartier-Militaire. «Il était dans leurs locaux la dernière fois que je l’ai vu. On n’a plus eu de ses nouvelles depuis. On ne savait même pas où il était détenu», confie Alda. Après son arrestation, l’aide-maçon n’a pu retrouver la liberté conditionnelle, sa famille n’ayant pu réunir la somme de Rs 8 000 pour payer sa caution. «Nou pa ti ena sa kas-la dan sa moman-la. So sitiasion inn vinn pli komplike ek konfinnman.»

 

Après la découverte du corps sans vie de Joselito, l’administration pénitentiaire avait demandé à des membres de la famille de venir sur place. «Mo frer ek enn neve polisie ti al laba. Zot inn mem al ziska dan selil kot li sipoze inn met pandi. Ti deza ena la polis pe fer sentry. Lekor Joselito ti anba ek ti ena mark zis lor so likou. Mo neve inn demande si ena foto kot trouv li pandi. Bann gard-la inn dir li pena. Seki mari bizar ankor se ki sa lot misie ki ti dan selil ek li-la dir li pann tann nanye. Kan so somey inn kase, ki li finn trouv mo frer inn met pandi», confie Alda.

 

Le lundi 25 mai, Joselito Evenord avait comparu devant le tribunal de Moka pour son affaire de vol. «Enn ta dimounn ki nou kone ti trouv li sa zour-la. Zot dir nou ki li ti paret an bonn sante. Nou trouv sa mari drol linn met pandi so landemin. Kot sa gard ki sipoze fer round ek vey bann selil-la ti ete sa ler-la ? Li pann tann okenn tapaz ?» s’interroge Alda. Sa famille et elle comptent maintenant sur les conclusions de l’enquête policière pour être fixées une fois pour toutes sur les circonstances entourant le décès troublant de Joselito en détention.

 

Il se serait donné la mort en cellule policière : les proches de David Utcheegadoo intrigués par son décès

 

Sa famille est persuadée qu’il n’a pas commis le geste de désespoir qui a mis fin à sa vie. Mais elle ne sait pas non plus comment il a pu être retrouvé pendu dans sa cellule au poste de police de Trou-d’Eau-Douce, le 13 mai, deux jours après son arrestation. Les interrogations sont nombreuses et les réponses inexistantes pour le moment.

 

Les proches de David Utcheegadoo, un maçon de 28 ans, n’ont que la version de la police disant qu’un constable l’aurait retrouvé pendu dans sa cellule alors qu’il effectuait une visite de routine, vers 10h20. Il aurait utilisé son T-shirt à longues manches, accroché à la grille de la cellule, pour commettre l’irréparable. Le rapport d’autopsie indique que ce père de famille a succombé à une asphyxie due à la pendaison.

 

David Utcheegadoo avait été arrêté le 11 mai pour le vol de plusieurs provisions et d’un appareil électroménager à son domicile. C’est sa maman Jacqueline qui l’avait dénoncé à la police. Aujourd’hui, elle regrette amèrement l’avoir fait. «Monn denons li wi, me pa pou ki gagn so kadav apre de zour», avait d’ailleurs déclaré cette habitante de Poste-de-Flacq à TéléPlus, après le drame.

 

Sa famille et elle attendent la fin du confinement pour décider de la marche à suivre suite à ce décès en prison qui leur paraît suspect.

 

Annaëlle, la sœur de Jean Alain Auguste : «Nou touzour san repons lor lamor mo frer dan prizon»

 

Sa famille et elle sont dans le flou. Annaëlle ne sait pas si la police a donné suite à la déposition consignée par sa sœur Elodie il y a 15 jours concernant le décès de leur frère Jean Alain Auguste (photo). «Nous ankor touzour san repons lor lamor mo frer dan prizon. Mwa osi mo krwar ki mo frer pa ti ena okenn rezon pou swisid li. Bann gard prizon-la pankor mem telefonn nou ziska ler pou dir nou vinn pran so bann zafer Melrose», s’insurge la jeune femme, entre révolte et tristesse.

 

Jean Alain Auguste, un habitant de Bain-des-Dames, était détenu à Melrose après avoir été condamné à trois ans de prison dans une affaire de drogue. Il devait sortir de prison le 17 décembre 2021. Il est décédé le 29 avril, à quelques jours de ses 31 ans, qu’il allait fêter le 14 mai. Il se serait pendu alors qu’il se trouvait à l’hôpital de la prison. C’est du moins ce que l’administration de la prison a dit à Elodie, au téléphone, ce jour-là. Cependant, une fois le corps de Jean Alain en leur possession, ses proches ont remarqué qu’il avait des bleus et du sang séché au niveau du nez ainsi que des marques sur ses deux poignets.

 

Elodie Auguste a demandé des explications là-dessus à l’administration de la prison qui lui a appris que son frère avait fait une tentative de suicide auparavant et qu’on l’avait menotté pour l’empêcher de commettre l’irréparable, d’où les marques sur ses poignets. N’empêche, il serait par la suite arrivé à ses fins. Mais la famille n’a pas été convaincue pour autant.

 

C’est lorsqu’elle est tombée sur les photos de Caël Permes, tabassé à mort en prison quelques jours plus tard, qu’Elodie s’est décidée à aller porter plainte à la police concernant la mort de son frère et les doutes que sa famille entretient sur les circonstances de celle-ci. Tous attendent maintenant que la police fasse la lumière sur la mort de Jean Alain Auguste en prison.

 

Suicide allégué au centre de détention de Vacoas : des proches de Mervyn Munbodh s’interrogent

 

S’agit-il d’un acte de désespoir, comme l’a conclu l’enquête policière, ou d’un acte malveillant, comme l’estiment certains membres de l’entourage de ce jeune de 24 ans ? Son arrestation remonte au lundi 10 mars 2020 dans le cadre d’une affaire de vol, et le lendemain, il se serait donné la mort par pendaison au centre de détention de Vacoas.

 

Il n’aurait pas eu une vie facile. Mervyn Munbodh, un habitant de Cité La Caverne, Vacoas, travaillait dans un car wash et avait une situation familiale compliquée, indique l’une de ses amies. Le monde carcéral ne lui était pas inconnu car il avait déjà été arrêté dans le passé pour des larcins. «Il avait commencé à se droguer. Il croulait sous les dettes et m’avait déjà fait part de ses pensées suicidaires. Mais le connaissant, il ne serait jamais passé à l’acte», souligne notre interlocutrice. 

 

Le lundi 10 mars, il a à nouveau été appréhendé dans le cadre d’une affaire de vol de cigarettes. Il avait été traduit en cour de justice le lendemain mais faute d’argent, il n’a pas été en mesure de payer sa caution et a été reconduit au centre de détention de Vacoas. Un peu plus tard, le même jour, son corps a été retrouvé dans les toilettes. Il se serait donné la mort par pendaison en utilisant un pantalon. Une autopsie a attribué son décès à une asphyxie.

 

Toutefois, certains éléments intriguent son entourage. «Son arrestation a eu lieu devant plusieurs personnes. Tout le monde sait que ce jour-là, il portait un short. Comment la police peut-elle affirmer qu’il s’est suicidé en utilisant son pantalon ?» s’interroge son amie. D’ailleurs, les proches de Murvyn, poursuit-elle, ne pensent pas qu’il se serait donné la mort malgré ses pensées négatives. «Nous nous demandons tous s’il ne s’agit pas d’un acte malveillant. D’autant que nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles il aurait été tabassé.»

 

À l’heure où nous mettions sous presse, la famille Munbodh n’avait consigné aucune plainte en ce sens. «Un mois après son décès, sa mère a rendu l’âme. Puis, nous sommes entrés en confinement. Les proches ne sont donc pas allés de l’avant avec cette affaire jusqu’à présent. Lorsque la situation se sera stabilisée, ils prendront une décision.»
Elodie Dalloo

 

Prison de Beau-Bassin : Michael Louise mortellement agressé lors d’une mutinerie

 

Il serait l’un des détenus protestataires lors de la mutinerie et de la tentative d’évasion à la prison de Beau-Bassin le 19 mars. Il aurait été vu sur les images des caméras de surveillance aux côtés d’autres codétenus en train de donner des coups à la porte d’entrée pour tenter de prendre la fuite. Si la situation avait finalement pu être maîtrisée ce jour-là grâce à l’intervention de plusieurs unités policières, le détenu Michael Louise, 41 ans, de Batterie-Cassée, Roche-Bois, a connu un bien plus triste sort. Aux petites heures, le lendemain, son corps avait été retrouvé dans une cellule. Il portait des traces de blessures. Une autopsie a attribué son décès à un haemorrhage shock due to multiple injuries, confirmant la thèse de foul play. 

 

Le détenu Michael Louise, arrêté le 15 octobre 2019, était soupçonné d’avoir participé à un vol. Une semaine plus tard, il avait été conduit à la prison de Beau-Bassin pour son incarcération, le temps que l’enquête se poursuive. Mais en ces lieux, le quadragénaire n’avait pas beaucoup d’amis. D’ailleurs, c’est pour sa sécurité que les gardes-chiourmes avaient préféré le placer en isolement. Malheureusement, le jour de la mutinerie, il s’est retrouvé dans une position vulnérable. Les enquêteurs ont vite soupçonné qu’il avait été victime d’un règlement de comptes. L’interrogatoire d’autres détenus, identifiés grâce aux images des caméras de surveillance, a vite confirmé leurs soupçons. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre les meurtriers présumés. 

 

Rappelons que le 19 mars, les prisonniers s’étaient révoltés suite à une décision de la justice après l’annonce de trois cas de Covid-19 dans le pays.

 

Rama Valayden  : «Qui a signé l’ordre de transfert de Caël Permes ?»

 

Le rapport qu’il a soumis au président de la République et au Premier ministre sur le décès de Caël Permes en prison est un véritable pavé dans la mare. L’avocat Rama Valayden y met en lumière plusieurs faits troublants et pose des questions-clés : «Qui a signé l’ordre de transfert de Caël Permes ?» ; «Pourquoi l’Officer in Charge à la prison centrale ce jour-là, à savoir un assistant commissaire de prison qui possède une vaste expérience et qui est connu pour traiter les détenus avec dignité sans atteindre à leurs droits fondamentaux, n’a pas été informé du transfert de Caël Permes de la prison centrale à La Bastille ?» ; «Pourquoi s’est-on hâté de le transférer ?»

 

L’ancien Attorney General accuse carrément la hiérarchie de l’administration pénitentiaire d’avoir commandité l’assassinat de Caël Permes avec la complicité de plusieurs gardes-chiourmes. Le détenu de 29 ans a été retrouvé mort dans la special protection cell no 1, au bloc administratif de La Bastille, dans l’après-midi du 5 mai, quelques heures seulement après son transfert dans cet établissement pénitentiaire en provenance de la prison de Beau-Bassin. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un hemorrhagic shock following multiple injuries. L’habitant de Cité Sainte-Claire avait des ecchymoses sur plusieurs parties du corps ainsi qu’un poignet disloqué.

 

La police a procédé aux premières arrestations dans cette affaire trois jours plus tard. Les gardes-chiourmes Roopendra Ramkissoon, Yuvenesh Sacarah, Beerajsingh Jankee et Gowtam Ramtohul, tous membres de la Correction Emergency Respond Team (CERT), sont provisoirement accusés d’assassinat. Ils avaient escorté Caël Permes de Beau-Bassin à La Bastille. Ils ont été libérés sous caution le 22 mai. Cinq autres gardes-chiourmes ont été arrêtés quelques jours plus tard et ont retrouvé la liberté conditionnelle le mardi 26 mai. Manohar Totah et Philippe Dedans sont provisoirement accusés d’Unauthorised Modification of Computer Material et leurs collègues Vikram Gundoola, Patrick Ferré et Sanjay Peerthy de conspiracy.

 

Les détenus Christopher Perrine, William Hosany, Kusraj Lutcheegadoo et Vishal Shibchurn ont, eux, participé à une deuxième reconstitution des faits à La Bastille, le 26 mai, en présence de leur avocat Rama Valayden. Dans son rapport, l’homme de loi fait d’ailleurs mention des témoignages troublants de ses clients qui affirment avoir entendu des cris de douleur le soir du drame provenant de la cellule où était détenu Caël Permes. Rama Valayden souligne également que ce n’est pas la première fois que l’habitant de Cité Sainte-Claire se faisait tabasser à La Bastille. Il avait porté plainte en ce sens à la National Humain Rights Commission en 2017, en présence de son avocat Steven Sauhoboa.

 

L’ancien Attorney General se demande aussi si la MCIT est au courant que, lors d’un rallye à l’occasion des Jeux des îles de l’océan Indien, le 29 juillet 2019, à Terre-Rouge, il y a eu une violente altercation verbale entre Caël Permes et un Deputy Commissioner of Prison (DCP) très connu. À cet occasion, dit-il, ce dernier aurait lancé à l’habitant de Cité Sainte-Claire : «Mo pou gagn twa kan to vinn Beau-Bassin.» «Pourquoi ce haut gradé n’a-t-il pas porté plainte à la police plutôt ? Qu’a pu faire Caël Permes pour mériter un transfert à La Bastille ? A-t-il subi un examen médical avant ? Qui a sollicité la CERT pour l’escorter ?»

 

Dans son rapport, Rama Valayden révèle plusieurs faits troublants sur la manipulation des images de vidéosurveillance dont les instructions viendraient, allègue-t-il, du DCP en question, ainsi que sur une fausse panne d’électricité. L’avocat s’intéresse également aux vêtements que portait Caël Permes lorsqu’il a quitté Beau-Bassin et ceux qu’il avait sur lui après la découverte macabre.

 

Il dévoile, de plus, plusieurs carences dans l'enquête de la MCIT et recommande la fermeture immédiate de La Bastille ainsi que la démission du Commissaire des Prisons et du DCP. Il réclame aussi une enquête policière sur tous les décès suspects en prison.

 

Erickson Mooneapillay, responsable de Dis-Moi : «Nos prisons sont devenues des prisons de la mort»

 

Celui qui milite pour le respect des droits humains ne mâche pas ses mots après le décès de Joselito Evenord à la prison de GRNO. Erickson Mooneapillay, responsable de l’ONG Dis-Moi, est catégorique : «Notre ONG réitère sa demande pour la démission sans délai du commissaire des prisons qui a failli dans sa tâche de protéger la vie de plusieurs détenus. Nos prisons sont devenues des prisons de la mort et le commissaire des prisons est devenu un commissaire de la mort. Baro pe aret lavi.» Selon l’avocat, il est plus que jamais nécessaire de mettre sur pied un Select Committee pour enquêter sur les récents décès troublants en prison. «La répétition des souches ethniques des morts est grave. Le trend répétitif nous interpelle. Dis-Moi est conscient de ce danger. Notre ONG pense aussi que les autorités sont dépassées par les événements, d’où l’importance d’une commission d’enquête. On a également perdu beaucoup de crédibilité au niveau international et on va se faire taper sur les doigts par les Nations unies ; notre pays ayant ratifié la Convention contre la torture, le 9 décembre 1992.»

 

Le CP Vinod Appadoo reste injoignable

 

Sollicité à plusieurs reprises au téléphone pour une réaction sur les décès en prison depuis le début de l’année, le commissaire des prisons Vinod Appadoo joue aux abonnés absents. Son silence est diversement commenté, surtout que l’ONG Dis-Moi et l’avocat Rama Valayden réclament sa démission sans condition ainsi que celle de plusieurs hauts gradés de l’administration pénitentiaire, qui auraient failli dans leur tâche d’assurer la sécurité des détenus. Il y a quelques semaines, après la mort de Caël Permes en détention à La Bastille, le CP Appadoo nous avait déclaré que l’administration pénitentiaire collaborait avec la police dans cette affaire. Il nous avait également fait comprendre que l’habitant de Cité Sainte-Claire avait été transféré de la prison de Beau-Bassin à celle de Phoenix pour des raisons de sécurité. «Nou ti fer sa pou so sitiasion pa anpire», nous avait déclaré Vinod Appadoo. Mais depuis, c’est silence radio de sa part.

 

Jean Marie Gangaram et Elodie Dalloo