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Radha, victime de la folie meurtrière de son fils | Raaksha : «Je ne comprends pas comment mon frère a pu tuer notre mère»

L’agression de la quinquagénaire a eu lieu à son domicile, à Lallmatie.

Il ne voulait pas en arriver là, a-t-il confié aux enquêteurs. Pourtant, Rikesh Pusram, 30 ans, a bel et bien agressé mortellement sa mère Radha, 55 ans, alors qu’il était sous l’influence de l’alcool. Il a été arrêté le dimanche 9 décembre et est passé aux aveux. Sa sœur aînée, Raaksha, livre un bouleversant témoignage…

Mercredi 12 décembre, Lallmatie. L’ambiance n’est plus la même dans ce petit village de l’Est, d’habitude paisible. Les regards semblent à la fois inquiets, attristés et choqués. La raison : un  autre drame y est survenu quelques jours seulement après le meurtre de Madhuri Seetul, une jeune femme de 26 ans qui a été sauvagement tuée par son époux après une énième dispute conjugale, à la rue Tagore.

 

Le dimanche 9 décembre, Radha Pusram, 55 ans, a succombé à ses blessures aux soins intensifs de l’hôpital SSRN. Une autopsie, pratiquée par le médecin légiste Sheila Jankee-Parsad, a attribué son décès à une hémorragie intracrânienne provoquée par des coups qu’elle a reçus à la tête. Ceux-ci ont été donnés par son fils Rikesh, 30 ans. Ce dernier a été arrêté le même jour.

 

Le lundi 3 décembre, une dispute avait éclaté entre mère et fils à leur domicile, à la rue Sorhye, après une partie de beuverie. Et la situation a dégénéré, alors que tous deux s’entendaient plutôt bien, selon leur entourage.

 

Lorsque nous rencontrons Raaksha Nellatambee, la fille de la victime, à son domicile, à Allée Jacques, elle est partagée entre choc, tristesse et incompréhension. Il lui est encore difficile de réaliser le drame qui vient de se jouer au sein de sa famille. Une famille sans histoires. «Mon frère s’était toujours bien occupé de mes parents. Je savais qu’ils se disputaient occasionnellement mais je ne pensais pas que les choses auraient pu prendre une telle tournure.»

 

Selon la jeune femme de 32 ans, la maison familiale serait à l’origine de la dispute entre le suspect et la victime. «Cela fait plusieurs années que ma mère s’était portée garante pour un prêt bancaire contracté par des voisins afin d’acheter un lopin de terre. Et la maison familiale avait été offerte en garantie.» Toutefois, après le décès de l’un des leurs, lesdits voisins auraient cessé de rembourser l’emprunt contracté. «Lorsque ma mère a reçu une nouvelle correspondance de la banque de développement lui réclamant Rs 25 000 ce lundi, mon frère a appris qu’elle avait hypothéqué la maison. Et ils se sont disputés violemment.»

 

Suivant cet échange de coups, Radha Pusram ne se rend ni à l’hôpital, ni au poste de police, bien qu’elle souffre atrocement. Ce n’est que deux jours plus tard, en lui rendant visite, que sa fille Raaksha apprend ce qui s’est passé. «Je lui rendais régulièrement visite. Et ce jour-là, j’ai réalisé qu’elle n’était pas dans son état normal. Elle était allongée et ne quittait pas le lit. J’ai constaté qu’elle avait des ecchymoses sur le corps et le visage. Elle avait aussi un bras fracturé. Mais lorsque je l’ai questionnée, elle m’a d’abord répondu qu’elle avait fait une chute et mon frère a donné la même version.» Cependant, notre interlocutrice n’y croit pas : «Il est impossible pour quelqu’un de se blesser autant rien qu’en tombant.»

 

Querelles familiales

 

Alors, elle conduit sa mère à l’hôpital de Flacq le même jour et cette dernière y est aussitôt admise. Durant la matinée du jeudi 6 décembre, Raaksha Nellatambee apprend que sa mère ne se trouve plus à l’hôpital de Flacq mais a été transférée à l’Intensive Care Unit de l’hôpital du Nord, son état de santé s’étant aggravé. «Lorsque je lui ai rendu visite, ma mère ne me reconnaissait plus. Elle avait reçu des coups bien trop violents à la tête.» Et quelques jours plus tard, elle pousse son dernier souffle.

 

Arrêté par la brigade criminelle de Flacq, Rikesh Pusram passe aux aveux. Il a soutenu avoir toujours entretenu de bonnes relations avec sa mère. Toutefois, il dit être entré dans une colère noire en apprenant que la maison avait été hypothéquée. Sous l’influence de l’alcool au moment des faits, il n’aurait pas mesuré ses actions et aurait agressé sa mère avant d’aller se coucher. Cependant, il soutient avoir tenté de convaincre sa mère de se rendre à l’hôpital le lendemain des faits mais cette dernière, a-t-il déclaré, aurait refusé. Avant d’ajouter qu’il regrette son geste. Une charge provisoire de meurtre a été logée contre lui.

 

Quant à Raj Pusram, l’époux de la victime, pris en charge par sa fille, il ne semble pas mesurer l’ampleur du drame qui a frappé sa famille. Pourtant, celui-ci, âgé de 62 ans, a été témoin des faits. Mais il souffre de la maladie d’Alzheimer depuis un an et demi, et n’a pas été en mesure de témoigner de l’agression dont a été victime celle qui avait arrêté de travailler afin de s’occuper de lui. Une femme de nature calme et timide, qui ne sortait quasiment jamais de chez elle, selon son entourage.

 

D’ailleurs, aux dires de Devanand, un voisin, tous les membres de la famille Pusram étaient de nature discrète. «Nous nous saluions et cela s’arrêtait là.» Mais notre interlocuteur dit être au courant des querelles familiales des Pusram. «Garson-la ti pe bat so mama avek so papa kan li bwar. Li ena enn problem avek lalkol.»

 

Le lundi 3 décembre, dit-il, «j’ai entendu cette pauvre femme hurler. Mais je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose s’était produite. Je pensais qu’il s’agissait de leurs disputes habituelles et je n’ai pas voulu m’en mêler. Lorsque j’ai appris ce qui s’était passé, cela m’a bouleversé. Comment un enfant peut-il faire tant de mal à sa propre mère ?»

 

Cette question est sur les lèvres de tous les habitants du petit village de Lallmatie. Un village d’habitude si paisible…

 

Elodie Dalloo

 


 

Ces parricides qui suscitent l’incompréhension

 

Des cas de mère et de père tués par leur enfant, il y en a eu cette année. Le dimanche 21 janvier, à Grande-Rivière-Sud-Est, Rony Ramchurn, 26 ans, a tué son père. Quatre jours plus tard, il est passé aux aveux et a expliqué avoir commis l’irréparable parce qu’il soupçonnait son père d’infidélité.

 

Deux mois plus tard, soit le 27 mars, Irshaad Peerally, 33 ans, tue sa mère Bibi Ferozia, 60 ans, de plusieurs coups de couteau. Les faits se déroulent à leur domicile, à Highlands, Phoenix. La victime aurait été poignardée par son fils en tentant de l’empêcher de se donner la mort. Quant à Randhirsingh Choytun, il a ôté la vie à sa mère de 92 ans le 5 septembre, dans leur modeste demeure à Cité Nicolière, Saint-Pierre. 

 

Toutes ces agressions mortelles interpellent. Comment des enfants peuvent-ils être amenés à tuer leurs parents ? Selon le psychologue clinicien Nicolas Soopramanien, également président de la Société des Professionnels en Psychologie de Maurice, «nous ne pouvons pas généraliser la psychologie d’une personne car chaque cas est isolé. Nous devons brasser plus large pour connaître le motif qui pousse une personne à commettre un tel acte».

 

Il faut également remonter dans le passé de l’enfant, ajoute-t-il, pour savoir s’il était battu, n’a pas eu de lien affectif avec ses parents, s’il y a eu des manquements au niveau de son développement, entre autres. «Tout ceci engendre des frustrations chez l’individu mais qu’il soit clair que ce n’est pas forcément cela qui le pousse à commettre l’irréparable. Car il faut aussi prendre en considération d’autres facteurs externes qui influent aux moments des faits», souligne notre interlocuteur. «L’individu peut être sous l’influence de l’alcool, de la drogue, d’une colère noire, entre autres.»

 

Valérie Dorasawmy